CASABLANCA: Au Maroc, outre l’exploit sportif des Lions de l’Atlas, 2022 a été l'année de la sécurité sociale. Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a annoncé ce mardi devant la Chambre des conseillers que le nombre d'assurés affiliés à la Caisse nationale de sécurité sociale avait bondi de 7,8 millions à plus de 23,2 millions en un an.
Cette augmentation est principalement due à l'affiliation de 3,68 millions de travailleurs non salariés et de leur famille, ainsi que de 9,4 millions de bénéficiaires de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) Tadamon.
Volonté royale
Suite à la première vague de la pandémie de Covid-19, cette réforme structurelle visant à généraliser la couverture sociale au Maroc a été annoncée en juillet 2020 par le roi Mohammed VI.
Le souverain avait dressé, lors du discours prononcé à la même date, un constat sévère sur les insuffisances du système de protection sociale marocain. Le constat appelant à l’action, il a insisté sur la nécessité de généraliser la couverture sociale au profit de tous les Marocains.
Réforme de la CNSS
Les transitions de grande ampleur, bousculant des habitudes bien ancrées, se font parfois dans la douleur. La CNSS n'a pas seulement ouvert ses portes à de nouveaux assurés, elle s'est également modernisée pour les accueillir en changeant de direction et accélérant le processus de digitalisation des prestations sociales.
En effet, les ressources humaines de la CNSS ont été renforcées par 1400 recrutements au cours de la dernière année. Un centre de traitement des dossiers de travailleurs non salariés a également été créé, et des partenariats ont été noués avec des institutions présentes au niveaux des différentes localités pour assurer l'identification et la transmission des données personnelles des travailleurs non salariés à la CNSS.
Selon Aziz Akhannouc, 47 nouvelles agences de proximité, 45 agences mobiles, 8 000 centres de communication pour enregistrer les nouveaux travailleurs non salariés, et 2 000 points de contact pour recevoir les dossiers des assurés ont également été créés pour faciliter l'accès aux services de la CNSS.
Qualité des soins
L’État a pareillement été mis à contribution. L’exécutif a, en effet, augmenté progressivement le budget de la santé. Il s'élevait à 23 milliards de dirhams, soit 2 milliards d’euros, en 2022, en augmentation de 3 milliards de dirhams par rapport à 2021. Ce budget a encore été renforcé à 28 milliards de dirhams en 2023 pour garantir un meilleur accès aux soins pour tous les assurés.
Cependant, rien ne garantit à tous les nouveaux assurés un accès à des soins de qualité.
Encore faut-il mettre en place des systèmes efficaces de paiement des prestations sur l’ensemble du territoire national et garantir la disponibilité de professionnels de santé qualifiés et de centres de soins adéquats dans toutes les régions du pays lorsque la situation actuelle témoigne d’une concentration des spécialités médicales au niveau trois agglomérations: Casablanca, Rabat et Fès.
Impact sur le marché de la santé privée
La généralisation de la protection sociale est, par ailleurs, une aubaine pour le secteur privé. L'appel d'air créé par la couverture universelle aiguise l'appétit des cliniques, déjà bien implantées dans les grandes villes du pays. Ainsi, cette réforme de la couverture sociale au Maroc s’est accompagnée par la première entrée en bourse du groupe privé de santé. Le groupe Akdital a reçu en novembre dernier le feu vert pour une introduction à la Bourse de Casablanca afin qu’elle puisse lever les fond et «couvrir l’ensemble du territoire, doubler sa capacité litière et créer plus de 4 000 emplois d’ici à 2023» selon le PDG du groupe Rochdi Talib, interrogé par Arab News en français.