LONDRES: Le ministère de la Défense britannique a annoncé jeudi le lancement d'une enquête indépendante sur des comportements des forces armées britanniques en Afghanistan, soupçonnées notamment d'avoir tué huit personnes, dont trois enfants, durant des missions en 2011 et 2012 dans le pays.
Cette enquête couvrira les "comportements en question" des forces armées britanniques en Afghanistan "sur la période allant de mi-2010 à mi-2013", ainsi que la "pertinence de la réponse apportée par le ministère de la Défense", a indiqué le ministère dans un communiqué.
"Bien qu'il y ait eu plusieurs enquêtes approfondies sur les événements en question, s'il y a d'autres leçons à en tirer, il est juste que nous en tenions pleinement compte pour nous assurer que toutes les allégations sont traitées de manière appropriée et de la même manière, afin de garantir que notre personnel est correctement protégé contre de nouvelles enquêtes inutiles", a déclaré le ministre de la Défense Ben Wallace, cité dans le communiqué.
Cette enquête indépendante, qui sera dirigée par un ancien juge ayant déjà conduit des enquêtes concernant l'armée, devrait débuter début 2023.
"Les réclamations dans ces affaires portent sur le fait que des accusations pertinentes d'activités illégales (de la part des forces armées) n'ont pas fait l'objet d'une enquête appropriée", a expliqué jeudi devant le parlement le secrétaire d'Etat à la Défense Andrew Murrison.
Deux familles dont huit membres, incluant trois enfants, auraient été tués par des forces spéciales britanniques durant des raids en Afghanistan en 2011 et 2012 et qui se battent depuis plusieurs années pour obtenir justice, ont accueilli favorablement cette annonce, selon un communiqué de leur avocat.
"J'espère que maintenant qu'une enquête est ouverte, ceux qui ont commis ces crimes rendront des comptes", affirme ainsi un membre de la famille Saifullah, dont l'identité n'a pas été dévoilée.
"Ma famille a besoin de justice et nous espérons que cette enquête indépendante révèlera finalement la vérité", déclare un membre de la famille Noorzai, cité dans le même communiqué.
"Les accusations d’assassinat extra-judiciaires et leur dissimulation sont d'une telle gravité, et les inquiétudes exprimées (...) étaient si importantes et étendues qu'une enquête aurait due être lancée par le gouvernement il y a des années", a toutefois réagi Tessa Gregory, avocate au sein du cabinet Leigh Day qui représente ces deux familles.
Une enquête de la BBC diffusée en juillet et qui avait fait grand bruit au Royaume-Uni avait mis en évidence 54 cas de personnes tuées par balles en Afghanistan dans des circonstances suspectes par une unité des forces spéciales britanniques, des faits qui avaient été dissimulés par leur hiérarchie.