L'Arabie saoudite est prête à accueillir la nouvelle année avec une cuisine raffinée, des feux d'artifice et des spectacles de musique

L'Arabie saoudite est prête à accueillir la nouvelle année avec une cuisine raffinée, des feux d'artifice et des spectacles de musique
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Publié le Samedi 31 décembre 2022

L'Arabie saoudite est prête à accueillir la nouvelle année avec une cuisine raffinée, des feux d'artifice et des spectacles de musique

  • L'équipe d'Arab News a sélectionné divers endroits dans le Royaume où célébrer le Nouvel An avec famille et amis comme jamais auparavant
  • Le mégaconcert Trio Arabic Night aura lieu le 31 décembre au Boulevard Riyadh City. Certains des plus grands noms de la musique du monde arabe y participent

ALULA/ ALKHOBAR/ DIRIYAH/ RIYAD/ JEDDAH: Le moment est venu de célébrer le Nouvel An 2023 avec grand style! Les villes du Royaume ont préparé une grande variété d'événements pour cette occasion, avec des restaurants et des hôtels offrant une multitude d'options pour des dîners et des spectacles de musique en direct.

L'équipe d'Arab News a sélectionné divers endroits dans le Royaume où célébrer le Nouvel An avec famille et amis comme jamais auparavant.

AlUla

L'antique ville d'AlUla est passée d'un lieu de vestiges historiques à la nouvelle destination de vacances la plus prisée d'Arabie saoudite, la ville foisonnant aujourd’hui d'options pour les célébrations du Nouvel An.

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Mamzel offrira un luxueux dîner du Nouvel An dans les canyons cachés d'AlUla pour une chance de découvrir la culture espagnole. (Découvrez AlUla)

Winter at Tantoura, le premier festival annuel de musique et de culture de la saison d’hiver du Royaume, est de retour pour une quatrième édition, avec une foule d'événements festifs.

Les visiteurs peuvent commencer le Nouvel An sur la première patinoire à roulettes du Royaume au «AlUla on Wheels» en plein air, avec de la danse organisée par Swizz Beats aux côtés des artistes les plus en vogue de la région, et visiter le cœur d'AlJadidah, un centre culturel animé.

Autre lieu incontournable pour ceux qui découvrent la ville: Habitas, un complexe de luxe qui est l'un des principaux points attractifs d'AlUla. Que les clients séjournent dans une caravane éclectique ou dans l'une des options de villas, ils bénéficient d'une vue pittoresque sur ces terres montagneuses.

Le site propose une infinité d'activités de loisirs, telles que des propositions culinaires uniques, des spectacles de musique et des activités de bien-être. Les amateurs d'art peuvent se déplacer entre les œuvres d'art interactives de Desert X, notamment le Falling Stones Garden animé, de l'artiste Mohammed Ahmed Ibrahim, ou la création d’une petite surface d'eau, Now You See Me, Now You Don't de Manal al-Dowayan.

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(Photo AN par Basheer Saleh)

Les visiteurs pourront également observer les étoiles quand l'horloge sonnera minuit dans le complexe. Conduits dans la zone reculée de Gharameel, les groupes ainsi que les personnes à titre individuel seront stimulés pour admirer les constellations sous le ciel d'AlUla, loin de toute interférence lumineuse et de toute pollution atmosphérique.

Mamzel proposera un luxueux dîner du Nouvel An dans les gorges cachées d'AlUla, donnant ainsi l’opportunité de découvrir la culture espagnole. Venant directement de Marbella, le restaurant organisera des spectacles de divertissement en direct pour les clients, tandis que ceux-ci se régaleront d'un menu à 600 riyals saoudiens (1 riyal = 0,25 euro) par personne, pendant de longues heures, le 31 décembre.

Alfa's Lounge, le nouveau lieu de rencontre de la ville, est une autre excellente option pour amorcer le Nouvel An. Cet établissement savamment dissimulé, éblouit par son paysage désertique et son ambiance féerique sous les étoiles.

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Les visiteurs d'AlUla peuvent sonner la nouvelle année avec une nuit de contes, des traditions historiques de l'ère nabatéenne, des promenades en calèche et des spectacles à l'expérience Hegra after Dark. (Découvrez AlUla)

Si un mode de vie actif figure sur votre liste de résolutions pour 2023, les aventures et les activités en plein air d'AlUla sont les occasions idéales pour commencer l’aventure vers vos objectifs de forme physique. Les visiteurs peuvent faire une randonnée de huit heures dans un labyrinthe, parcourir la Hidden Valley (Vallée cachée), faire du vélo dans les dunes de sable de la ville ou faire battre leur cœur avec des activités comme la tyrolienne, la descente en rappel ou l'escalade rocheuse.

