Ukraine: Zelensky, l'acteur devenu chef de guerre

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky prend la parole lors d'une réunion conjointe du Congrès à la chambre de la Chambre du Capitole des États-Unis le 21 décembre 2022 à Washington, DC. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky prend la parole lors d'une réunion conjointe du Congrès à la chambre de la Chambre du Capitole des États-Unis le 21 décembre 2022 à Washington, DC. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 28 décembre 2022

Ukraine: Zelensky, l'acteur devenu chef de guerre

  • «Avant la guerre, beaucoup traitaient l'Ukraine comme un Etat défaillant, et Zelensky comme un dirigeant faible», relève l'analyste politique, Volodymyr Fessenko
  • Si certains en Ukraine lui reprochent d'avoir échoué à préparer le pays pour la guerre ou le soupçonnent d'une dérive autoritaire, les Occidentaux ne cessent de faire son éloge

KIEV: Traits tirés, barbe brune, t-shirt kaki emblématique, assis à son bureau, sur le front ou dernièrement à la Maison Blanche, le président Volodymyr Zelensky est devenu le visage de la détermination des Ukrainiens à vaincre l'armée russe.

Quelques semaines avant l'invasion russe, sa présidence, entamée trois ans plus tôt, semblait en perte de vitesse, l'ancien comédien peinant à tenir ses promesses électorales dans un pays rongé par la pauvreté et la corruption.

Facile alors pour ses rivaux de dire que le costume présidentiel était trop grand pour un amuseur public. Et aux Occidentaux de se désoler que le nouveau dirigeant ukrainien se montre incapable de réformer le pays.

"Avant la guerre, beaucoup traitaient l'Ukraine comme un Etat défaillant, et Zelensky comme un dirigeant faible", relève l'analyste politique, Volodymyr Fessenko.

Quand, à l'aube du 24 février, Vladimir Poutine lance, le regard noir, l'invasion de l'Ukraine, Moscou est convaincu que l'offensive sera courte, que le faible pouvoir ukrainien s'écroulera.

«Nous sommes tous ici»

Kiev, Kharkiv, Lviv, Dnipro, Odessa: toutes les grandes villes ukrainiennes sont frappées, l'armée russe se dirige vers la capitale.

"Il y a eu des rumeurs comme quoi (le président ukrainien) allait s'enfuir", se souvient M. Fessenko.

La réalité est autre. M. Zelensky marque les esprits, apparaissant dans une vidéo filmée devant les bâtiments de l'administration présidentielle, en plein centre de Kiev, flanqué de ses conseillers.

"Nous sommes tous ici, nos militaires sont ici, les citoyens, la société, nous sommes tous ici, à défendre notre indépendance, notre Etat", lance-t-il, regard planté dans la caméra.

Après plus de dix mois de guerre, la fatigue se lit sur son visage et dans ses yeux cernés, mais tous les soirs sa détermination est la même, lorsqu'il s'adresse à la population dans des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux.

Entretemps, M. Zelensky et son armée ont infligé des humiliations surprises à Vladimir Poutine: en avril le Kremlin renonce à Kiev, en septembre il perd la région de Kharkiv (est) puis en novembre Kherson, capitale de la région éponyme dans le sud.

Si certains en Ukraine lui reprochent d'avoir échoué à préparer le pays pour la guerre ou le soupçonnent d'une dérive autoritaire, les Occidentaux ne cessent de faire son éloge.

Faisant de lui son homme de l'année, le quotidien britannique Financial Times n'hésite pas à le comparer à Winston Churchill, chef de guerre et premier ministre britannique face aux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

En Russie, à l'inverse, il est présenté comme le chef d'une clique de génocidaires néo-nazis ou de drogués, voire même comme Satan.

"L'Eglise orthodoxe russe doit officiellement proclamer que Zelensky c'est l'arrivée de l'Antéchrist !", s'énervait encore il y a quelques semaines le politologue Araïk Stepanian, à la télévision russe.

Mais c'est bien Volodymyr Zelensky, 44 ans, qui a la maîtrise du champ de bataille médiatique, qu'il apparaisse dans Vogue avec sa femme Olena ou à Kherson, quelque jours seulement après sa reprise aux Russes.

Résilience et résistance 

Son dernier fait d'armes ? Une visite historique à Joe Biden à la Maison Blanche, avant d'être chaudement applaudi par les parlementaires américains, quelques heures après s'être rendu à Bakhmout, point le plus chaud du front dans l'Est.

Des images contrastant avec celles d'un Vladimir Poutine qui travaille reclus au Kremlin, la plupart de ses apparitions se faisant par visio-conférence.

Volodymyr Zelensky a aussi usé habilement de sa popularité et des souffrances des Ukrainiens pour arracher plus d'armements, plus d'aide financière de ses alliés.

A cette fin, il présente régulièrement son pays en rempart face à l'impérialisme russe, en défenseur des valeurs démocratiques, comme en juin, lorsqu'il a dit devant les députés tchèques que Moscou visait "un vaste territoire de Varsovie à Sofia, de Prague à Tallinn".

Il est aussi incisif à l'égard de ceux qui lui suggèrent de faire des concessions à Moscou, comme le président français Emmanuel Macron.

M. Zelensky, qui a grandi dans la ville industrielle de Kryvyï Rig au cœur d'une région majoritairement russophone, n'était pourtant pas prédestiné à ce rôle.

Avant de se lancer en politique, il s'était forgé une belle carrière dans la comédie. En Ukraine, comme en Russie d'ailleurs, où il était invité par ces mêmes chaînes de télé qui l'invectivent aujourd'hui.

A partir de 2015, il interprète, dans une série à succès, un professeur d'histoire honnête mais naïf qui devient par hasard président de l'Ukraine.

La fiction rattrape la réalité avec son élection en 2019 par des Ukrainiens fatigués de leur classe politique corrompue et de leur président milliardaire, Petro Porochenko.

S'il n'a pas su répondre aux attentes de ses électeurs au début de son mandat, la guerre a tout changé.

"Zelensky s'est avéré être un vrai patriote, un battant, un chef", relève Volodymyr Fessenko.

A l'heure où des millions d'Ukrainiens doivent affronter l'hiver dans l'obscurité et dans le froid, il va devoir préserver la résilience des siens et la détermination de ses alliés.

"Il doit entretenir la volonté de la société de résister et (...) le soutien de l'Occident", note M. Fessenko, car "la lassitude de la guerre est un vrai défi".


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.