Interview: Le football, entre «ciment culturel» et «spectacle total»

L'équipe du Maroc célèbre la qualification en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2022 (Photo, AFP).
L'équipe du Maroc célèbre la qualification en huitièmes de finale de la Coupe du monde 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 06 décembre 2022

Interview: Le football, entre «ciment culturel» et «spectacle total»

  • Le football permet d’éprouver «en un raccourci de quatre-vingt-dix minutes la palette entière des émotions que l’on peut ressentir dans le temps de toute une vie»
  • «Certes, l’argent pervertit le football, mais c’est paradoxalement l’argent qui permet son développement»

PARIS: Journaliste, sociologue, actuellement enseignant-chercheur à l'Institut des Sciences du Sport de l'université Hassan 1 de Settat, le Marocain Abderrahim Bourkia a arboré différentes casquettes au cours de sa carrière. Il est aussi grand amateur de football, sport pour lequel il a consacré nombre de ses travaux. Alors que la Coupe du monde 2022 bat son plein, Arab News en français l’a interrogé sur le rôle que joue aujourd’hui le ballon rond et sur les raisons de l’engouement planétaire qu’il suscite.

Cette édition de la Coupe du monde est historique à bien des égards et Abderrahim Bourkia s’en réjouit. «Il était temps qu’enfin un pays arabo-musulman obtienne l’occasion d’organiser l’événement footballistique le plus important de la planète», commence-t-il.

Le sociologue loue le «rôle de ciment culturel» que joue ce sport et prédit qu’il sera facteur de rapprochement entre les pays de la région. «Nous avons bien vu que les bonnes prestations des sélections ont été vécues comme une victoire pour l’ensemble de la communauté», précise-t-il.

Cette édition 2022 est aussi selon M. Bourkia un moyen pour les «peuples des autres pays du monde de découvrir de très près une autre culture, arabe, musulmane en l’occurrence, loin des clichés et des stéréotypes véhiculés sur les pays arabes par certains médias».

Concentré d’émotions

Pour qu’un sport puisse susciter un tel impact, il doit néanmoins attirer les foules, être un vecteur de leur passion. Deux qualités que possède le football, un «référent universel» porteur, selon le sociologue, «d’une culture mondiale» à même de s’adresser à toutes les zones du monde, à toutes les générations.

Le ballon rond est aussi «un spectacle total», de la pelouse du terrain jusqu’au sommet des gradins. Tous y participent, les joueurs, qui donnent le meilleur d’eux-mêmes, faisant étalage de leur technique, rivalisant de prouesses, et le public qui «croit dur comme fer par sa participation infléchir le dénouement et changer le déroulement du match en faveur des siens».

Cette osmose entre les athlètes et leur audience permet d’éprouver «en un raccourci de quatre-vingt-dix minutes la palette entière des émotions que l’on peut ressentir dans le temps de toute une vie: la joie, la souffrance, la haine, l’angoisse, l’admiration et le sentiment d’injustice…» Des émotions que les supporters ne se privent pas d’exprimer, au profit de l’ambiance de tout rassemblement footballistique.

Abderrahim Bourkia brandit l'étude sociologique dont il est l'auteur (Photo fournie).

Car ce sport est également un formidable outil de lien social. «Le foot permet tout simplement d’être avec les autres, d’intégrer un groupe», explique Abderrahim Bourkia. Tout au long de l’année, les matchs des championnats nationaux attirent les foules. Des supporters vont soutenir leur ville ou leur quartier, se déplacent parfois loin de chez eux pour aller encourager leur équipe.

«On parle football partout, avec de parfaits inconnus rencontrés à l’occasion d’un match au stade, au café, à l’école, au travail. On rejoue le match d’hier, on fait nos propres prolongations, nos commentaires. On pourrait en parler sans fin.»

Le sentiment d’appartenance à une sélection nationale transcende néanmoins toute allégeance à un club, selon le sociologue. «Elle incarne l’idée d’un certain cosmopolitisme que le club qui représente la ville ne peut pas du tout symboliser.»

Une sélection permet de rassembler un pays entier sous sa bannière, faisant oublier ne serait-ce que le temps d’un match les animosités d’hier. Au Maroc, «les animosités, surtout entre les supporters du championnat, ont été oubliées pour encourager la sélection qui joue pour le drapeau national», applaudit M. Bourkia.

Sport business

Malgré ses qualités, le football n’est pas exempt de critiques, notamment celles fustigeant les sommes d’argent astronomiques qui gravitent dans son sillage. Un «business» en opposition directe avec les valeurs de la «classe populaire qui respire et érige ce jeu en exutoire».

L’accès aux stades ou aux chaînes de télévision qui retransmettent les matchs devient progressivement plus cher, au détriment de ceux qui ne peuvent pas en payer le prix. Malgré cela, le ballon rond «détient les records d’audience» et la passion qu’il suscite «reste intacte». «Certes, l’argent pervertit le football, mais c’est paradoxalement l’argent qui permet son développement», nuance le sociologue.

Les chiffres d’audience et le nombre de visiteurs ayant fait le déplacement au Qatar pour cette Coupe du monde montrent en tout cas que l’engouement pour le football reste vivace.


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.