Les célébrations de Winter at Tantoura ne se terminent pas avec le Nouvel An. Les visiteurs d'AlUla seront tentés de marcher sur la Route de l'encens dans la vieille ville, bordée à la fois d'attractions patrimoniales et d'activités innovantes, ou de s’immerger dans une nuit de contes, de traditions historiques de l'ère nabatéenne, ainsi que de promenades en calèche à Hegra après la tombée de la nuit.

Les amateurs de shopping seront invités à apprécier les articles exclusifs de l’événement de la Ashar Valley Fashion, présentant de luxueuses boutiques, de 16h à 23h. Une réservation de billets est requise à l'avance.

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Un plat de la maison Sakana. (Photo fournie)

Le tout premier festival gastronomique de la ville, Flavors of AlUla, présente des cuisines internationales et locales, ainsi qu'une myriade de masterclasses par les plus grands de l'industrie alimentaire, animations de dégustation et stands de restauration. Le festival, qui a débuté jeudi, se terminera le 14 janvier.

Le légendaire musicien saoudien Mohammed Abdo donnera un concert dans la plus grande merveille architecturale en miroir du monde, le Maraya Music Hall. La possibilité d'obtenir une réservation pour un excellent dîner au restaurant de ce même lieu, le Maraya Social, reste également une option.

Alkhobar

Quand l'horloge sonnera minuit le 31 décembre à Sharqiya, quoi de mieux pour célébrer que de remplir une coupe de champagne saoudien et de se complaire dans un excellent repas entre proches? Sakana House, au Grand Hyatt Khobar, promet d'offrir des moments inoubliables.

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Séjourner et dîner chez Habitas est un incontournable pour ceux qui découvrent la ville. Bien que plus cher, le complexe est une oasis sanctuaire et l'un des principaux points chauds de la renaissance d'AlUla. Que les clients séjournent dans une caravane éclectique ou dans l'une des options de villa, ils bénéficient d'une vue pittoresque sur le terrain montagneux. (Découvrez AlUla)

Avec un compte à rebours amusant jusqu'à minuit, un «spectacle de feu» et des stations de sushi interactives, les visiteurs vivront une expérience totalement immersive pour se mettre en appétit.

Le restaurant asiatique Sakana House est demeuré un restaurant raffiné depuis l'ouverture de ses portes. Le Nouvel An y a déjà été célébré, et cette année, les clients pourront profiter d'un spectacle musical DJ en direct avec la flûtiste Anastasia et DJ Vika.

Les dîners commenceront par une sélection spéciale de plats succulents, dont la soupe manchow, la salade de crevettes crémeuse et épicée, le bœuf au poivre noir, le poisson croustillant et le riz aux œufs frits. En dessert, la sphère en chocolat à la confiture de framboise et au lait de mangue figure au menu. Des fruits frais de saison seront disposés tout autour, de même que des boissons chaudes et froides.

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Le «AlUla on Wheels» en plein air offre une chance d'explorer le cœur d'AlJadidah, un centre culturel animé. Sous les étoiles dans une expérience de skate et de danse organisée par Swizz Beats, ils peuvent découvrir la musique des artistes les plus en vogue de la région. (Découvrez AlUla)

John Paulo Francisco Mendoza, directeur du restaurant, a affirmé à Arab News: «Ce 31 décembre, Sakana House vous invite à une nouvelle ère de cuisine asiatique supérieure.»

Le coût de cette soirée s’élève à 320 riyals saoudiens par personne, avec des heures d'ouverture de 21h à 1h.

Riyad

Les personnes qui ont hâte de célébrer le Nouvel An à Riyad auront également de nombreuses options de restauration raffinée, des concerts de musique et de feux d'artifice au programme.

Le mégaconcert Trio Arabic Night aura lieu le 31 décembre au Boulevard Riyadh City à la Mohammed Abdo Arena.

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Des feux d'artifice illumineront le ciel alors que le compte à rebours du Nouvel An commence sur le boulevard Riyadh City. (Photo AN par Basheer Saleh)

Certains des plus grands noms de la musique du monde arabe participent à ce concert, comme Nancy Ajram, Elissa, Asala Nasri, Najwa Karam, Angham, Latifa, Nawal al-Zoghbi, Saber Rebai, Wael Kfoury, Assi el-Hallani, Bahaa Sultan et Walid Tawfeek.

Des feux d'artifice illumineront le ciel alors que le compte à rebours du Nouvel An commencera au Boulevard Riyadh City.

Voici quelques options de restauration pour fêter le Nouvel An dans la capitale.

Billionaire Riyadh organise une nuit pleine de divertissements et de spectacles de musique magnifiques avec une féerie de plats des cuisines asiatique et italienne.

