PARIS: Comment instaurer une nouvelle dynamique dans le renforcement de la coopération des écosystèmes africains en matière d’innovation? Telle était la thématique abordée lors du premier congrès africain des start-up organisé par le ministère algérien de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Microentreprises, en décembre 2022, au Centre international des conférences Abdelatif-Rahal à Alger.
Placé sous le haut patronage du président, Abdelmadjid Tebboune, l’objectif de cet événement est d’unifier les efforts gouvernementaux pour renforcer le rôle des start-up contribuant au développement économique des pays. Selon les organisateurs, le congrès a permis l’échange d’expertises entre les représentants des trente-cinq pays participants. Vingt ministres, des représentants des institutions continentales et internationales et quatre-vingts experts du secteur ont évoqué diverses thématiques autour du numérique dont les politiques générales et l’accès aux sources régionales de financement. Selon le ministère de tutelle, la rencontre entre les ministres africains a permis de «soulever les problèmes et les défis liés au renforcement de la coopération interafricaine».
Lors de son intervention sur «le renforcement des écosystèmes africains des start-up», Mouloud Khelif, consultant en politique digitale, a indiqué qu’un effort devait être fait sur le développement du capital humain. Il précise que «les porteurs de projets ont des formations purement techniques, notamment dans le domaine de la technologie et de l’informatique, mais ils n’ont pas de notions dans le domaine du management, de la finance ou des compétences individuelles». De son côté, Patricia Nzolantima, entrepreneuse congolaise, plaide pour l’instauration d’un système de financement plus inclusif en Afrique, et ce via la création d’une banque africaine dédiée aux femmes entrepreneuses.
Feuille de route
La feuille de route africaine des start-up a pour objectif de créer une synergie entre les pays dans la mise en place de mécanismes pour le développement des écosystèmes africains autour de l’innovation qui enregistre une croissance exponentielle et génératrice de richesses. La feuille de route propose, entre autres, la facilitation de la circulation des sociétés et la diffusion des talents entre les pays.
Mobilité des jeunes talents et innovateurs, mise en place d’un fonds africain dédié aux start-up, financements conjoints, valorisation du capital africain, élaboration d'un réseau d'accélérateurs et d’incubateurs et création d’une agence africaine spécialisée figurent parmi les préconisations retenues dans la feuille de route. Cette dernière stipule aussi la mise en place de mécanismes d’accompagnement, d’encadrement et de financement afin que ces initiatives répondent aux besoins nationaux en matière de développement.
Enfin, pour pérenniser les efforts communs, les ministres africains sont convenus de la création d’un secrétariat permanent pour la Conférence africaine des start-up, chargé d’assurer le suivi et la mise en œuvre de la feuille de route d’Alger. Une initiative similaire a été décidée pour la création d’un Conseil ministériel africain chargé des start-up au sein même de l’Union africaine (UA) afin d’en faire un espace de dialogue à l’échelle du continent.
Révolution technologique
Selon de nombreux spécialistes, l’écosystème africain, disposant d’un vivier important en matière de compétences, de savoir-faire et de jeunesse, est en mesure de réaliser un saut qualitatif et quantitatif dans le domaine de l’économie de la connaissance et du numérique. «La prochaine révolution en Afrique sera technologique, grâce à l’élaboration de politiques pour le futur et la valorisation de l’innovation et des talents», a déclaré Yacine el-Mahdi Oualid, ministre algérien de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Microentreprises. Il ajoute que la feuille de route sera présentée à l’UA pour approbation. «Nous sommes fiers que l’Algérie soit l’initiatrice de ces propositions qui servent les start-up et l’innovation sur le continent africain», conclut-il.