Le processus de paix turco-kurde de nouveau sur les rails?

Des combattants syriens soutenus par la Turquie, vêtus de masques en raison de la pandémie du coronavirus, participent à un défilé militaire pour célébrer la nouvelle promotion de cadets en présence de responsables de l'opposition, dans la ville de Jindayris, dans la région d'Afrin, sous emprise des rebelles, dans la province d'Alep, au nord de la Syrie, le 14 novembre 2020. (Photo AFP)
Des combattants syriens soutenus par la Turquie, vêtus de masques en raison de la pandémie du coronavirus, participent à un défilé militaire pour célébrer la nouvelle promotion de cadets en présence de responsables de l'opposition, dans la ville de Jindayris, dans la région d'Afrin, sous emprise des rebelles, dans la province d'Alep, au nord de la Syrie, le 14 novembre 2020. (Photo AFP)
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Publié le Mardi 17 novembre 2020

Le processus de paix turco-kurde de nouveau sur les rails?

  • Le processus de paix entre Ankara et les Kurdes a connu une fin abrupte en juillet 2015
  • Les Kurdes représentent 20% de la population turque, et une tentative de sécession aurait de graves répercussions sur Ankara.

ANKARA: Le débat sur la paix entre la Turquie et sa minorité kurde émerge de nouveau, alors que s’intensifient les allusions vers de potentiels terrains d'ententes pour relancer les pourparlers.

Changements politiques, intentions de vote fuyantes, difficultés le long de la frontière sud; les analystes estiment qu’une multitude de facteurs jouent un rôle dans les nouvelles prises de position du président Recep Tayyip Erdogan concernant les enjeux qui entourent le plus grand groupe ethnique minoritaire du pays.

Le processus de paix entre Ankara et les Kurdes a connu une fin abrupte en juillet 2015, après le meurtre de deux policiers dans la province sud-est de Ceylanpinar. L’incident a mené à la reprise du conflit kurde-turc, vieux de plusieurs décennies.

Lors des élections de juin 2015, le Parti démocratique populaire (HDP) a franchi le seuil des 10% pour devenir le premier parti pro-kurde à remporter des sièges au Parlement.

L’un des arguments en faveur du dégel des tensions provient de la crainte d'Ankara de voir les Unités de protection du peuple kurde syrien (YPG) encourager les Kurdes à décentraliser le pouvoir et créer un État kurde le long de la frontière sud. Les YPG sont considérés comme un groupe terroriste lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le groupe a mené une guerre de près de quatre décennies contre la Turquie, dans une tentative de gagner l’autonomie. Les Kurdes représentent 20% de la population turque, et une tentative de sécession aurait de graves répercussions sur Ankara.

Samuel Ramani, analyste du Moyen-Orient à l'université d'Oxford, a déclaré à Arab News: «Malgré les divergences idéologiques entre les communautés kurdes, les négociations de paix entre la Turquie et le HDP pourraient entraîner une période de retenue turque envers les communautés kurdes en Syrie et en Irak. Erdogan menace d’effectuer des offensives contre les milices kurdes dans le nord de la Syrie, et la victoire de Joe Biden aux élections américaines poussent certains experts à suggérer que cela pourrait se produire avant janvier", a-t-il ajouté.

 «La Turquie a également intensifié les frappes contre le Kurdistan irakien. Alors que le HDP rompt avec le consensus politique turc en s'opposant à l'opération «Printemps de la paix» en octobre 2019 et en approuvant le référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien, Erdogan ménage le HDP alors que les négociations sont en cours», a déclaré Ramani.

Ramani pense que le HDP devra s’adapter aux opérations militaires d’Erdogan en Syrie et en Irak à long terme. Il devra aussi évaluer si de telles actions constituent une violation suffisante pour dérailler un accord de paix.

Les experts notent qu'Erdogan s’aventure peut-être dans une nouvelle direction en raison de la grogne croissante au sein de sa propre base électorale. Un sondage récent suggère que les partis d'opposition bénéficient désormais de plus de 50% du soutien populaire.

Un remaniement est déjà en cours; le ministre des Finances du pays a démissionné le 8 novembre, un jour après que le gouverneur de la banque centrale ait été remplacé par décret présidentiel.

On pourrait donc voir des personnalités libérales revenir sur la scène politique, comme avec Lutfi Elvan, nommé aux Finances.