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Des feux d'artifice illumineront le ciel alors que le compte à rebours du Nouvel An commence sur le boulevard Riyadh City. (Photo AN par Huda Bashatah)

Coya Riyadh propose à ses clients un menu spécial qui reflète le dynamisme et les choix audacieux de la cuisine latino-américaine.

Le restaurant japonais contemporain acclamé par la critique Sumosan a nommé sa célébration de la Saint-Sylvestre «Sakura Sky», avec un menu spécial et un DJ qui jouera de la musique en direct.

Les amateurs de cuisine italienne pourront faire un tour par la Villa Signor Sassi ou le Cipriani, qui sert des plats italiens classiques lors de son «Grand gala vénitien».

Diriyah

Niché dans la région nord-ouest de Riyad, se trouve Diriyah, un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco qui fut aussi la première capitale de la dynastie saoudienne.

Il a été récemment ouvert au public après un peu plus d'une décennie suivant son réaménagement.

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Une boisson rafraîchissante de Sakana House. (Photo fournie)

Pour le réveillon du Nouvel An, les visiteurs peuvent se promener dans des bâtiments en briques de terre crue et un palais restauré qui accueillait autrefois la dynastie Al-Saoud, pour en savoir davantage sur l'histoire du pays et la famille régnante.

Ils peuvent également apprécier le luxe moderne sous la forme de restaurants haut de gamme, d'hôtels, de centres commerciaux et d'infrastructures à la pointe de la technologie.

La Bujairi Terrace – avec plus de vingt restaurants, dont des restaurants internationaux comme Angelina Paris, Sarabeth's et Villa Mamas, ou des marques locales comme Sugar, Grind et Takya – propose aux convives une grande variété de choix.

À seulement quinze minutes de Riyad, Diriyah est facile d'accès pour les résidents de la capitale.

Jeddah

De dîners somptueux dans des restaurants raffinés, en passant par des fêtes dans des hôtels en bord de mer et des soirées dans des restaurants situés sur les toits, jusqu’à l'observation des étoiles dans des camps en plein désert, Djeddah a tout pour rendre les célébrations du Nouvel An aussi mémorables que possible.

Si vous êtes à la recherche d’une cuisine raffinée dans un environnement chic, le restaurant Shang Palace propose une option de menu spécial incluant des boissons pétillantes à déguster en écoutant de la musique jouée en direct. La soirée débutera à 18h et durera jusqu'à minuit.

Les clients ont également une option à la carte avec une boisson gratuite à l'arrivée, et recevront des cadeaux en guise de bons vœux pour l'année à venir.

Le restaurant The Quarter du Swissotel Living Jeddah propose également une soirée inoubliable dans une atmosphère chic. Les clients pourront apprécier la musique d’un DJ en direct et auront l'embarras du choix au niveau du dîner avec un buffet exceptionnel.

L'événement commence à 19h et se poursuit jusqu'à 2 heure, laissant aux clients suffisamment de temps pour profiter de tout ce que leur offrent les lieux.

Un compte à rebours aura également lieu au restaurant The Quarter et au lounge Nest situé sur le toit, pour que les clients puissent profiter de la vue sur la ville.

Le restaurant Obo Beach house du Yacht Club organise également des événements spéciaux pour divertir les invités dans une ambiance parfaite et une vue sur la mer. Le menu proposera une gamme de plats appétissants et de nombreux plats principaux, notamment des fruits de mer, du poulet et de la viande.

Faites la fête dans un style asiatique au restaurant Dabao, où vous pourrez déguster une incroyable cuisine asiatique fusion en assistant à une performance de DJ en direct. Pour couronner le tout, les desserts sont offerts par la maison!

Noug Cafe et Jazz Bar, Noun et Kabana sont également parmi les nombreux restaurants de la ville à proposer une variété de cuisines gastronomiques et de musique en direct tout au long de la nuit.

Jeddah comprend certaines des plus belles propriétés et propose des offres saisonnières pour tous ceux qui souhaitent se réveiller en 2023 dans une ambiance de confort et de luxe.

Les résidences Bay La Sun et Views de la King Abdullah Economic City offrent aux clients un accès à une plage privée et une gamme d'options de restauration au buffet du Seasons Restaurant.

Des options similaires incluent Narcissus Resort and Spa à Obhur, Rosewood Jeddah, Assila et Swissotel Living Jeddah.


1977 : Quand Sadate s'est rendu en Israël

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  • Premier dirigeant arabe à se rendre dans le pays, le président égyptien a fait une tentative de paix qui a indigné la région
  • Les choses se sont ensuite accélérées. Onze jours plus tard, le 19 novembre, Sadate arrive à Jérusalem pour une visite de trois jours. Le 20 novembre, il s'adresse à la Knesset, le parlement israélien

LE CAIRE: Le 8 novembre 1977, le président égyptien Anouar el-Sadate a annoncé devant le parlement égyptien - en présence de Yasser Arafat, chef de l'Organisation de libération de la Palestine - qu'il était prêt à se rendre à Jérusalem pour entamer des négociations en vue d'un processus de paix avec Israël.

