Retraites: Borne espère convaincre d'ici janvier

La Première ministre française Elisabeth Borne arrive pour une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 13 décembre 2022. (Photo, AFP)
La Première ministre française Elisabeth Borne arrive pour une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 13 décembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 15 décembre 2022

Retraites: Borne espère convaincre d'ici janvier

La Première ministre française Elisabeth Borne arrive pour une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris, le 13 décembre 2022. (Photo, AFP)
  • La Première ministre s'est montrée «intéressée» par la réforme votée chaque année par le Sénat visant à repousser l'âge de départ à 64 ans et accélérer l'allongement de la durée de cotisation
  • La gauche a affiché mercredi un «front commun» contre les projets de l'exécutif

PARIS: Elisabeth Borne a consulté de nouveau mercredi les groupes politiques sur sa réforme controversée des retraites, mettant à profit le report de sa présentation pour tenter d'amadouer la droite et la CFDT, au risque d'être accusée de tergiverser ou de craindre la mobilisation sociale.

La Première ministre s'est montrée "intéressée" par la réforme votée chaque année par le Sénat visant à repousser l'âge de départ à 64 ans et accélérer l'allongement de la durée de cotisation, a rapporté Hervé Marseille, président du groupe Union centriste au Sénat, à l'issue de son entretien à Matignon.

Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, a exposé cette réforme "très équilibrée" à Mme Borne, laquelle n'a cependant "donné aucune indication pour la réforme que présentera le gouvernement à la mi-janvier".

Son homologue à l'Assemblée Olivier Marleix avait plus tôt redit qu'il ne voulait pas d'une réforme "brutale" dans un contexte économique "difficile".

Le gouvernement privilégie un report progressif de l'âge de départ de 62 à 65 ans, sans écarter la piste d'un recul à 64 ans avec un allongement de la durée de cotisation, autant de propositions contestées par les syndicats et l'essentiel des oppositions.

La gauche a d'ailleurs affiché mercredi un "front commun" contre les projets de l'exécutif.

«Résistances»

"Ne passez pas le 49.3 sur les retraites", a demandé à Mme Borne la présidente du groupe écologiste à l'Assemblée Cyrielle Chatelain, pour qui "il doit y avoir un débat sur une mesure qui concerne l'ensemble des Françaises et des Français."

Initialement prévue jeudi, la présentation de la réforme promise par Emmanuel Macron avant sa réélection a été reportée au 10 janvier.

Il s'agit d'"atténuer" la portée du texte face aux "résistances", selon le patron des députés communistes André Chassaigne.

Pour le président du groupe MoDem Jean-Paul Mattei, deux points "sur le fond" sont intéressants: "les carrières longues et la pénibilité".

"On jugera quand on connaîtra l’ensemble de la réforme", a ajouté le député Horizons Frédéric Valletoux, pour qui la question de l’âge de départ "obsède tout le monde".

Sans majorité absolue à l'Assemblée, l'exécutif espère obtenir le soutien des Républicains qui détiennent, avec 62 députés et apparentés, assez de voix pour faire passer - ou capoter -- le texte.

Mais, pour l'instant, LR souffle le chaud et le froid. Olivier Marleix a assuré qu'une motion de censure n'était "pas le but" et que ses élus étaient tous favorables à une réforme, même s'ils sont divisés sur celle d'Emmanuel Macron.

C'est déjà la deuxième fois que le gouvernement appuie in extremis sur le frein. Fin septembre, le patron du MoDem François Bayrou s'était élevé contre un "passage en force" par un amendement budgétaire. L'exécutif avait alors temporisé et engagé des concertations.

A l'issue d'un deuxième dîner le 7 décembre, la piste privilégiée par le chef de l'Etat restait un report de l'âge à 65 ans, selon plusieurs convives.

Mais certains piliers de la majorité ont plaidé pour une mesure un peu moins clivante – 64 ans – alliée à une accélération de l'allongement de la durée de cotisation.

«Reprendre en main»

Depuis qu'Emmanuel Macron a annoncé ce nouveau report, tout le monde se perd en conjectures sur ses raisons, y compris au sein du camp présidentiel où les versions divergent et les piques fusent.

Une dissension entre le président, qui veut afficher son réformisme coûte que coûte, et sa Première ministre, plus prudente?

"Le gouvernement n'était pas sur la même ligne", "il y avait du flottement dans les rangs", croît savoir FO, semblant accréditer cette thèse.

M. Macron et Mme Borne "ont pris la décision ensemble", réfute-t-on dans l'entourage de la cheffe du gouvernement. Tout en relevant que cette dernière a "gagné une semaine", utile car les discussions avec les syndicats n'étaient "pas abouties sur l'équilibre du système".

Selon une source gouvernementale, c'est bien Elisabeth Borne qui voulait "reprendre en main" après avoir fait le constat qu'Olivier Dussopt "avait ratées" les concertations sur plusieurs sujets.

L'exécutif considère aussi qu'il y a une "carte à jouer côté CFDT", glisse un cadre de la majorité.

Emmanuel Macron a demandé au patron de Renaissance, Stéphane Séjourné, et à Sacha Houlié, président de la commission des Lois à l'Assemblée, de rencontrer Laurent Berger, secrétaire général du syndicat réformiste. "Je n’ai pas de place dans mon agenda avant début janvier", a répondu l'intéressé.

Le patron de la CGT Philippe Martinez a réitéré la menace de forte mobilisation dans la rue en janvier.

Ce report n'est "pas un recul", "nous tiendrons le calendrier" avec un vote au printemps et une entrée en vigueur à l'été, a assuré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.


