François Ruffin, un trublion qui s'assume désormais «en première ligne»

François Ruffin, député de La France Insoumise (LFI) et membre de la coalition de gauche NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale), prend la parole lors d'une séance consacrée aux propositions de loi du groupe parlementaire d'extrême droite Rassemblement National (RN) à l'Assemblée nationale française à Paris, le 12 janvier 2023. (AFP).
François Ruffin, député de La France Insoumise (LFI) et membre de la coalition de gauche NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale), prend la parole lors d'une séance consacrée aux propositions de loi du groupe parlementaire d'extrême droite Rassemblement National (RN) à l'Assemblée nationale française à Paris, le 12 janvier 2023. (AFP).
Short Url
Publié le Samedi 14 janvier 2023

François Ruffin, un trublion qui s'assume désormais «en première ligne»

  • Depuis le début de son second mandat de député de la Somme, François Ruffin a musclé son jeu, notamment dans les médias où il intervient au moins une fois par semaine pour livrer ses idées sur le lien à retisser entre gauche et classes populaires
  • «Quand je n'en fais que tous les trois mois, c'est comme remonter sur le ring, c'est dur», confie-t-il

AMIENS : Il veut peser sur la ligne de La France insoumise et lance toutes ses forces dans la bataille contre la réforme des retraites: le député François Ruffin, sans se prononcer pour 2027, assume désormais vouloir "être en première ligne", fort de ses soutiens et réseaux.

"Hé, c'est plutôt bon", sourit François Ruffin. Il vient de tracter sur la réforme des retraites, dans le ballet des voitures des ouvriers entrant et sortant de l'usine Good Year d'Amiens.

"Je m'attendais à plus de résignation... Là j'ai l'impression que ça va bouger", jeudi prochain lors de la journée de mobilisation contre la réforme.

Car pour l'électron libre, le potentiel mouvement social qui permet des victoires politiques, "c'est maintenant". "Si ce n'est pas sur les retraites qu'on fait sortir les gens de la résignation, ça va être dur" sur autre chose, relève à l'AFP François Ruffin.

Il vient d'affirmer son statut de leader contre le projet du gouvernement de report de l'âge de départ à 64 ans en organisant le premier meeting de la gauche unie, mardi à Paris, avant celui de la Nupes prévu le 17 janvier.

Depuis le début de son second mandat de député de la Somme, François Ruffin a musclé son jeu, notamment dans les médias où il intervient au moins une fois par semaine pour livrer ses idées sur le lien à retisser entre gauche et classes populaires.

"Quand je n'en fais que tous les trois mois, c'est comme remonter sur le ring, c'est dur", confie-t-il. "Et puis, j'ai envie d'être en première ligne. C'est pas une compétition olympique pour le podium, je pense que ma voix peut apporter".

Ruffinisme

François Ruffin a d'ailleurs proposé de faire partie de la direction de LFI, avant d'être prié de se contenter d'une participation à un conseil politique aux contours flous par Manuel Bompard, le taulier du mouvement et proche de Jean-Luc Mélenchon.

"Aucune aigreur", "je ne vais pas revenir à la charge", prévient-il. "Il faut plus de démocratie à LFI mais ce n'est pas ma bataille, je passe à autre chose".

Cela ne l'a pas coupé de Jean-Luc Mélenchon, avec qui il continue à discuter de théorie et d'histoire politique régulièrement.

Certains lui prêtent des ambitions: "la présidentielle de 2027, ça me paraît évident", glisse un dirigeant insoumis. Qui rappelle que l'intéressé a créé son association de financement, "A la fin c'est nous qu'on va gagner", l'un de ses slogans préférés.

Mais "celui qui pense qu'il peut prendre tout le monde de court depuis l'extérieur se trompe", ajoute cet Insoumis.

Pourtant, François Ruffin ne dépend pas de LFI. Il est apprécié au PS et au PCF. Structurellement, il marche sur deux jambes.

D'abord son journal militant Fakir, créé en 1999. Un organe de choix pour diffuser des idées et recruter des soutiens. C'est ainsi que Christophe Bex, aujourd'hui député LFI de la Haute-Garonne, l'a connu.

