LONDRES: Plusieurs médias et journalistes occidentaux ont critiqué le geste de l'émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, accompagné du président de la FIFA, Gianni Infantino, de draper un bisht sur les épaules de Lionel Messi après la victoire en finale de son équipe sur la France.
Offrir ce vêtement est une tradition pratiquée par certains pays arabes qui permet d'honorer et de témoigner un profond respect à des personnalités importantes et influentes.
Alors que les yeux du monde étaient rivés sur Messi soulevant le trophée, le présentateur de la chaîne BBC Sport et ancien footballeur international anglais Gary Lineker s’est insurgé. «C’est un scandale d’avoir couvert le maillot argentin de Messi au cours d’un tel moment».
Pour le journal The Telegraph, il s’agit d’un «acte bizarre» qui a «entaché le plus grand moment de l'histoire de la Coupe du monde». De son côté, le Mirror a souligné en gros titre que Messi avait été «forcé de couvrir le maillot de l'Argentine».
Laurie Whitwell, journaliste sportif britannique pour The Athletic Football, a déclaré sur Twitter que le Qatar «voulait être présent sur les photos du trophée de la Coupe du monde». Il a qualifié le bisht de «tenue bizarre et inutile» et a estimé que le geste du Qatar était «grossièrement indulgent».
Dans un tweet qui a ensuite été supprimé, le correspondant d'ESPN Mark Ogden a comparé le bisht à «une cape qui laisse penser qu'il s'apprête à se faire couper les cheveux».
De tels propos ont suscité l'indignation de nombreux utilisateurs sur les réseaux sociaux, qui les ont qualifiés d'«ignorants» ou de «racistes», saluant au passage le geste des hôtes qataris.
«La prise de position de certains journalistes occidentaux révèle soit leur ignorance pure et simple, soit leur haine absolue à l'égard de la coutume et de la tradition locale», a écrit Ayman Mohyeldin, chroniqueur à MSNBC, sur Instagram.
Il a fait remarquer que «les athlètes vainqueurs reçoivent tout le temps des cadeaux à porter en fonction des traditions locales ou même de celles du tournoi», citant en exemple le jour où Pelé s'est vu offrir un sombrero lors de la Coupe du monde 1970 au Mexique.
M. Mohyeldin a ajouté que de telles formes d'ignorance et de haine sont «quelque chose que nous avons vu à maintes reprises tout au long de ce tournoi».
Plusieurs utilisateurs de Twitter ont de même répondu aux critiques des médias à l'égard du bisht en partageant des photos de Pelé portant un sombrero alors qu'il célébrait la victoire du Brésil en Coupe du monde il y a 53 ans.
«Messi a été drapé d'un bisht (qui lui a été offert par l'émir du Qatar) en signe de respect pour avoir été le plus grand joueur de tous les temps et avoir soulevé une Coupe du monde. C'est un moment mythique», a écrit un utilisateur sur Twitter, dénonçant le racisme de ces commentaires négatifs.
Susan Borden, vice-présidente du lycée Michael E. DeBakey au Qatar, a estimé dans un post LinkedIn que certains commentaires publiés en ligne sur le bisht étaient «désobligeants». «Lorsque c'est l'émir d'un pays en personne qui vous offre le bisht en le mettant sur vos épaules de ses propres mains, c'est le plus grand honneur qui puisse être accordé à un civil», a-t-elle soutenu.
Sur Twitter, un internaute a répondu à Ogden d'ESPN en affirmant que c'était «votre travail de journaliste de comprendre ce qui se passe avant de vous lamenter».
Un autre utilisateur a déclaré à Whitwell de The Atlantic que le geste de l'émir qatari était un signe d'appréciation. «C'est quelque chose que vous ne comprendrez jamais si vous ne purifiez pas votre cœur de la haine», a-t-il ajouté.
D'autres ont qualifié les journalistes qui ont critiqué le geste du bisht d'«enragés» et leur ont conseillé de «se calmer». Certains journalistes semblent, cependant, avoir compris la portée du geste.
«Je suis probablement en minorité ici, mais j'ai trouvé que Lionel Messi portant un bisht était une image agréable», a écrit le journaliste sportif Zach Lowy.
«Les bishts sont donnés aux guerriers arabes après une victoire au combat, ou à la royauté. Messi vient de gagner la plus grande bataille de toutes et s'est confirmé comme le roi du football», a-t-il ajouté.
«C'est un geste juste et respectueux pour Messi. Nous gagnerions à faire preuve de nuance dans notre critique du Qatar et de la FIFA», a souligné un internaute.
«Au lieu de profiter de ce moment pour favoriser l'entente interculturelle ou pour poser des questions critiques qui servent les intérêts des lecteurs, certains journalistes ont choisi d'utiliser leurs plateformes pour dénigrer un moment emblématique et festif de l'histoire du sport», a conclu M. Mohyeldin.
Tout au long de la Coupe du monde Qatar 2022, des internautes du monde entier se sont inquiétés des critiques de certains médias occidentaux à l'égard du pays hôte. Beaucoup ont qualifié cette rhétorique de «biaisée», «raciste» ou «islamophobe».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com