Présidentielle : l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin laisse entrevoir ses ambitions

Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
Dominique de Villepin présente son livre intitulé Le Soleil noir de la puissance (Le Soleil noir du pouvoir) dédié à Napoléon et publié par les éditions Perrin, à Nantes, en France, le 4 octobre 2007 (Getty Images).
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  • l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».
  • « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. » temporise-t-il

PARIS : Dans un entretien à Mediapart mis en ligne samedi, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin laisse transparaître ses ambitions, refusant de « ne pas être aux avant-postes » pour mener « le combat ».

« Nous sommes confrontés à un choc historique qui a très peu de précédents », déclare l'ex-ministre des Affaires étrangères, interrogé sur le rôle qu'il compte jouer lors de la prochaine présidentielle. « Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes. »

Toutefois, « l'enjeu n'est pas de savoir si vous finirez par être candidat à une élection », temporise-t-il. « L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer, amener la scène politique à évoluer, amener le regard du citoyen à regarder différemment les acteurs politiques. »

Dominique de Villepin, âgé de 71 ans, fait régulièrement entendre sa voix sur l’actualité internationale, comme la guerre au Proche-Orient ou la chute de Bachar al-Assad, mais aussi sur l'instabilité politique en France depuis la dissolution.


À Mayotte, après le cyclone Chido, fruits et légumes désertent les assiettes

Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
Cette photographie montre un bâtiment détruit après le passage du cyclone Chido sur le territoire français de Mayotte dans l'océan Indien, le 14 décembre 2024 dans la capitale Mamoudzou. (AFP)
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  • Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien

Mtsangamouji, France: Bananes et maniocs à terre, c'est le garde-manger d'Abdou Abdillah qui s'est envolé le 14 décembre. Le cyclone Chido a ravagé sa petite parcelle située à Mtsangamouji, dans l'archipel français de Mayotte, ne lui laissant que des débris d'arbres et de plantes à déblayer.

"C'était pour nourrir mes enfants, ma mère", regrette le cultivateur de 58 ans en tronçonnant un cocotier tombé il y a un mois. Depuis Chido, les légumes et les fruits ont quitté son assiette. A la place, "on mange du riz et des frites", déplore-t-il.

La situation l'inquiète d'autant plus que le ramadan approche. Son début est prévu vers la fin du mois de février et il ne sait toujours pas ce que sa famille aura pour le foutari, le repas de rupture du jeûne.

Ousseni Aboubacar, qui cultive la parcelle voisine, partage la même inquiétude car la nourriture n'aura pas repoussé d'ici là. "Si nous avons de la pluie, il faudra attendre sept, huit mois", prévoit l'habitant de 54 ans.

Le modèle agricole dominant est le "jardin mahorais", une forme de polyculture qui assure une certaine autonomie alimentaire à cet archipel de l'océan Indien. Essentiellement vivrière, cette agriculture disséminée sur des milliers de petites parcelles familiales a été dévastée par le cyclone, qui a aussi ravagé de nombreuses habitations.

Sur une pente au bord d'un bidonville, Issouf Combo, 72 ans, porte des coups de chombo (machette) au sol. "Je replante du maïs", indique-t-il tout en mettant deux graines dans un trou.

Là où il y avait auparavant du manioc et des bananes, il n'y a plus que de la terre rouge semée de débris. Cette parcelle était la principale source de fruits et légumes de cet habitant de Mangajou.

Depuis Chido, Issouf Combo et sa famille font leurs courses au marché "mais ça coûte cher", précise son petit-fils de 17 ans, Nassem Madi.

- Prix en hausse -

Car sur les étals des marchés, les prix ont augmenté. Celui de Nini Irene, à Chirongui (sud), affiche le kilo d'oignons ou de clémentines à cinq euros, le kilo de pommes ou de poires à quatre: c'est un euro de plus qu'avant le cyclone.

La vendeuse de 27 ans, qui achète ses fruits et légumes à "des Africains" les faisant venir de l'extérieur de l'archipel, explique la hausse par la rareté nouvelle des cultures.

"On nous a donné des sacs de 20 kilos d'oignons. Avant Chido, c'était à 35 euros, et maintenant à 70 euros", explique-t-elle. Dans ses bacs, plus rien ne vient de Mayotte. Elle voit seulement de temps en temps des brèdes mafanes et des concombres locaux sur les stands de ses voisins.

Venu acheter des oignons, Archidine Velou arrive encore à trouver ce qu'il lui faut, sauf les bananes. "Nos aliments de base, c'est le manioc et les bananes, ça va être compliqué", dit l'homme de 32 ans en évoquant l'approche du ramadan, qui revient sur toutes les lèvres.

Un peu plus loin, Rouchoudata Boina s'inquiète surtout de ne plus trouver de brèdes mafanes, une plante très populaire dans la région.

Celles qui avaient survécu à Chido ont été éprouvées par la tempête tropicale Dikeledi, la semaine dernière, dit-elle. "Comment je vais faire avec mes enfants ?", questionne cette mère d'une fratrie de cinq dont l'alimentation, faute d'argent, se base désormais sur les féculents: pâtes le matin, pain l'après-midi, riz le soir.

Prévoyant la pénurie, la préfecture de Mayotte a pris le 23 décembre un arrêté assouplissant les règles d'importation de végétaux.

"Il y a un besoin important d'approvisionner Mayotte en produits frais", justifie auprès de l'AFP Patrick Garcia, chef du service alimentation à la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). L'arrêté a engendré le renouvellement automatique pour six mois des permis d'importation de fruits et légumes.