S'étant inspiré de ses méthodes de campagne, il est la preuve que le "ruffinisme" commence à creuser son sillon: "Ce que j'ai retenu chez Ruffin, c'est le côté militant mais pas chiant" avec ses campagnes festives.

Un réseau de "préfets fakiriens", un par département, se charge d'organiser la distribution mais aussi des cafés militants.

«Fausse piste»

L'autre jambe, c'est Picardie Debout, son parti très tourné vers l'action et le terrain, qui a fait le lien localement à gauche pour faire élire le député en 2017. "J'ai fait la Nupes avant l'heure", s'enorgueillit le député.

Pour son ancien collaborateur Paul Bernardet, "c'est une fausse piste d'analyser François Ruffin sous le prisme de l'ambition", "il bosse toute la journée pour porter des combats de fond".

"Il pourrait être un très bon candidat, il a une forte capacité d'entraînement, il est bon en campagne", ajoute Paul Bernardet.

Selon Christophe Bex, a minima, François Ruffin "a envie d'avancer, c'est comme le vélo, si on s'arrête on tombe. (...) Il a été réélu député, c'est une étape, mais il a toujours besoin d'une nouvelle étape".

Si le député de la Somme dit se satisfaire encore de "rester en retrait sur certains sujets" qu'il maîtrise mal, il assure qu'il ira au front sur un thème piégeux à gauche, l'immigration, lorsque le projet de loi arrivera au Parlement au printemps.


Sophie Binet (CGT) a déclaré que le travail le 1er mai était « hors de question »

La secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT) Sophie Binet assiste à une manifestation de travailleurs du groupe de distribution français Auchan près de l'Assemblée nationale à Paris, le 22 janvier 2025. (Photo Sebastien DUPUY / AFP)
La secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT) Sophie Binet assiste à une manifestation de travailleurs du groupe de distribution français Auchan près de l'Assemblée nationale à Paris, le 22 janvier 2025. (Photo Sebastien DUPUY / AFP)
Short Url
  • Sophie Binet, la leader de la CGT, s'est dite opposée au travail le 1(er) mai, en réaction à une proposition de loi visant à autoriser les établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche à le faire également le 1(er) mai
  • « C'est une conquête sociale et nous sommes là pour la préserver », a-t-elle insisté, faisant référence à la journée de mobilisation du 1er mai.

PARIS : Sophie Binet, la leader de la CGT, s'est dite opposée au travail le 1(er) mai, en réaction à une proposition de loi visant à autoriser les établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche à le faire également le 1(er) mai, notamment les boulangers et les fleuristes.

« Pas question. Il y a 364 autres jours pour ouvrir », a-t-elle réagi sur LCI. « C'est une conquête sociale et nous sommes là pour la préserver », a-t-elle insisté, faisant référence à la journée de mobilisation du 1er mai.

Une proposition de loi de sénateurs centristes, soutenue par le gouvernement, a été déposée afin que les salariés des établissements et services « dont le fonctionnement ou l'ouverture est rendu nécessaire par les contraintes de la production, de l'activité ou les besoins du public » puissent travailler le 1(er) mai. 

Cette initiative vise à répondre à la polémique de ces derniers jours concernant les boulangers, dont certains avaient subi des contrôles inopinés de l'inspection du Travail le jour de la Pentecôte l'an passé.

« Je rappelle que le 1er mai, les patrons peuvent travailler s'ils le souhaitent, mais pour les travailleurs et les travailleuses, c'est férié, chômé, et c'est un acquis de la lutte », a souligné Mme Binet.

La représentante syndicale a réfuté l'argument selon lequel les salariés seraient volontaires : « C'était exactement ce qu'on nous disait le dimanche en nous disant que, de toute manière, le dimanche était payé double, donc il fallait laisser les salariés qui le souhaitent travailler le dimanche ». 

« Le résultat, c'est qu'on a complètement libéralisé le travail du dimanche. Il y a de plus en plus d'entreprises qui appliquent des majorations de 10 % ou qui n'accordent aucune majoration du tout, et qui n'ont même pas l'air de vouloir recourir au volontariat », a-t-elle défendu.

