LONDRES: Une collection d’anciens objets en verre provenant de Syrie seront exposés pour la première fois en Écosse avec le concours de réfugiés syriens. La collection de 30 pièces date d’il y a environ 2 000 ans. Elle a été découverte dans l’entrepôt d’un musée dans la ville de Paisley, située dans la région de Renfrewshire, où elle aurait été conservée depuis 1948.
Le musée, actuellement en cours de rénovation pour un montant de 42 millions de livres sterling (46,7 millions d’euros), a décidé d’impliquer dans l’exposition des Syriens locaux ayant fui leur pays à cause de la guerre, leur confiant l'étiquetage des objets en anglais et en arabe, de même que la mise en contexte de la collection, permettant ainsi de comprendre pourquoi elle est importante aujourd’hui.
Jamal Horani, un réfugié syrien, confie à Arab News que sa famille possédait sa propre collection modeste de verre en Syrie, mais que tous ont été contraints de tout laisser derrière eux lorsqu’ils ont fui la ville de Homs. «J’étais tellement heureux de voir ces objets venus de Syrie jusqu’en Écosse», s’exclame-t-il. «Je ne sais pas comment ni pourquoi ils sont arrivés là, mais je suis fier que nous ayons pu réaliser ces chefs-d’œuvre. Cela m’a ému et m’a fait penser à la Syrie. Voir ces objets me rappelle de vieux souvenirs, lorsque les touristes venaient des quatre coins du monde pour acheter notre verre», raconte sa sœur, Khadeja.
Une industrie réputée
Jusqu’au déclenchement de la guerre, l’industrie syrienne de verrerie était mondialement connue pour l’habileté de ses artisans.
«Les Syriens sont très sociables. Les familles se rendent visite et mangent ensemble. Les verres spéciaux servent généralement pour la décoration et non pour les repas, et nous en parlons à la jeune génération pour leur faire découvrir leur culture», explique Maryam, l’épouse de M. Horani.
Cette collection de verrerie aurait été achetée à un antiquaire en Syrie par la famille d'Elizabeth Spiers Paterson, avant d'être léguée au musée Paisley en 1948.
Joel Fagan, assistant de recherche au musée explique qu’il est «incroyable que les objets aient survécu. Nous aurions pu simplement les jeter dans une caisse, mais nous avons pensé que ce n'était pas acceptable. Nous avons voulu que la communauté syrienne puisse s’approprier ce musée. Ces objets datent d’une époque où le soufflage de verre venait tout juste d’être inventé, mais l’industrie de verrerie était florissante en Syrie jusqu’à ce que le conflit actuel éclate», ajoute-t-il.
La région de Renfrewshire abrite environ 200 réfugies syriens, dont 28 enfants qui sont nés dans la communauté depuis sa création dans le cadre du programme officiel de réinstallation mis en place par le gouvernement britannique en 2015.
«Nous ne savions pas grand-chose à propos de l’Écosse avant de venir, et nous avions peur de ne pas nous adapter au climat et à la nouvelle culture, mais nous avons pu nous entendre avec les Écossais et nous lier d’amitié avec eux. Nous faisons désormais partie de la communauté, tout en étant en même temps des invités», indique M. Horani.
Khadeja espère que l’exposition permettra aux visiteurs de découvrir une facette de l’histoire de la Syrie différente de celle à laquelle ils se sont habitués à l’époque moderne. «Nous voulons que les visiteurs comprennent la grandeur de notre civilisation et qu’ils sachent que notre verrerie est réputée dans le monde entier», conclut-elle.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com