Cette annonce a choqué toutes les personnes présentes et, au fur et à mesure que la nouvelle se répandait, elle a surpris le monde entier, y compris Israël même : si l'Égypte reconnaissait diplomatiquement Israël, elle serait le premier État arabe à le faire.

Les choses se sont ensuite accélérées. Onze jours plus tard, le 19 novembre, Sadate arrive à Jérusalem pour une visite de trois jours. Le 20 novembre, il s'adresse à la Knesset, le parlement israélien.

"Aujourd'hui, je suis venu à vous avec des mesures fermes, pour construire une nouvelle vie et établir la paix", a-t-il déclaré aux membres de l'assemblée.

"Nous tous sur cette terre, musulmans, chrétiens et juifs, adorons Dieu et personne d'autre que Lui. Les enseignements et les commandements de Dieu sont l'amour, la sincérité, la pureté et la paix".

Arab News a publié en première page la visite d'Anouar el-Sadate en Israël, relatant les événements qui ont conduit à l'accord de paix historique.

Il a déclaré qu'il n'avait consulté personne avant de prendre sa décision, ni ses collègues, ni les autres chefs d'État arabes.

Il parle des familles des "victimes de la guerre d'octobre 1973 ... toujours en proie au veuvage et au deuil de leurs fils et à la mort de leurs pères et de leurs frères".

Il a également affirmé qu'il était de son devoir "de ne rien négliger pour épargner à mon peuple arabe égyptien les horreurs déchirantes d'une autre guerre destructrice, dont seul Dieu peut connaître l'ampleur".

Sadate a ajouté que les autorités israéliennes devaient faire face à certains faits "avec courage et clairvoyance". Elles doivent se retirer des territoires arabes qu'elles occupent depuis 1967, y compris Jérusalem. En outre, tout accord de paix doit garantir "les droits fondamentaux du peuple palestinien et son droit à l'autodétermination, y compris le droit de créer son propre État".
Sadate a été le premier dirigeant arabe à se rendre en Israël et s'adresse au Parlement israélien le lendemain. "Devant nous aujourd'hui se trouve la chance de la paix... une chance qui, si elle est perdue ou gâchée, entraînera la malédiction de l'humanité et la malédiction de l'histoire pour celui qui aura comploté contre elle", a-t-il indiqué. 

Le pari audacieux de Sadate a suscité la colère dans le pays et à l'étranger. Ismail Fahmy, ministre égyptien des Affaires étrangères, a démissionné de son poste deux jours avant la visite. Dans ses mémoires, il décrit l'initiative de Sadate comme "un geste irrationnel dans un jeu de paix long et compliqué". Ensuite, Sadate nomme Mahmoud Riad comme nouveau ministre des Affaires étrangères, qui a également démissionné.

En effet, les critiques ne manquaient pas en Égypte, notamment celles de l'éminent homme politique Fouad Serageddin et de l'écrivain Youssef Idris, qui qualifiaient le geste de Sadate de "soumission et d'humiliation de la volonté victorieuse de l'Égypte face à un ennemi vaincu", en référence à la victoire d'octobre 1973 des forces égyptiennes et syriennes sur Israël dans le Sinaï et sur les hauteurs du Golan.

De nombreux pays arabes de la région ont suspendu leurs relations avec l'Égypte et gelé les projets communs et les investissements dans le pays, qui a également été exclu de la Ligue arabe.

Cette colère s'est reflétée dans les rues de la région, avec des manifestations dans plusieurs villes arabes, dont Beyrouth, Damas, Bagdad, Aden, Tripoli et Alger.

La visite de Sadate à Jérusalem était la première étape d'un processus de négociations de deux ans entre l'Égypte et Israël, sous l'égide des États-Unis, qui s'est achevé par la signature d'un traité de paix entre Sadate et le premier ministre israélien Menachem Begin à Washington le 26 mars 1979, en présence du président Jimmy Carter, à la suite des accords de Camp David de septembre 1978.

Sadate avait alors signé son propre arrêt de mort. Parmi les personnes et les organisations qui ont appelé à sa mort figurent Omar Abdel Rahman, chef d'un groupe islamiste extrémiste actif en Égypte à l'époque, les Frères musulmans et l'ayatollah Khomeini, chef de la révolution iranienne.

Le 6 octobre 1981, alors qu'il assiste à la parade militaire annuelle au Caire pour célébrer la victoire égyptienne de 1973 dans le Sinaï, Sadate et dix autres personnes sont abattus par des membres du Tanzim Al-Jihad, un groupe islamiste égyptien.

