En Ukraine, les enfants de la ligne de front

Gleb Petrov, 14 ans, assis avec sa famille dans un sous-sol de la ville de Bakhmut, dans l'est de l'Ukraine, le 21 décembre 2022. (Photo de Sameer Al-DOUMY / AFP)
Gleb Petrov, 14 ans, assis avec sa famille dans un sous-sol de la ville de Bakhmut, dans l'est de l'Ukraine, le 21 décembre 2022. (Photo de Sameer Al-DOUMY / AFP)
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Publié le Mercredi 28 décembre 2022

En Ukraine, les enfants de la ligne de front

  • Bakhmout, l'un des points les plus chauds de la ligne de front dans l'est, est pilonnée sans répit par l'artillerie russe et les soldats ukrainiens qui y combattent la qualifient d'"enfer sur terre"
  • Des dizaines, voire des centaines d'enfants sont toujours coincés à Bakhmout, leurs parents ne pouvant ou ne voulant partir

BAKHMOUT/LYMAN: Elle se tient au bord de la route, petite silhouette rose fluo dans les ruines et la boue grise, guettant le passage des soldats ukrainiens qui ont toujours un petit cadeau pour les enfants comme elle, restés dans le chaos près du front.

Lisa Chtanko a 8 ans, des yeux bleus espiègles et des petites mains crasseuses. Elle vit avec ses parents dans une maison au bord de la route à l'entrée de Lyman, une localité de l'est quasiment détruite et entourée de forêts transformées en champs de mines, où elle a l'interdiction formelle de s'aventurer.

La zone a été reconquise par les forces ukrainiennes en octobre, après quatre mois d'occupation russe, mais la guerre continue, une frappe est d'ailleurs tombée dans la matinée près de sa maison.

Derrière le ton joyeux de la fillette, le choc est perceptible dans ses propos décousus, où elle évoque pêle-mêle les cadeaux des soldats, l'explosion qui l'a jetée hors du lit, la cuisine de sa maman et les éclats qui ont perforé la porte de la maison.

"Aujourd'hui, je ne suis pas de bonne humeur à cause des bombardements", s'excuse Lisa.

Viktor, son père, la couve des yeux. "Bien sûr qu'elle a peur. Il n’y a rien de plus effrayant que la mort qui rôde autour de vous. Mais elle est bien avec son papa", sourit cet électricien de 42 ans, qui offrira à sa fille pour Noël un jouet donné par une des associations humanitaires qui sillonnent la région.

Dans Lyman dévastée, où ceux qui restent vivent dans les caves des immeubles détruits, il n'y a presque plus d'enfants, que des personnes âgées. La plupart des familles ont fui et n'ont "aucune raison de revenir", dit Kostia Korovkine, père d'une petite Nastia de 6 ans, cachée derrière lui. L'homme dit n'avoir nulle part où aller.

Sans ami pour jouer, Nastia passe ses journées entre la cave et la rue à quelques pas avec les chiens du quartier. Elle monte quelquefois au 6ème étage de l'immeuble, seul point où l'on peut attraper un peu d'internet, pour suivre une leçon en ligne.

Devant l'entrée de l'immeuble, un résident a installé un petit sapin de Noël et pendu quelques bonbons aux branches, "mais il n'y a plus d'enfants pour les décrocher", lâche-t-il.

«Je ne pense pas à mon avenir»

Autre cave, autre ville. Mais ici, la guerre ne se contente pas de rôder, elle frappe, nuit et jour. Bakhmout, l'un des points les plus chauds de la ligne de front dans l'est, est pilonnée sans répit par l'artillerie russe et les soldats ukrainiens qui y combattent la qualifient d'"enfer sur terre".

"Bonjour, je suis Gleb". Au fond d'une cave aménagée où vivent depuis huit mois une vingtaine de personnes, un adolescent de 14 ans au visage sérieux de petit homme, cheveux ras et anneau à l'oreille, tend une main ferme aux visiteurs. Il est le seul mineur, tous les autres enfants sont partis.

Ses journées se passent presque exclusivement dans la cave. Il dort tard, aide les personnes âgées, prend soin du chaton noir qui a trouvé refuge dans l'abri, où parvient le bruit des explosions qui ravagent la ville.

"J'ai appris à reconnaître les tirs entrants et les tirs sortants", dit Gleb Petrov, dont le rêve ultime se résume à "sortir se promener avec un ami".

Pour tuer le temps, il fait des dessins - "je ne les montre pas, mais je les aime bien" -, essaye de lire les livres des grandes personnes, joue sur son téléphone quand il y a de l'électricité.

"Je ne pense pas à mon avenir, parce que je ne sais pas ce qui va se passer dans une heure, dans deux heures, ou demain", dit le garçon.

Stress chronique 

Des dizaines, voire des centaines d'enfants sont toujours coincés à Bakhmout, leurs parents ne pouvant ou ne voulant partir.

"Ces enfants sont déjà devenus des adultes", soupire Katherine Soldatova, bénévole d'une association qui a installé un abri dans le sous-sol d'une école. "Un sapin de Noël, une télé, de la chaleur... Tout pour qu'ils puissent se sentir un tout petit peu en sécurité".

Mais faire le trajet jusqu'à l'abri est extraordinairement dangereux. Deux civils ont été tués ces derniers jours sur le chemin.

C'est cependant une routine quotidienne à laquelle se raccroche Volodymyr, 12 ans. "On mange à la maison, on vient ici. Trois fois par jour", dit le gamin, les yeux perdus.

"Ces enfants sont dans une situation d'insécurité permanente. Le monde peut les trahir à chaque seconde, tout peut être détruit en un instant", explique la psychologue Alyona Loukiantchouk, de l'organisation ukrainienne SOS Children's village. "La difficulté, c'est que leurs parents aussi sont stressés, concentrés sur le fait de survivre".

Ce stress chronique "affecte la concentration, les ressources cognitives" et peut entraîner de graves troubles à moyen et long terme, souligne la psychologue, qui se refuse toutefois à parler de génération perdue.

"Je vais essayer d'être un peu optimiste. Il n'y a pas de lieu sûr en Ukraine, mais seul un petit pourcentage d’enfants vit sur la ligne de front. Ils auront besoin d'être suivis mais je suis sûre que beaucoup trouveront les ressources".


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.