À l'inverse, le député RN Julien Odoul a déclaré qu'il fallait « bien évidemment changer la loi parce qu'aujourd'hui on a besoin de libérer le travail, d'inciter les gens à travailler ».

« Le 1er mai, c’est la fête du travail, pas la fête de l'oisiveté ou de l'assistanat. La CGT veut nous renvoyer au XIX^e siècle, c'est une autre histoire », a-t-il souligné.


Le gouvernement français promet de procéder à un grand « ménage » au sein des agences de l'État

La ministre française en charge des comptes publics, Amélie de Montchalin, s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics, Amélie de Montchalin, s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • « L'État (...) va faire du ménage dans notre organisation, parce que les Français le demandent », a-t-elle avancé.
  • « Aujourd'hui, on compte 180 000 personnes qui travaillent dans les agences et les opérateurs, plus que de gendarmes dans le pays », a-t-elle rappelé.

PARIS : La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé dimanche que « d'ici la fin de l'année », « un tiers des agences et des opérateurs » de l'État « qui ne sont pas des universités » allaient être « fusionnés ou supprimés ».

« C'est 2 à 3 milliards d'euros d'économies à la clé », a-t-elle indiqué sur CNews/Europe 1, précisant notamment que cela impliquerait « moins d'emplois publics ».

« L'État (...) va faire du ménage dans notre organisation, parce que les Français le demandent », a-t-elle avancé.

« Aujourd'hui, on compte 180 000 personnes qui travaillent dans les agences et les opérateurs, plus que de gendarmes dans le pays », a-t-elle rappelé.

« Ces 180 000 personnes ont toutes un métier, une mission. Notre rôle est de considérer que les choses ne sont pas immuables », a-t-elle ajouté.

La ministre des Comptes publics n'a pas spécifié quelles agences et opérateurs allaient être fusionnés ou supprimés, si ce n'est que ces fusions et suppressions n'incluaient pas les universités. 

En début d'année, plusieurs agences étaient dans le collimateur du gouvernement et de la droite, notamment l'Agence bio, menacée un temps de disparition après le vote, mi-janvier au Sénat, d'un amendement auquel la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, ne s'était pas opposée.

Interrogée sur la façon dont les suppressions d'emplois publics pourraient se faire, Amélie de Montchalin a répondu : « Vous avez des gens qui partent à la retraite, vous avez des gens que vous pouvez mettre ensemble, on a plein de moyens sans faire dans la casse sociale. »

« Je serai auditionnée mi-mai par une commission du Sénat, je ferai des annonces à ce moment-là », a ajouté Amélie de Montchalin.

En 2024, le déficit public s'est creusé pour atteindre 5,8 % du produit intérieur brut (PIB). Le gouvernement espère le ramener à 5,4 % cette année, au prix d'un effort budgétaire d'une cinquantaine de milliards d'euros, renforcé récemment par 5 milliards supplémentaires.

Il entend ensuite le réduire à 4,6 % en 2026 grâce à un nouvel effort chiffré à 40 milliards d'euros. 


Le gouvernement annule 3 milliards d'euros de crédits dans le cadre de l'effort budgétaire

La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.
  • « Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

PARIS : Le gouvernement a acté dans le Journal officiel des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards, dans le cadre de l'effort supplémentaire de 5 milliards d'euros déjà annoncé par Bercy début avril.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.

« Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

Une partie de cette somme a été concrétisée par le décret publié au Journal officiel.

« Afin de prévenir une détérioration de l'équilibre budgétaire sur le budget de l'État », selon le Journal officiel, « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros en autorisations d'engagement ». 

« Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d'année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d'exécution des politiques publiques, selon les termes de la loi de finances initiale pour 2025 ».

Parmi les annulations de crédits, sont concernées la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d'euros), la mission « économie » (517,7 millions d'euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d'euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d'euros).

« La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision à la baisse de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret.

« Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s'est engagé », ajoute le décret.