Hani Nasira est un universitaire et expert politique égyptien, ainsi que le directeur de l'Institut arabe d'études. Il est l'auteur de plus de 23 ouvrages.
 


1976, les origines de la Journée de la Terre

Un policier palestinien place un drapeau national devant des soldats israéliens lors d'affrontements sur des terres confisquées par l'armée israélienne pour ouvrir une route aux colons juifs. (AFP)
Un policier palestinien place un drapeau national devant des soldats israéliens lors d'affrontements sur des terres confisquées par l'armée israélienne pour ouvrir une route aux colons juifs. (AFP)
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  • La Journée de la terre reflète une injustice historique non résolue
  •  Pendant la Nakba, en 1948, deux villages palestiniens du nord d'Israël, Iqrit et Biram, majoritairement chrétiens, ont été dépeuplés par les forces israéliennes

AMMAN: La Journée de la terre, célébrée chaque année le 30 mars, commémore un moment crucial de l'histoire palestinienne: en 1976, six citoyens palestiniens d'Israël non armés ont été tués par les forces israéliennes lors de manifestations contre l'expropriation par le gouvernement de terres appartenant à des Arabes en Galilée.

Cet événement n'a pas seulement marqué la première mobilisation de masse des Palestiniens en Israël depuis 1948, il a également mis en évidence leur lutte permanente pour les droits fonciers et l'identité.

Les premières manifestations de la Journée de la terre, le 30 mars 1976, ont été déclenchées par le projet du gouvernement israélien de confisquer environ 20 000 dunams (2 000 hectares) de terres dans la région de Galilée, au nord d'Israël. Les terres visées par l'expropriation, dans des villages tels que Sakhnin, Arraba et Deir Hanna, appartenaient principalement à des citoyens palestiniens d'Israël.

Cette confiscation de terres à grande échelle s'inscrivait dans le cadre d'une politique israélienne plus large, la «judaïsation de la Galilée», qui visait à accroître la population juive dans la région et à réduire la proportion de terres appartenant à des Arabes.

La Journée de la terre reflète également une injustice historique non résolue. Pendant la Nakba, en 1948, deux villages palestiniens du nord d'Israël, Iqrit et Biram, majoritairement chrétiens, ont été dépeuplés par la force. L'armée israélienne a promis aux habitants, qui sont devenus citoyens israéliens et ont continué à vivre en Israël, qu'ils pourraient retourner chez eux après une brève évacuation jugée nécessaire pour des raisons de sécurité. Cependant, ils n'ont jamais été autorisés à rentrer chez eux; au contraire, les villages ont été détruits et les terres expropriées par l'État israélien.

Les villageois d'Iqrit et de Biram, ainsi que leurs descendants, continuent de faire campagne pour leur droit au retour, et les deux villages perdus restent des symboles durables de la lutte palestinienne plus large pour le droit à la terre.

Arab News a commémoré le 75e anniversaire de la Nakba en titrant en première page «La lutte continue».

L'importance de la Journée de la terre va au-delà des événements de 1976. La commémoration annuelle permet de rappeler le lien profondément ancré entre le peuple palestinien et ses terres ancestrales, un lien qui a été continuellement menacé par les politiques israéliennes conçues pour modifier les paysages historiques, démographiques et géographiques de la Palestine.

Au cours des années qui ont suivi cette première Journée de la terre, le gouvernement israélien a continué à mettre en œuvre des politiques qui aboutissent à l'appropriation de terres palestiniennes. Ces actions comprennent l'expansion des colonies en Cisjordanie, la construction de la barrière de séparation et la désignation de terres domaniales dans des zones traditionnellement utilisées par les communautés palestiniennes.  

La réponse à ces politiques a été multiforme, englobant des défis juridiques, un activisme de base et un plaidoyer international.

Les citoyens palestiniens d'Israël, ainsi que ceux des territoires occupés et de la diaspora, ont utilisé la Journée de la terre comme plate-forme pour mettre en lumière les problèmes de dépossession des terres et appeler à la justice et à l'égalité. Cette journée est devenue un événement fédérateur, favorisant la solidarité entre Palestiniens au-delà des clivages géographiques et politiques.

Cependant, les défis à relever restent considérables. Le système juridique et politique israélien favorise souvent les intérêts de l'État et des colons, ce qui rend difficile pour les Palestiniens de récupérer les terres confisquées ou d'empêcher de nouvelles expropriations.

Les lois israéliennes ont facilité l'expansion des colonies, fourni des protections juridiques aux colons et permis l'appropriation de terres, souvent au détriment des droits des Palestiniens. La loi de 1970 sur les questions juridiques et administratives, par exemple, promulguée après l'annexion de Jérusalem-Est en 1967, permet aux juifs de récupérer les propriétés qui leur appartenaient dans cette zone avant 1948, même si des Palestiniens y ont vécu pendant des décennies depuis lors. Toutefois, les Palestiniens n'ont pas le même droit de réclamer les propriétés qu'ils possédaient à Jérusalem-Ouest, ou ailleurs en Israël, avant la guerre de 1948.

