PEKIN: Une compagnie chinoise a de nouveau fait voler vendredi le Boeing 737 MAX en Chine, une première depuis mars 2019, quand l'appareil avait été banni dans le pays après deux accidents aériens.
L'appareil de China Southern Airlines - première compagnie en Asie par l'importance de sa flotte - a décollé à la mi-journée de la ville de Canton (sud) vers celle de Zhengzhou (centre), d'après les informations données par le site de suivi de vols FlightRadar24.
Un deuxième vol a ensuite été effectué, avec le même modèle, en début d'après-midi de Canton à Wuhan (centre).
Ni la compagnie ni le régulateur de l'aviation civile chinoise n'étaient joignables dans l'immédiat, tandis que Boeing en Chine, contacté par l'AFP, n'a pas souhaité faire de commentaires, renvoyant vers la compagnie aérienne.
La Chine avait été le tout premier pays au monde à ordonner en mars 2019 à ses transporteurs de suspendre les vols de Boeing 737 MAX pour des raisons de sécurité, après deux accidents en quelques mois ayant fait 346 morts.
La veille de l'interdiction, un appareil de ce modèle exploité par la compagnie Ethiopian Airlines s'était écrasé peu après son décollage d'Addis Abeba.
La catastrophe, qui avait fait 157 morts, était survenue un peu plus de cinq mois après l'accident d'un autre 737 MAX en Indonésie, où 189 personnes avaient péri.
Vol de Mongolie en octobre
Après 20 mois d'immobilisation au sol, l'appareil avait été autorisé à voler de nouveau aux Etats-Unis.
Puis il l'avait été aussi dans la plupart des régions du monde, après des modifications du logiciel de commandes de vol à l'origine des deux accidents et une nouvelle formation des pilotes notamment.
La Chine avait quant à elle maintenu son interdiction.
En décembre 2021, le régulateur chinois avait officiellement jugé que l'appareil était apte à revoler, prédisant alors qu'il ferait son retour dans le ciel chinois d'ici à "la fin de l'année (2021) ou début (2022)".
L'annonce avait suscité l'espoir chez Boeing après deux ans de déboires pour son avion star, mais les délais ont finalement été plus longs que prévu.
Cette interdiction de vol dans l'espace aérien chinois touchait la majeure partie des compagnies de la zone Asie-Pacifique, portant ainsi un grand préjudice au constructeur américain.
En octobre 2022, toutefois, un vol de la compagnie nationale de Mongolie, Mongolian Airlines, avec cet appareil, avait pu atterrir puis repartir de Canton, une liaison depuis devenue régulière.
Le C919, concurrent chinois
Le patron de Boeing, Dave Calhoun, s'était montré pessimiste fin octobre quant à la reprise des livraisons du Boeing 737 MAX, estimant que la situation géopolitique ne permettait pas d'envisager une amélioration de la situation dans l'immédiat.
Les tensions commerciales persistantes entre les Etats-Unis et la Chine auraient ralenti les progrès sur ce dossier.
Le dirigeant avait également relevé que "les restrictions liées au Covid et la politique de la Chine ont réduit la demande d'avions en général".
La Chine a appliqué pendant près de trois ans une stricte politique dite "zéro Covid", s'isolant du reste du monde et réduisant très fortement le trafic aérien au départ et à l'arrivée du pays.
Des restrictions sanitaires qui ont été soudainement levées début décembre, tandis que la quarantaine à l'arrivée de l'étranger a été supprimée début janvier.
Cette reprise des vols domestiques avec le Boeing 737 MAX survient un mois après la livraison par la Chine de son nouvel avion de ligne, le C919, concurrent de l'A320 d'Airbus et qui devrait effectuer son vol commercial inaugural début 2023.
Premier moyen-courrier conçu par la Chine, même si la plupart de ses pièces importantes viennent de l'étranger, l'appareil biréacteur du constructeur d'Etat Comac est également destiné à concurrencer le 737 MAX.
Selon les médias chinois, quatre avions devaient être livrés avant fin 2022 à China Eastern, deuxième transporteur national en termes de nombre de passagers, avant une entrée en service prévue au premier trimestre de cette année.