Pourtant les problèmes entre les autorités kurdes et turques abondent. Un livre intitulé «Devran», écrit par Selahattin Demirtas, ancien coprésident du HDP, est qualifié de «document terroriste» par un procureur turc. Cela a conduit à l'arrestation d'un homme du nom de Necmettin Islek dans la province du sud-est de Bitlis.

Le 30 septembre, un villageois kurde du nom de Servet Turgut, décède des séquelles de blessures subies en détention militaire. Il aurait été éjecté d'un hélicoptère, selon des témoignages.

Quant à Demirtas, il est emprisonné depuis le 4 novembre 2016. Ses avocats ont récemment porté l’affaire devant la plus haute cour de Turquie, après qu’Ankara ait refusé l’application d'une décision de la Cour européenne des droits de l'homme.

Necdet Ipekyuz, le député du HDP pour la province du sud-est de Batman, affirme pourtant que les voies de communications en vue d’un éventuel processus de paix restent ouvertes, et ce malgré les problèmes. «Compte tenu des développements dans la région, Ankara doit reconnaître que les solutions militaires sont inefficaces pour résoudre la question kurde. Des mesures apaisantes sont nécessaires pour redémarrer le processus», a-t-il déclaré à Arab News.

Ipekyuz, qui était impliqué dans le dernier processus de paix, affirme que les dirigeants devraient apprendre de leurs erreurs.

«Je veux voir la lumière au bout du tunnel. Les Kurdes ont maintenant peur de s’impliquer dans la vie politique. Les autorités devraient tenter de gagner leur confiance avec des mesures positives, comme par exemple le retrait des administrateurs des villes à majorité kurde, et l’assouplissement des règles qui régissent la liberté d'expression».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Dans Gaza affamée, des Palestiniens se rabattent sur la viande de tortue

(Photo AFP)
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  • Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
  • « La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

KHAN YOUNES, TERROIRES PALESTINIENS : Dans une bande de Gaza où les protéines sont rares, certains se résignent à manger des tortues marines.

« Les enfants étaient réticents, on leur a dit que c'était aussi délicieux que du veau », explique Majida Qanan, qui surveille les morceaux de viande rouge mijotant sur un feu de bois.

« Certains en ont mangé, d'autres pas. »

Faute de mieux, c'est la troisième fois que cette Palestinienne de 61 ans prépare un repas à base de tortue pour sa famille déplacée, qui vit aujourd'hui sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.

Depuis 18 mois de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le territoire et ses 2,4 millions d'habitants se trouvent dans une situation humanitaire critique.

« La famine n'est pas seulement un risque, mais elle semble se développer rapidement dans presque toutes les régions de Gaza », a averti un collectif d'ONG internationales cette semaine.

Depuis le 2 mars, Israël bloque toute livraison humanitaire, accusant le Hamas de détourner l'aide. Le mouvement palestinien dément ces accusations et accuse en retour Israël d'utiliser « la famine comme arme de guerre ».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), la bande de Gaza est aujourd'hui probablement plongée dans « la pire » situation humanitaire depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

En juin dernier, les acteurs du secteur humanitaire avaient évoqué des Palestiniens si démunis qu'ils en étaient parfois réduits à se nourrir d'aliments pour animaux ou d'herbe, et à boire l'eau des égouts.

Entretemps, une trêve, entrée en vigueur le 19 janvier, a permis d'augmenter les livraisons humanitaires, jusqu'au nouveau blocage israélien du 18 mars, suivi de la reprise de ses opérations militaires.

Les tortues, elles, sont tuées selon les rites halal, c'est-à-dire conformément aux préceptes de la religion musulmane, affirme Abdul Halim Qanan.

« S'il n'y avait pas de famine, on n'en mangerait pas, mais il faut bien compenser le manque de protéines avec quelque chose ».


Le président syrien reçoit un membre républicain du Congrès américain

Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
Le président Al-Sharaa rencontre Cory Mills, membre du Congrès américain, à Damas. (Courtesy : SANA)
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  • En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions
  • C'est la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

DAMAS : Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Le président syrien par intérim, Ahmad al-Chareh, s'est entretenu à Damas avec un membre du Congrès américain, a indiqué samedi la présidence syrienne, ce qui constitue la première visite du genre pour un élu américain depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Cory Mills, membre du parti républicain, est arrivé vendredi en Syrie, accompagné de Marlin Stutzman, également membre du parti de Donald Trump.