Les expulsions de Sheikh Jarrah en 2021, qui ont été à l'origine de la guerre de 11 jours entre Palestiniens et Israéliens cette année-là, ont montré que les communautés palestiniennes sont toujours menacées d'expulsion à Jérusalem-Est en vertu des lois israéliennes. La Cour suprême israélienne a tranché en faveur des colons en décidant que les familles palestiniennes de Sheikh Jarrah ne pouvaient rester sur place que si elles payaient un loyer aux colons, reconnaissant de fait les revendications de ces derniers en matière de propriété de biens immobiliers antérieurs à 1948.

En outre, les réactions internationales à ces développements se sont souvent limitées à des déclarations d'inquiétude, avec peu d'actions tangibles pour tenter de rendre les autorités israéliennes responsables de leurs politiques, y compris celles liées aux questions d'expropriation de terres, de colonies illégales et de déplacements de population.

Ces dernières années, la Journée de la terre a pris une signification supplémentaire, notamment dans le contexte des manifestations de la Grande Marche du retour qui ont débuté en 2018 dans la bande de Gaza. Ces manifestations, qui réclamaient le droit au retour des réfugiés palestiniens et la fin du blocus de Gaza, se sont heurtées à une violence importante de la part des forces israéliennes, faisant de nombreuses victimes.

En outre, les actions des citoyens palestiniens d'Israël en Galilée n'ont pas permis à la société israélienne de prendre véritablement conscience des injustices historiques et actuelles perpétrées à l'encontre de ces Palestiniens. Il s'agit notamment de l'incapacité à reconnaître la discrimination systémique et la dépossession qui ont caractérisé les politiques de l'État, ou à œuvrer en faveur d'une égalité et d'une réconciliation véritables.

Les événements de 1976, qui ont marqué la première mobilisation palestinienne de masse depuis 1948, ont mis en évidence le pouvoir de la solidarité au-delà des clivages politiques, religieux et idéologiques. Cette unité est restée la pierre angulaire de la lutte, renforçant l'idée que ce n'est que par des efforts collectifs que les politiques discriminatoires peuvent être efficacement contestées et les droits affirmés.

Les enseignements de la Journée de la terre soulignent également l'importance d'une résistance stratégique et persistante, tant au niveau local qu'international. L'attention mondiale suscitée par les manifestations de 1976 a montré l'importance d'un activisme pacifique et organisé pour amplifier la cause palestinienne. Elles ont également mis en évidence la nécessité d'une mobilisation politique pour lutter contre la discrimination systémique et garantir l'égalité des droits.

Pour les Palestiniens d'Israël et d'ailleurs, la Journée de la terre est une occasion qui résume à la fois la douleur de la perte et l'espoir d'un avenir où règnent la paix et la justice.

Daoud Kuttab est chroniqueur pour Arab News, spécialisé dans les affaires du Moyen-Orient, et plus particulièrement dans les affaires palestiniennes.

Il est l'auteur du livre «State of Palestine NOW: Practical and logical arguments for the best way to bring peace to the Middle East».


1979 : La révolution iranienne, le siège de La Mecque et l'invasion soviétique de l'Afghanistan

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  • Les événements sismiques de 1979 ont remodelé le Moyen-Orient, alimentant l'extrémisme, les hostilités régionales et les conflits mondiaux qui continuent de se répercuter aujourd'hui

RIYAD – Dans une région où les bouleversements géopolitiques sont presque monnaie courante, la triple onde de choc de 1979 a fait de cette année un tournant exceptionnel, hors du commun.

La révolution iranienne, le siège de La Mecque et l'invasion soviétique de l'Afghanistan ont été reliés par un seul et même fil conducteur : La naissance d'une forme d'extrémisme islamique qui allait avoir des conséquences catastrophiques pour des millions de personnes, et dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui dans le monde entier.

Les premiers grondements ont commencé l'année précédente, dans un contexte d'inquiétude généralisée en Iran face au régime de plus en plus oppressif du shah Mohammed Reza Pahlavi, dont les réformes de la "révolution blanche" étaient perçues par beaucoup comme poussant l'occidentalisation du pays trop loin et trop vite.

En janvier 1978, une manifestation religieuse dans la ville de Qom, centre d'études chiites situé à 130 kilomètres au sud-ouest de la capitale, Téhéran, a été violemment réprimée par les forces de sécurité qui ont ouvert le feu, tuant jusqu'à 300 manifestants, principalement des étudiants du séminaire.

