Lula, nouveau président du Brésil, entame un mandat plein de défis

Sur cette photo d'archive prise le 13 décembre 2022, le président élu du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva (à gauche) et son vice-président Geraldo Alckmin assistent à la séance de clôture du groupe thématique du gouvernement de transition à Brasilia. (Photo par Evaristo Sa / AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 13 décembre 2022, le président élu du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva (à gauche) et son vice-président Geraldo Alckmin assistent à la séance de clôture du groupe thématique du gouvernement de transition à Brasilia. (Photo par Evaristo Sa / AFP)
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Publié le Samedi 31 décembre 2022

Lula, nouveau président du Brésil, entame un mandat plein de défis

  • Une «tâche herculéenne» attend à la tête du grand pays émergent de 215 millions d'habitants Luiz Inacio Lula da Silva, a averti son vice-président Geraldo Alckmin
  • La victoire de celui qui veut «rendre le Brésil heureux de nouveau» fut étroite: 50,9% des voix seulement, 49,1% à son adversaire d'extrême droite

RIO DE JANEIRO : Son gouvernement enfin en ordre de bataille, le président brésilien de gauche Lula entame dimanche un 3e mandat plein de défis: rassembler un pays fracturé, le ramener dans le concert des nations et lutter contre la pauvreté et la faim avec une économie en berne.

Une «tâche herculéenne» attend à la tête du grand pays émergent de 215 millions d'habitants Luiz Inacio Lula da Silva, a averti son vice-président Geraldo Alckmin.

D'après l'équipe de transition de Lula, quatre années de «gestion irresponsable» sous Jair Bolsonaro ont mis le Brésil dans un état lamentable: «situation de pénurie» et «retours en arrière» dans de nombreux secteurs -- politiques sociales, éducation, santé, environnement.

Le gouvernement de Lula a été le plus long à former depuis 32 ans. Il a fallu des semaines d'épineuses tractations pour accommoder les alliés de gauche ayant permis son élection, mais aussi le centre dont il aura besoin du soutien au Congrès.

La Chambre et le Sénat issus des élections d'octobre sont encore plus à droite qu'avant, ce qui ne veut pas dire que le pragmatique Lula ne pourra pas gouverner, grâce à ses alliances de l'extrême gauche jusqu'au centre droit.

- «Rendre le Brésil heureux» -

Mais Lula prend la tête d'un pays coupé en deux où 58 millions d'électeurs n'ont pas voté pour lui. Deux mois après son élection, des bolsonaristes radicaux campent toujours devant les casernes et réclament une intervention militaire.

La victoire de celui qui veut «rendre le Brésil heureux de nouveau» fut étroite: 50,9% des voix seulement, 49,1% à son adversaire d'extrême droite.

Lula doit aussi pacifier les relations avec la Cour suprême, pilier de la démocratie violemment secoué par les attaques de Jair Bolsonaro. Avant même son entrée en fonction, le futur ministre de la Justice Flavio Dino a tendu la main à ses juges.

Les premières mesures de Lula porteront sur l'environnement, l'éducation et l'égalité raciale, s'il suit les recommandations de son équipe de transition. Il devrait aussi restreindre la possession d'armes, qui a explosé sous Bolsonaro.

Au plan international, un Lula souvent populaire à l'étranger va devoir réconcilier le Brésil avec tous les pays heurtés par son prédécesseur.

L'équipe de transition a fait le constat d'«une perte de prestige du Brésil» et Brasila doit près d'un milliard d'euros à diverses institutions internationales, dont l'ONU.

La communauté internationale attend de Lula des gestes rapides et forts sur le climat et l'environnement après les destructions de l'ère Bolsonaro, Amazonie en tête. Jeudi, il a nommé ministre de l'Environnement une personnalité à l'aura internationale, Marina Silva.

«Nous ferons tout ce qu'il faut pour parvenir à réduire à zéro la déforestation et la dégradation de nos écosystèmes d'ici à 2030», promettait Lula en novembre devant la COP27.

Mais pour rétablir la crédibilité du Brésil, il va devoir remettre sur pied les organes de surveillance et lutter contre toutes les activités illégales, tout en ménageant le puissant lobby brésilien de l'agronégoce.

- Défi budgétaire -

Enfin, la situation économique et sociale va constituer un défi de taille pour Lula, dont la «priorité est de prendre soin des plus pauvres».

L'approbation par le Congrès d'un amendement constitutionnel (PEC) qui va lui permettre de financer ses promesses de campagne au moins pour un an a été une bonne nouvelle.

Le versement de la populaire «Bolsa familia», (600 réais -- 110 euros -- par mois aux familles les plus pauvres) va échapper au plafonnement des dépenses publiques, et Lula pourra aussi augmenter le salaire minimum.

Quelque 125 millions de Brésiliens souffrent d'insécurité alimentaire, et 30 millions de la faim.

Mais le PEC «ne va pas résoudre son plus grand défi des prochaines années, la question budgétaire», estime Joelson Sampaio, de la Fondation Getulio Vargas (FGV).

Lula va «augmenter les dépenses sans perspective de (hausse des) recettes équivalentes, tout en essayant de ne pas relever les impôts», dit M. Sampaio, alors que les marchés redoutent une explosion, sous ce gouvernement de gauche, d'une dette publique déjà à 77% du PIB.

Pour Alex Agostini, chef économiste chez Austin Rating, «la nouvelle administration va devoir proposer un cadre de contrôle budgétaire efficace» afin d»éviter «une perte de confiance qui aurait un effet domino sur l'économie».

«Un autre défi sera la poursuite de la baisse du chômage (8,3%, au plus bas depuis 2015, ndlr) et le contrôle de l'inflation, dans un contexte de ralentissement de l'économie mondiale», note M. Agostini.

Les préoccupations économiques avaient été la priorité des électeurs de l'ancien ouvrier métallurgiste.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.