Le nouveau président a rencontré M. Mills au palais présidentiel à Damas en présence de son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a indiqué la présidence dans un communiqué.

Peu après l'arrivée d'Ahmed Chareh, Washington avait annoncé ne plus proposer de récompense pour son arrestation, après avoir reçu des « messages positifs » lors de la première visite officielle de diplomates américains à Damas après l'éviction de M. Assad.

Le nouveau gouvernement syrien cherche à obtenir une levée des sanctions internationales imposées à l'époque de Bachar al-Assad afin de relancer l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile.

Toutefois, certains pays souhaitent attendre de voir si les nouvelles autorités vont respecter les droits humains. 

En janvier, les États-Unis ont annoncé un allègement temporaire des sanctions pour « ne pas entraver » la fourniture de services essentiels à la population syrienne. Ils ont cependant précisé qu'ils n'envisageraient pas d'assouplir davantage les sanctions tant que des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le « terrorisme » n'auront pas été constatés.

Les sanctions économiques ont un impact lourd sur le pays, où 90 % des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Une délégation ministérielle syrienne et le gouverneur de la Banque centrale doivent participer à des réunions avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale à Washington la semaine prochaine, ont récemment indiqué deux sources proches des participants.

La visite des deux élus américains intervient alors que les États-Unis ont annoncé le retrait prochain d'environ un millier de soldats américains déployés en Syrie pour lutter contre les jihadistes.

Washington a également mis en garde le même jour contre le risque d'attaques « imminentes » en Syrie, selon un message diffusé sur le site de l'ambassade américaine, fermée depuis 2012.


Les États-Unis annoncent réduire de moitié leurs effectifs militaires en Syrie

Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
Les États-Unis ont commencé à retirer des centaines de soldats du nord-est de la Syrie, a rapporté le New York Times jeudi. (AFP/File)
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  • Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.
  • La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

WASHINGTON : Les États-Unis ont annoncé vendredi qu'ils allaient réduire de moitié leur présence militaire en Syrie, estimant avoir lutté avec « succès » contre le groupe État islamique (EI), même si des groupes djihadistes demeurent actifs dans un pays encore fragile.

Cette décision intervient près de trois mois après l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui est défavorable depuis longtemps à la présence américaine sur place et prône un retour à une politique isolationniste des États-Unis.

Les États-Unis sont présents sur le sol syrien depuis des années, notamment dans le cadre de la coalition internationale contre l'EI.

La présence américaine en Syrie va être ramenée « à moins d'un millier de soldats dans les mois prochains », sur environ 2 000 actuellement, a déclaré Sean Parnell, le porte-parole du Pentagone, dans un communiqué.

« Cette consolidation démontre les progrès considérables réalisés pour réduire l'attrait et les capacités opérationnelles du groupe Etat islamique, tant dans la région que dans le monde », a-t-il dit, évoquant plus globalement « le succès des États-Unis contre l'EI ».

Arrivé au pouvoir à Washington le 20 janvier, Donald Trump est depuis longtemps sceptique sur la présence militaire en Syrie. Et la chute fin décembre de Bachar al-Assad, remplacé à la tête du pays par une coalition menée par des islamistes, n'a pas changé la donne.

La prise de contrôle de pans entiers de la Syrie et de l'Irak par l'EI à partir de 2014 a déclenché l'intervention d'une coalition internationale menée par les États-Unis, dont l'objectif principal était de soutenir les unités de l'armée irakienne et les Kurdes qui combattaient l'EI au sol par les airs.

Mais Washington a alors aussi déployé des milliers de ses soldats pour soutenir ces troupes locales et mener ses propres opérations militaires.
« L'armée américaine va rester prête à mener des frappes contre ce qu'il reste de l'EI en Syrie », a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone, qui dit maintenir « des capacités importantes dans la région ».

Les États-Unis disposent actuellement d'environ 2 500 soldats en Irak, un chiffre appelé à diminuer.

La sécurité en Syrie reste précaire depuis la chute de Bachar al-Assad, après près de 14 ans d'une guerre déclenchée par la répression violente de manifestations antigouvernementales en 2011.

À la tête de forces de sécurité dominées par d'anciens rebelles islamistes, les autorités syriennes de transition ont la lourde tâche de maintenir la sécurité dans un pays multiethnique et multiconfessionnel où de nombreux groupes armés, parmi lesquels des djihadistes, sont encore présents.