Les manifestations se sont étendues aux villes du pays et ont culminé à la fin de l'année par des grèves et des protestations généralisées pour exiger le départ du shah et le retour du grand ayatollah Khomeini de son exil en France.

Comment nous l'avons écrit

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Le journal a couvert la "première crise majeure" du gouvernement iranien lorsque les troupes pro-Chah ont affronté les manifestants à Ahwaz, ravivant les tensions dans le contexte d'un tremblement de terre simultané.

Le 16 janvier 1979, le chah et sa famille quittent l'Iran pour ne plus jamais y revenir. Le 1er février, Khomeini est arrivé à l'aéroport de Mehrabad à Téhéran, débarquant d'un vol Air France en provenance de Paris après 15 ans d'exil, accueilli dans le tumulte par des millions d'Iraniens.

En l'espace de dix jours, les derniers vestiges de l'ancien régime se sont effondrés et Shapour Bakhtiar, le premier ministre nommé par le chah à peine un mois plus tôt, a pris le chemin de l'exil.

Le 1er avril 1979, les résultats d'un référendum national sont révélés et, avec le soutien de plus de 98 % des électeurs, Khomeini déclare la création de la République islamique d'Iran, dont il sera le chef suprême.

La révolution iranienne a été fondée sur une base constitutionnelle sectaire qui mettait l'accent sur l'exportation de son idéologie révolutionnaire, ce qui a alimenté les tensions sectaires dans toute la région.

La révolution a introduit la théorie de la tutelle du juriste (Wilayat Al-Faqih), un principe sectaire qui place le juriste islamique, ou expert en droit islamique, au-dessus de l'État et de son peuple, lui accordant l'autorité ultime en matière de relations étrangères et de sécurité nationale.

Le juriste gardien se perçoit comme le chef de tous les musulmans du monde, son autorité ne se limitant pas aux Iraniens ni même aux chiites. C'est cette prétention au leadership universel qui a le plus alarmé les autres pays de la région, car cette théorie fait fi de la souveraineté des États, favorise les groupes sectaires et accorde au régime révolutionnaire le "droit" d'intervenir dans les affaires des autres nations.

L'attachement de la nouvelle République islamique au principe de l'exportation de sa révolution a encore exacerbé les hostilités régionales, la guerre Iran-Irak qui a éclaté en 1980 en étant le point de départ.

Le programme révolutionnaire de l'Iran avait cherché à affaiblir l'Irak, un pays arabe essentiel, en incitant et en soutenant les groupes et les milices chiites par l'entraînement, l'aide financière et les armes. En fin de compte, ce sont ces groupes qui ont formé la base des milices que l'Iran a largement exploitées après l'invasion américaine de l'Irak en 2003, lorsque le régime Baas de Saddam Hussein a chuté.

Il n'a pas fallu longtemps pour que les craintes des voisins de l'Iran de voir la révolution se propager dans toute la région se concrétisent.

Le 20 novembre 1979, après la prière de l'aube dans la Grande Mosquée de La Mecque, plus de 200 hommes armés, dirigés par Juhayman al-Otaibi, un extrémiste religieux, se sont emparés du site sacré et ont annoncé que le Mahdi tant attendu, l'annonciateur du jour du jugement, prophétisé pour apporter la justice après une période d'oppression, était apparu. Ce prétendu Mahdi était le beau-frère d'Al-Otaibi, Mohammed Al-Qahtani.

Al-Otaibi demande à ses partisans de fermer les portes de la mosquée et de placer des tireurs d'élite au sommet de ses minarets, qui dominent La Mecque. Pendant ce temps, l'homme identifié comme le Mahdi, qui se croyait sous protection divine, a été rapidement abattu par les forces spéciales saoudiennes lorsqu'il est apparu lors des affrontements sans protection.

Le siège de La Mecque s'est poursuivi pendant 14 jours et s'est achevé par la capture et l'exécution d'Al-Otaibi et de dizaines de ses compagnons d'insurrection survivants.

Bien qu'il n'y ait aucune preuve de l'implication directe de l'Iran dans la prise de la Grande Mosquée, le climat révolutionnaire en Iran a été une source d'inspiration idéologique pour de nombreux mouvements extrémistes et organisations armées au cours de cette période.

La réponse énergique du gouvernement saoudien au siège a envoyé un message clair et sans équivoque aux factions extrémistes : la rébellion et les idéologies violentes ne seraient pas tolérées. Cette stratégie de dissuasion s'est avérée déterminante pour préserver le royaume de nouvelles violences et de nouvelles effusions de sang.

Comment nous l'avons écrit

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Arab News a rapporté la fin du siège, citant 75 "renégats" tués, 135 capturés et 60 soldats saoudiens morts "au service de Dieu".

Mais l'année 1979 cachait un autre choc. Le 25 décembre, un peu plus d'un mois après la fin du siège de La Mecque, les troupes soviétiques envahissent l'Afghanistan.

