RIYAD: La région du Moyen-Orient pourrait mener une révolution agricole en développant, pour la première fois, un type de fermentation de précision capable de convertir l’énergie en nourriture, selon les dernières recherches menées par l’entreprise Strategy& Middle East.
Dans son rapport, la société mondiale de conseil en gestion note que la population mondiale devrait atteindre 9,7 milliards d’ici à 2050. Tout le monde aura besoin de sources alimentaires durables. Le Moyen-Orient, et en particulier les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), pourrait jouer un rôle crucial dans la mise en place de méthodes agricoles en favorisant la durabilité.
«Le Moyen-Orient, en particulier le CCG, peut relever ce défi et produire des aliments sains et à faibles émissions de carbone», déclare Yahya Anouti, associé chez Strategy& Middle East.
«Le CCG est particulièrement bien placé pour mettre l’énergie au service de l’alimentation, puisque le coût des énergies renouvelables est le plus bas du monde», explique-t-il, ajoutant que l’énergie représente 40 à 60% des dépenses de production de protéines qui résultent de la transformation de l’énergie en aliments.
En supposant que les producteurs du CCG doivent subir des coûts non liés à l’énergie similaires à la moyenne mondiale, le leader de l’ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, NDLR) souligne que leurs protéines qui découlent de la transformation de l’énergie en aliments seront nettement moins chères que celles qui seront créées ailleurs dans le monde.
Le rapport indique en outre que le processus de transformation de l’énergie en nourriture aura une incidence minimale sur l’environnement; il nécessitera très peu de terre ou d’eau par rapport à l’agriculture traditionnelle, comme les protéines animales et végétales.
«Si les pays du CCG réussissent à agir comme des pionniers dans la transformation de l’énergie en aliments, l’utilisation des énergies renouvelables pour nourrir le monde pourrait devenir un projet prestigieux qui mettra en valeur les prouesses technologiques de la région et sa capacité à prendre des initiatives en matière de durabilité. Cela favoriserait également la diversification économique régionale», affirme Shihab Elborai, associé chez Strategy& Middle East et coresponsable de la plate-forme de développement durable de l’entreprise.
Citant des statistiques du groupe bancaire Crédit Suisse, le rapport note que le marché des protéines alternatives attire des investissements considérables et pourrait valoir 1 400 milliards de dollars (1 dollar = 0,94 euro) dans le monde d’ici à 2050.
Strategy& Middle East souligne que, pour tirer parti de cette révolution agricole potentielle, les pays du CCG devraient se mobiliser dans six domaines: la recherche et le développement, l’investissement dans les infrastructures, le développement de la chaîne de valeur, les talents, la réglementation et la politique, ainsi que la sensibilisation des consommateurs.
«L’alimentation est hautement réglementée, ce qui rend l’acceptation des consommateurs vitale. L’évolution rapide est essentielle pour répondre à la demande et réduire le coût par kilogramme de protéines produites par fermentation de précision», souligne Samer al-Chikhani, directeur chez Strategy& Middle East.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com