Les discussions entre Londres et Bruxelles sur un accord commercial post-Brexit ont repris lundi matin à Bruxelles, sous la pression du calendrier qui suscite des doutes sur les chances de parvenir à un accord dans les temps.
«Voyons si nous trouvons un accord. Nous ne pouvons pas dire à ce stade si ce sera avant la fin de cette semaine, ni même quand - ou alors pas du tout», a déclaré un haut responsable européen. «Il est déjà extrêmement tard», a-t-il ajouté.
Le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, et son homologue britannique David Frost, qui se sont déjà parlés hier, ont échangé à nouveau dans l'après-midi dans l'espoir de trouver enfin un compromis après huit mois de discussions.
«Nous restons déterminés, patients, respectueux. Nous voulons que notre future coopération soit ouverte, mais équitable dans tous les domaines», a tweetté M. Barnier.
«Nous travaillons très dur pour obtenir un accord mais il y a encore beaucoup à faire», a déclaré M. Frost avant cette rencontre.
Il reste moins de 50 jours avant le 31 décembre, date à laquelle s'achèvera la période de transition post-Brexit pendant laquelle le Royaume-Uni -qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier- cessera d'appliquer les normes européennes.
Sans traité commercial pour régir leur relation, Londres et Bruxelles courent le risque d'un nouveau choc économique, qui viendrait s'ajouter à l'épidémie de coronavirus.
Les négociateurs doivent conclure un accord suffisamment tôt avant la fin de l'année pour permettre sa ratification par le Royaume-Uni, mais aussi par le Parlement européen qui se réunit pour la dernière fois de l'année la semaine du 14 décembre.
Le haut responsable européen a averti que si un accord était conclu trop tard pour que les députés européens puissent s'exprimer, des «solutions créatives» seraient nécessaires - sans donner plus de précisions.
«Si on trouve un accord, on trouvera des marges pour le ratifier», promet une deuxième source diplomatique, selon laquelle il sera «possible de négocier encore la semaine prochaine». «On n'est pas encore au bout du bout», ajoute-t-elle.
Selon des responsables des deux parties, chaque négociateur attend que l'autre fasse un pas sur les questions qui continuent de bloquer. Pour le Royaume-Uni, l'UE doit renoncer à ses espoirs de maintenir un large accès permanent aux eaux britanniques pour ses pêcheurs.
Bruxelles attend de son côté que Londres lui offre des garanties de concurrence équitable dans des domaines tels que l'environnement, le droit du travail ou les aides d'État.
«On est très stricts sur nos conditions. Elles sont acceptables», a insisté dimanche sur LCI le commissaire européen Thierry Breton. Si le Premier ministre britannique Boris Johnson «les respecte, il y aura un accord. S'il ne les respecte pas il n'y aura pas d'accord», a-t-il ajouté.
Les pourparlers sont entrés dans une phase cruciale au moment où une crise ministérielle secoue le gouvernement Johnson, avec le départ de deux fervents partisans du Brexit. Un porte-parole du Premier ministre a cependant nié que cette crise puisse adoucir la position du Royaume-Uni.
«Nous avons besoin de voir plus de réalisme de la part de l'UE sur ce que signifie pour le Royaume-Uni d'être un État indépendant», a-t-il expliqué.
Une visioconférence jeudi entre chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE -pour l'instant consacrée au seul Covid-19- pourrait constituer une échéance pour trouver un accord. Mais une nouvelle prolongation des discussions ne peut être exclue.