L'invasion a eu lieu au cours d'une période d'intense instabilité politique dans le pays. En 1978, le président Mohammed Daoud Khan et sa famille ont été renversés et tués par Nur Mohammed Taraki, un communiste.

Le règne de Taraki a été de courte durée : son ancien camarade de parti, Hafizullah Amin, s'est emparé du pouvoir et l'a tué. Les tentatives d'Amin d'aligner l'Afghanistan plus étroitement sur les États-Unis ont incité les Soviétiques à orchestrer son assassinat et à le remplacer par Babrak Karmal, un communiste plus fiable, s'assurant ainsi une direction plus docile.

L'intervention soviétique a été motivée par plusieurs raisons. Sur le plan économique, la richesse en ressources naturelles de l'Afghanistan en faisait une cible de choix. Sur le plan politique, l'invasion visait à soutenir le régime communiste chancelant et à s'assurer qu'aucun gouvernement hostile n'émerge en Afghanistan, un voisin clé dans la sphère géopolitique immédiate de l'Union soviétique.

Cet objectif était particulièrement important dans le contexte plus large de la guerre froide, où les États-Unis s'efforçaient activement de contrer l'influence soviétique en encerclant l'Union soviétique et en freinant ses ambitions expansionnistes.

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Arab News rapporte que le ministre afghan Muhammad Abdo Yamani a exhorté l'Autriche à exiger le départ des forces soviétiques d'Afghanistan et a suggéré un embargo pour faire pression sur leur retrait.

En Afghanistan, l'armée soviétique s'est heurtée à une forte résistance de la part des moudjahidines islamistes, qui bénéficiaient d'un soutien important de la part des puissances internationales, en particulier des États-Unis et de leurs alliés régionaux, et l'intervention s'est finalement avérée vaine.

Pendant dix ans, l'Union soviétique a subi d'importantes pertes humaines et matérielles en Afghanistan, mais n'a pas réussi à reprendre le contrôle et la stabilité politique du pays grâce au système politique qu'elle avait adopté. Ce système manquait de légitimité populaire et ne contrôlait qu'un territoire limité, le reste du pays restant sous le contrôle des forces d'opposition.

Tous ces facteurs ont finalement contraint l'armée soviétique à se retirer d'Afghanistan après près d'une décennie. La guerre civile qui s'ensuivit aboutit à l'arrivée au pouvoir des Talibans en 1996.

L'invasion soviétique de l'Afghanistan a eu des conséquences considérables. Sur le plan géopolitique, elle a révélé les limites de l'armée soviétique, et l'échec en Afghanistan a coïncidé avec le déclin politique et économique interne de l'Union soviétique, son incapacité à rivaliser avec les États-Unis dans la course aux armements et l'éclatement de soulèvements populaires dans les pays qui avaient adopté le modèle socialiste.

En tant que telle, l'invasion est largement considérée comme un facteur majeur ayant contribué à l'effondrement final de l'Union soviétique.

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Les résistants afghans ont repoussé l'invasion soviétique au prix d'un immense sacrifice humain et d'une aide importante de l'Occident, en particulier des États-Unis. On estime à 1,5 million le nombre d'Afghans qui ont trouvé la mort dans ce conflit. (AFP)

La guerre est également devenue un terreau fertile pour les mouvements extrémistes djihadistes. Les Arabes et les musulmans qui ont rejoint la résistance afghane ont trouvé dans le conflit une plateforme unificatrice, attirant des dirigeants et des combattants de plusieurs pays du monde islamique.

À leur retour dans leur pays, ces individus ont apporté avec eux une expertise militaire et des idéologies radicales. Cet environnement a facilité la création d'organisations terroristes, ces vétérans cherchant à reproduire la lutte armée pour renverser les régimes dans leur propre pays.

Le produit le plus marquant de ce phénomène est Oussama ben Laden, né en Arabie saoudite, qui a combattu aux côtés des moudjahidines contre les Soviétiques en Afghanistan. Il a fondé le groupe terroriste Al-Qaida, qui s'est imposé comme une force de premier plan parmi les organisations religieuses extrémistes.

Ben Laden et Al-Qaida ont joué un rôle crucial dans la vague mondiale de terrorisme qui a culminé avec les attentats du 11 septembre 2001 contre les États-Unis et toutes les répercussions qui en ont découlé. L'invasion de l'Afghanistan par une coalition dirigée par les États-Unis en 2001 et la montée en puissance de groupes terroristes soutenus par l'Iran en Irak après le renversement de Saddam Hussein en 2003, qui ont finalement conduit à la montée en puissance de Daesh, en sont des exemples.

Mohammed Al-Sulami dirige l'Institut international d'études iraniennes (Rasanah).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com