Face à Erdogan, la course d'obstacles de l'opposition turque

Les succès d'Erdogan, au pouvoir depuis 2003 comme Premier ministre puis comme président, reposaient jusqu'ici sur sa capacité à rassembler suffisamment large parmi les électeurs - qu'ils se revendiquent laïques ou religieux, Turcs ou Kurdes, nationalistes ou libéraux (Photo, AFP).
Les succès d'Erdogan, au pouvoir depuis 2003 comme Premier ministre puis comme président, reposaient jusqu'ici sur sa capacité à rassembler suffisamment large parmi les électeurs - qu'ils se revendiquent laïques ou religieux, Turcs ou Kurdes, nationalistes ou libéraux (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 05 janvier 2023

Face à Erdogan, la course d'obstacles de l'opposition turque

  • La colère née de la répression consécutive au coup d'État raté de 2016, et la crise économique qui a suivi, ont brisé son l'élan
  • En 2019, l'opposition, en joignant ses forces, a repris les mairies d'Ankara et d'Istanbul, mettant fin au mythe de l'invincibilité du parti présidentiel

ISTANBUL: Le moment semble parfait, tant le président Recep Tayyip Erdogan peine à se défaire d'une inflation assommante et d'une popularité en berne. Mais pour l'opposition turque, la course vers la présidentielle de juin prochain est plus que jamais semée d'embûches.

"L'opposition semble très désorganisée. Quel est leur programme ?", s'interroge sous couvert d'anonymat un diplomate occidental au sujet de la "Table des Six", nom donné à l'alliance de six partis d'opposition décidés à faire barrage au chef de l'Etat.

Kemal Kirisci, du think tank américain Brookings Institution, s'étonne de voir une opposition aussi "abstraite et distante des électeurs, surtout dans un pays où les médias sont fortement contrôlés par le gouvernement et ne permettent pas un débat ouvert".

Les succès d'Erdogan, au pouvoir depuis 2003 comme Premier ministre puis comme président, reposaient jusqu'ici sur sa capacité à rassembler suffisamment large parmi les électeurs - qu'ils se revendiquent laïques ou religieux, Turcs ou Kurdes, nationalistes ou libéraux.

L'économie, en plein essor lors de sa première décennie à la tête du pays, a aidé.

Mais la colère née de la répression consécutive au coup d'État raté de 2016, et la crise économique qui a suivi, ont brisé son l'élan.

En 2019, l'opposition, en joignant ses forces, a repris les mairies d'Ankara et d'Istanbul, mettant fin au mythe de l'invincibilité du parti présidentiel, l'AKP.

Batailles judiciaires

Une nouvelle victoire est-elle possible au printemps ? Le destin chahuté du populaire maire d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, un des opposants les plus médiatiques à Erdogan, illustre les obstacles de taille rencontrés par l'opposition.

Mi-décembre, un tribunal l'a condamné à plus de deux ans et demi de prison et à une interdiction de politique pour avoir qualifié d'"idiots" ceux qui avaient invalidé son élection à la mairie d'Istanbul au printemps 2019, en réponse à pareille insulte à son égard de la bouche du ministre de l'Intérieur.

L'édile, finalement investi à l'été 2019 à l'issue d'un second scrutin, peut pour l'heure conserver son poste, l'appel déposé par ses avocats étant suspensif.

Mais une enquête distincte pour des accusations de "terrorisme" contre la municipalité d'Istanbul pèse également sur lui.

Ces deux affaires rendent une candidature de M. Imamoglu extrêmement risquée pour l'opposition, malgré les sondages qui le donnent vainqueur d'un second tour face au président Erdogan.

Elles illustrent aussi "jusqu'où Erdogan est prêt à aller pour s'assurer qu'il ne perdra pas", juge l'analyste Aaron Stein.

En outre, les batailles judiciaires lancées contre M. Imamoglu - membre du CHP, principal parti de l'opposition - ont mis en évidence les rivalités qui déchirent la Table des Six.

Le jour de son jugement pour "insulte", Kemal Kilicdaroglu, le chef du CHP, se trouvait à Berlin, où il tentait de rallier des soutiens à sa candidature.

Pris de court, ce dernier - qui peine à unir l'opposition derrière lui - a dû écourter son séjour pour venir appuyer le maire d'Istanbul.

Entretemps, Meral Aksener, cheffe du parti nationaliste Iyi et autre grande figure de la Table des Six, s'était largement affichée aux côtés de M. Imamoglu lors d'un rassemblement de soutien improvisé, allant jusqu'à lever la main du maire en signe de victoire.

«Temps perdu»

Cette séquence "a brièvement dynamisé l'opposition", estime Berk Esen, maître de conférence à l'université Sabanci d'Istanbul.

Mais pour une courte durée, juge-t-il.

Le soutien affiché de Meral Aksener au maire d'Istanbul a irrité Kemal Kilicdaroglu, qui a organisé une rencontre en tête-à-tête avec elle deux semaines plus tard afin d'aplanir leurs divergences.

"L'opposition a perdu un temps précieux en repoussant l'annonce de son candidat commun", affirme Berk Esen.

D'autant que des voix, jusque dans la majorité, évoquent la possibilité d'élections anticipées.

M. Kilicdaroglu a fait savoir que les six partis annonceront leur candidat commun une fois la date des élections officiellement fixée.

Enis Berberoglu, député CHP d'Istanbul, craint que cela ne laisse suffisamment de temps à l'opposition pour faire passer son message.

"Malheureusement, seule une infime partie de ce que nous disons parvient jusqu'au public", affirme-t-il, faisant référence à la mainmise du gouvernement sur les médias.

"Nous pouvons passer par quelques chaînes de télévision, mais c'est tout".


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".