BERLIN : Longtemps rétive à examiner son passé, l'Allemagne commémore vendredi le 75e anniversaire de l'ouverture du procès de Nuremberg, acte de naissance de la justice internationale au cours duquel ont été jugés 21 dignitaires nazis.
Pandémie oblige, cette cérémonie se tiendra sans public dans la salle d'audience 600 du tribunal, là même où ont été jugés à partir du 20 novembre 1945 Hermann Göring, ancien numéro 2 du régime, Joachim von Ribbentrop ou encore Rudolf Hess, ancien adjoint d'Adolf Hitler.
Le président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier, autorité morale très respectée en Allemagne, y prononcera un discours en début de soirée, dans un contexte marqué en Allemagne par une montée de l'extrême droite et de l'antisémitisme.
Cette cérémonie marque le point de départ de plusieurs évènements organisés, le plus souvent en ligne, à l'occasion de ce 75e anniversaire, dont la prise de parole le 26 novembre d'artistes sur la signification de ce procès ou la tenue de tables rondes d'historiens.
Sur le banc des accusés, se tenaient il y a soixante-quinze ans les plus hauts responsables nazis encore vivants après les suicides d'Hitler, de Joseph Goebbels et de Heinrich Himmler.
Ville bavaroise en grande partie détruite par les bombardements, Nuremberg, située en zone d'occupation américaine, était un des symboles du nazisme où Hitler tenait de grands rassemblements et où ont été promulguées en 1935 les lois anti-juives.
Ce procès, ouvert six mois à peine après la fin des hostilités et qui a duré près d'un an, a marqué l'acte de naissance de la justice internationale, prolongée des décennies plus tard par la création de tribunaux pour juger des génocidaires rwandais ou des acteurs de la guerre en ex-Yougoslavie, puis par la mise en place de la Cour pénale internationale.
Les accusés, plaidant "non coupable", devaient répondre de complot, crimes de guerre, crimes contre la paix et, pour la première fois de l'histoire, de crimes contre l'humanité.
La projection d'un film tourné par les Alliés et les témoignages de survivants des camps nazis révèlent au monde l'ampleur des crimes du IIIe Reich.
Le verdict tombe le 1er octobre 1946, douze condamnations à mort sont prononcées.
Inédit dans sa forme, Nuremberg n'est pas exempt de zones d'ombres, comme le massacre de Katyn que l'accusation soviétique essaye en vain d'imputer aux nazis.
Nuremberg sera le lieu de douze autres procès de responsables nazis (médecins, ministres, militaires...), même s'il a fallu l'obstination d'une nouvelle génération de procureurs dans les années 60 pour engager de nouvelles poursuites.