DOHA:La France de Kylian Mbappé, tenante du titre, se mesure à l'Angleterre, féroce vice-championne d'Europe, dans un croustillant quart de finale, samedi (20h00), avec l'espoir de rejoindre la Croatie de Luka Modric et l'Argentine de Lionel Messi dans le dernier carré du Mondial.
La presse affiche la confrontation à sa Une, de Paris ("Choc royal", Le Parisien) à Marseille ("Une couronne à défendre", La Provence), et plus près du Channel: "Un France-Angleterre au rapport de force aussi excitant qu'indécis", résume La Voix du Nord.
"Il y aura du respect, mais ça va être la guerre", a prévenu l'ancien international anglais John Terry, prédisant "un long match, peut-être une partie d'échecs", en tout cas "un vrai test" entre voisins, à la riche histoire commune mais pour la première fois opposés dans un match à élimination directe.
Les Bleus et les Three Lions ont rendez-vous à al-Khor, au nord de Doha, avec dans le viseur une demie face au vainqueur de Maroc-Portugal (16h00); un premier vrai sommet à gravir après un chemin sans grand obstacle jusqu'ici.
"C'est une étape supplémentaire mais sans stress, sans retenue", a positivé Didier Deschamps, axant son discours sur "le plaisir", la "sérénité" et "l'excitation".
Une victoire permettrait d'atteindre l'objectif minimal fixé par la Fédération française (FFF), en plus d'assurer probablement une prolongation au sélectionneur. Cela serait aussi un message fort: depuis le Brésil en 1998, aucun tenant du titre n'est parvenu à se hisser en demi-finale du Mondial suivant.
Des duels, pas de favori
L'affiche regorge de duels XXL: l'attaquant supersonique Mbappé face au tonique Kyle Walker, Olivier Giroud au contact de Harry Maguire, la bataille des jeunes milieux Aurélien Tchouaméni et Jude Bellingham, et le face-à-face entre les capitaines Hugo Lloris et Harry Kane, amis depuis une décennie à Tottenham.
La presse anglaise, sous l'encre du Telegraph, a tenté de chatouiller le gardien français, possible "talon d'Achille", mais le portier des Spurs a gardé son flegme et son sourire. "On fait abstraction de tout cela, pas besoin d'une motivation extérieure pour jouer un quart", a commenté Lloris, qui s’accaparera le record de sélections avec une 143e cape, une de plus que Lilian Thuram.
Le match des tribunes sera lui à l'avantage des Anglais: 8.000 d'entre eux sont attendus, contre environ 4.000 Français parmi les 65.000 spectateurs espérés, selon les chiffres livrés par la FFF. Sur le terrain, difficile en revanche de prédire qui part favori.
Chaque camp dispose de latéraux offensifs, de milieux pouvant se projeter et de flèches qui peuvent piquer à tout moment sur les ailes.
Pour les Anglais, l'ennemi public N.1 s'appelle Mbappé, meilleur buteur du tournoi avec cinq réalisations en quatre matches, capable de fulgurances et d'accélérations dévastatrices.
"S'il y a bien quelqu'un qui puisse stopper Mbappé, c'est Kyle Walker", relève toutefois John Terry auprès de l'AFP. Le joueur de Manchester City a déjà muselé l'attaquant du PSG en Ligue des champions, "il est sans doute le joueur le plus rapide en Premier League" et, "défensivement, il est très, très fort".
La légende de Chelsea a cependant une "seule inquiétude, c'est que l'on focalise notre attention sur ce duel" en oubliant Olivier Giroud, Antoine Griezmann et les "autres forces" de l'armada tricolore.
L'Angleterre ne manque pas de munitions non plus avec Phil Foden, Bukayo Saka et Harry Kane, son artificier en chef avec 52 buts au compteur, autant que Giroud, le recordman français, mais un de moins que l'Anglais Wayne Rooney.
«Un continent" avec le Maroc
Le vainqueur du "Crunch", surnom emprunté aux rugueux France-Angleterre en rugby, se rapprochera un peu plus de son rêve: un doublé historique pour les Bleus, inédit depuis le Brésil de Pelé en 1962, ou une deuxième étoile pour les Anglais, 56 ans après le Mondial-1966.
Vendredi, le suspense des premiers quarts s'est étiré jusqu'aux tirs au but. L’Argentine de Messi est venue à bout des Pays-Bas (2-2 a.p., 4-3 t.a.b.). Et la Croatie, finaliste en 2018, a créé la surprise en éliminant le Brésil de Neymar (1-1 a.p., 4-2 t.a.b.).
De quoi inspirer le Maroc, samedi face au Portugal?
"C'est une équipe qui peut gagner la Coupe du monde, nous, on est le Petit Poucet, la petite surprise, le petit caillou dans la chaussure", a tempéré le sélectionneur marocain Walid Regragui, tombeur de l'Espagne en huitième.
Mais face à l'équipe de Cristiano Ronaldo, peut-être de nouveau remplaçant, les Lions de l'Atlas auront l'avantage de jouer quasiment à domicile, tant leurs supporters sont nombreux au Qatar. "On n'a pas qu'un pays derrière nous, on a un continent et les Arabes", savoure Regragui.
Aucune équipe africaine n'a jamais atteint le dernier carré d'une Coupe du monde. Le Portugal a déjà disputé deux demi-finales, toutes perdues: contre l'Angleterre en 1966 et contre la France en 2006.