PARIS : Quelques milliers de personnes ont manifesté dimanche à Paris pour réclamer des droits pour les sans-papiers et dire leur opposition au futur projet de loi immigration du ministre Gérald Darmanin, a constaté une journaliste de l'AFP.
Derrière une banderole de tête proclamant «D'où que l'on vienne, où que l'on soit né.e, notre pays s'appelle solidarité», les manifestants, dont des sans-papiers et des militants répondant à l'appel de plusieurs collectifs de sans-papiers, d'associations d'aide ou encore de syndicats (CGT et Solidaires), ont défilé entre la Porte de la Chapelle et la place de la République, où ils sont arrivés en début d'après-midi.
«On dit à (Gérald) Darmanin (ministre de l’Intérieur) qu'on n'est pas des délinquants. On est des travailleurs», a clamé un militant dans le cortège organisé à l'occasion de la Journée internationale des migrants, chaque 18 décembre.
«Il faut une régularisation des sans-papiers durable et large», a déclaré à l'AFP Isabelle Enjalbert, présidente de la Cimade Ile-de-France. Or le projet de loi Darmanin prévoit «une régularisation a minima, uniquement sur des secteurs dit +en tension+ - parmi lesquels il n'y a même pas la restauration!», a-t-elle dit.
Le texte, qui doit être déposé début 2023, prévoit la création d'un titre de séjour pour les travailleurs sans-papiers dans les «métiers en tension», qui manquent de main-d’œuvre.
«Je veux avoir des papiers», a dit dans le cortège Cintia, une Nigériane qui travaille comme serveuse en France depuis 2011. Quelques mètres plus loin, Oumou, originaire de Côte d'Ivoire depuis 2012, a raconté avoir obtenu des papiers en 2020 mais a dénoncé «la difficulté à les faire renouveler».
«Les sans-papiers travaillent, sont souvent en famille, avec des enfants scolarisés. Comme ils n'ont pas de papiers, ils sont souvent en situation presque d'esclavage ou d'exploitation dans leur activité professionnelle. Or cette partie-là n'est pas traitée par le projet de loi, qui répond uniquement à des visées sécuritaires», a jugé Mme Enjalbert.
Le titre de séjour «métiers en tension» prévu par le gouvernement sera un titre annuel renouvelable, si le métier est «toujours en tension».
«On bosse ici, on vit ici, on reste ici», pouvait-on lire sur une banderole. «Sans papiers, en danger, nous ne sommes pas dangereux», «un logement pour tous», ont scandé plusieurs manifestants.