CASABLANCA: Dès la première semaine de décembre, le rouge et le blanc, les sapins et les guirlandes habillent un nombre croissant de commerces de la capitale économique du Royaume. Les cafés, les boutiques, les hôtels ornent leurs vitrines de sapins décorés et de Pères Noël emmitouflés. Le Père Noël ou comme on l’appelle au Maroc, «Baba Noël», fait le show dans les grandes surfaces, particulièrement au Morocco Mall. Il s’agit du plus grand centre commercial du Maroc qui propose aux clients un programme riche en animations et spectacles pour petits et grands. Il en est de même à Tanger, au City Mall, principal centre commercial de la ville du détroit. Les fêtes de fin d’année et surtout Noël sont sans aucun doute une aubaine pour les commerçants.
C’est un Noël commerçant au Maroc, débarrassé des symboles cultuels, qui séduit de plus en plus de familles désireuses de multiplier les occasions de se retrouver, particulièrement après le confinement qui a considérablement bouleversé les interactions sociales.
Les retardataires se ruent sur les marchés aux fleurs ou dans les grandes surfaces qui proposent des sapins à la vente; l’arbre le plus prisé est le sapin de Noël Nordmann. À la veille de Noël, il se vend 1 200 dirhams (1 dirham marocain = 0,090 euro). Pour les moins aisés, ils optent pour les sapins artificiels dont le prix varie de 150 dirhams à 600 dirhams.
Les pâtisseries mettent en avant leurs bûches glacées et leurs chocolats. Les magasins de jouets surfent sur l’esprit de Noël pour attirer les clients.
Zakaria Ghassouli, directeur général de la plateforme d’e-commerce Avito.ma interrogé par Arab News en français, confirme ce constat.
«Juste avant Noël et jusqu’à la fin de l’année, on remarque une tendance haussière sur les catégories généralistes: meubles et décoration, montres et bijoux, sacs et accessoires, produits de beauté.»
«La catégorie informatique et multimédia est aussi prisée pour la période de fin d'année, en particulier les jeux vidéo et les consoles. Il s’agit chaque année d’une hausse de 20% en moyenne comparée à la moyenne annuelle de visites et d’intentions d’achats sur ces catégories. Cette saisonnalité reste plus prononcée dans les grandes villes en comparaison avec les petites villes.»
Noël, une occasion de partager des moments en famille sans religiosité
Dans certains pays européens qui connaissent un recul de la croyance religieuse, la fête de Noël est de plus en plus coupée de ses origines religieuses, mais elle subsiste comme fête traditionnelle.
Nul besoin d’être chrétien pour célébrer. Qui sont, alors, ces Marocains qui «fêtent» Noël?
Arab News en français est parti à leur rencontre.
Noël est un jour spécial pour Leïla et Hafid. Pour ce couple résidant à Mohammedia, à quelques kilomètres de Casablanca, c’est une fête familiale, l’occasion de se rassembler autour d’un bon festin et de s’offrir des cadeaux.
«Nous attendons de nous réunir pour le réveillon de Noël avec impatience. Les enfants surtout! Ils retrouvent leurs petits cousins, ils jouent ensemble et ils attendent le Père Noël – mon mari se déguise pour l’occasion – qui leur apportera des cadeaux… Nous sommes musulmans, donc nous ne prêtons aucune intention religieuse. C’est seulement une très belle occasion pour nous de partager de beaux moments en famille.»
Comme de nombreux Marocains, Leïla et Hafid se sont rués dans les grandes surfaces à la recherche de cadeaux soigneusement choisis à mettre sous le sapin, mais aussi des gâteries et des mets particulièrement appréciés qui garniront leur table le soir du réveillon de Noël: bûches, saumons, crevettes, dinde aux marrons, foie gras, huîtres, etc.
«On trouve vraiment de tout dans les rayons», se réjouit Leïla qui regrette toutefois la cherté de certains produits comme le saumon ou les bûches de Noël.
Noël, au soleil…
À Oualidia, petite ville côtière du Maroc dans la région de Casablanca-Settat, connue pour sa lagune, Hervé et Nina, deux Français installés au Maroc depuis plusieurs années, se réjouissent de célébrer Noël au soleil. Originaire de Strasbourg, en France, ville célèbre pour ses marchés de Noël, Nina a toutefois une pointe de nostalgie et elle regrette l’absence des membres de sa famille restée en France pour les fêtes. «C’est certain que c’est différent de fêter Noël au Maroc, c’est beaucoup moins festif ici, mais c’est normal. J’aime particulièrement l’idée de partager une fête, nous faisons de même le jour de l’aïd et je constate que nombre de Marocains se réunissent pour Noël. Nous faisons des cadeaux à des amis marocains et ils nous en font à leur tour. Seule ombre au tableau cette année, nous n’avons pas trouvé de foie gras à Oualidia.»
Karima est Franco-Marocaine, elle vit au Maroc depuis quatre ans. «Je vais passer les fêtes de fin d’année en famille à Rabat, chez ma tante et mon oncle. Je n’ai jamais vraiment fêté Noël, mais j’ai toujours vu Noël comme une période féérique et remplie de joie. Je pense qu’aujourd’hui, nous avons vraiment besoin de tels moments avec toutes ces crises… N’importe quelle fête est l’occasion de réchauffer les cœurs et de mettre de côté les aléas de la vie, du moins pour une soirée…»
Un Noël marchand et des marchés de Noël
Du 9 au 21 décembre, le Royal Club équestre Anfa Casablanca a accueilli le marché de Noël baptisé «Holymood». Soixante chalets et douze restaurants ont été mis en place pour animer le marché avec, au programme, une parade de Noël, un spectacle équestre, une kermesse, un spectacle de magie ou encore un concours musical.
Pas moins de cinq marchés de Noël sont organisés entre Rabat et Casablanca, comptant parmi les visiteurs de nombreux étrangers installés dans le pays ainsi qu’un nombre croissant de Marocains amusés par l’ambiance festive des lieux, et la magie de Noël…