États-Unis: L’adoption du No Ban Act est une bonne nouvelle pour les Arabes et les musulmans

En janvier 2017, Donald Trump avait publié un premier décret intitulé « Protéger la nation de l'entrée de terroristes étrangers aux États-Unis », fréquemment appelé « Muslim Ban ». (Brendan SMIALOWSKI/AFP)
En janvier 2017, Donald Trump avait publié un premier décret intitulé « Protéger la nation de l'entrée de terroristes étrangers aux États-Unis », fréquemment appelé « Muslim Ban ». (Brendan SMIALOWSKI/AFP)
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Publié le Jeudi 23 juillet 2020

États-Unis: L’adoption du No Ban Act est une bonne nouvelle pour les Arabes et les musulmans

  • En votant pour abroger le décret du « Muslim Ban » pris par Donald Trump en 2017, les démocrates envoient un message clair soulignant qu’ils sont un parti favorable à un meilleur accueil des immigrants
  • Malgré les faibles chances de succès d’adoption de la loi, la décision de la Chambre a été saluée par les organisations arabes et musulmanes du pays

CHICAGO : La Chambre des représentants américaine a approuvé mercredi un projet de loi qui révoque le décret controversé pris en 2017 par le président Trump qui refusait l’immigration de ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane. Le vote du No Ban Act (en opposition au « Muslim Ban ») empêche le président américain d’imposer à nouveau un tel décret.

Adopté à 233 voix contre 183, ce projet de loi est un acte fort qui affirme la politique des démocrates sur l’immigration, ceux-ci étant majoritaires à la Chambre. Ce projet de loi doit encore être adopté par le Sénat, dominé par les Républicains, et sur lesquels Donald Trump peut compter.

Même si le projet de loi était finalement adopté par le Sénat, le président aurait toujours le dernier mot. En effet, il pourrait mettre son véto au texte ; dans ce cas, ce dernier reviendrait au Sénat qui cette fois devraient l’adopter à la majorité des deux tiers.

« Les experts en sécurité nationale ont clairement indiqué que le « Muslim Ban » avait rendu notre pays plus dangereux », a déclaré Debbie Dingell, membre du Congrès. La parlementaire représente le douzième district du Michigan qui compte l’une des plus importantes populations arabes américaines du pays. « De solides politiques de sécurité nationale incluent la protection des piliers fondamentaux de notre démocratie : la liberté de religion, la liberté d'expression, la compassion et la justice », a-t-elle affirmé. « Mes électeurs ont fui la guerre et la violence dans leur pays d'origine, et leurs familles en font encore l'expérience. L'interdiction d’accès au territoire pour les ressortissants de nombreux pays musulmans maintient des familles séparées, et cela est contraire aux valeurs américaines. Je suis fière d'envoyer un message clair indiquant que nous ne laisserons pas la peur et la haine nous diviser. En tant qu'Américains, nous devons être unis pour protéger les valeurs et les idéaux qui contribuent à cette grande nation. »

La loi No Ban Act, abréviation de National Origin-Based Antidiscrimination for Nonimmigrants Act, a été introduite en avril 2019 par le sénateur du Delaware Chris Coons et la représentante de Californie Judy Chu. En janvier 2017, Donald Trump avait publié un premier décret intitulé « Protéger la nation de l'entrée de terroristes étrangers aux États-Unis », fréquemment appelé « Muslim Ban ».

Souvent considéré comme discriminatoire envers les musulmans, le décret a été révisé à plusieurs reprises, visant les citoyens des pays musulmans comme l'Iran, la Libye, la Somalie, la Syrie et le Yémen. Il avait été appliqué pour les habitants originaires de la Corée du Nord ou pour certains représentants du gouvernement vénézuélien. L’interdiction a ensuite été élargie pour inclure le Nigeria, le Soudan et le Myanmar.

Plusieurs tribunaux ont considéré ce décret comme inconstitutionnel. Cependant, la Cour suprême américaine a jugé en juin 2018 qu'il relevait des pouvoirs constitutionnels du président. L'adoption de la loi No Ban Act annulerait cette décision de la Cour suprême.

Soulagement des associations arabes et musulmanes

Malgré les faibles chances de succès d’adoption de la loi, la décision de la Chambre a été saluée par les organisations arabes et musulmanes du pays. La question de la discrimination des populations musulmanes reviendra au cœur de l’élection présidentielle. S’il était élu, le candidat Joe Biden a dors et déjà affirmé qu’il annulerait le « Muslim ban ».

Wael Al-Zayat, PDG d'Emgage Action, une organisation de défense des musulmans à Washington, a déclaré que cette nouvelle législation mettrait fin à la discrimination de l'administration de Trump contre les musulmans. « Le « Muslim Ban » est absolument contraire à nos valeurs américaines de diversité, d'inclusion, de liberté et de justice. Son existence constituera à jamais une tâche dans notre Histoire. Aujourd'hui, nous nous sentons fiers à nouveau d’être Américains. Nous exhortons maintenant le Sénat à adopter la loi du No Ban Act. »

Farhana Khera, directrice exécutive de Muslim Advocates, a pour sa part affirmé que « pour la première fois, la Chambre a adopté un projet de loi sur les droits civils des musulmans. Il nous a fallu faire beaucoup de rencontres et de discussions pour convaincre les leaders de la Chambre d'en faire une priorité. »

Certains groupes ont remis en question certaines dispositions du projet de loi qu’ils jugent anticonstitutionnelles, mais l’ont accueilli favorablement dans son ensemble. « Bien qu'il s'agisse d'une première étape importante, la loi n'est pas parfaite, a déclaré un porte-parole du Comité arabe américain de lutte contre la discrimination. Un passage fait un lien entre les communautés d'immigrants et la Covid-19. Ce langage est inapproprié et inutile. Il affaiblit la portée de la version finale de la loi. Depuis son entrée en fonction en 2017, l'administration Trump a continuellement ciblé les immigrants et les communautés de couleurs. »

Malgré la prise de conscience que la violence de la suprématie blanche est un problème grave, l'administration américaine continue de porter atteinte aux droits des communautés minoritaires et immigrantes. Les partisans du décret pris par Trump soulignent eux que sur les 50 pays à population majoritairement musulmane, la plupart ne sont pas touchés par les restrictions d'entrée aux États-Unis.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur ArabNews.com


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.