Nommé ministre de la Sécurité israélienne, le député d'extrême droite Ben Gvir inquiète les Palestiniens

Le législateur israélien d'extrême droite Itamar Ben-Gvir arrivant sur les lieux d'une explosion à un arrêt de bus à Jérusalem, le mercredi 23 novembre 2022. (AP)
Le législateur israélien d'extrême droite Itamar Ben-Gvir arrivant sur les lieux d'une explosion à un arrêt de bus à Jérusalem, le mercredi 23 novembre 2022. (AP)
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Publié le Samedi 26 novembre 2022

Nommé ministre de la Sécurité israélienne, le député d'extrême droite Ben Gvir inquiète les Palestiniens

  • Compte tenu des opinions ultra-extrémistes de Ben-Gvir, il faut s'attendre à davantage de violence et d'instabilité dans les territoires palestiniens et à Jérusalem-Est
  • Ben-Gvir se verra attribuer un portefeuille de sécurité élargi qui comprendra notamment la police des frontières en Cisjordanie occupée

RAMALLAH : Les Palestiniens sont très préoccupés par le fait que le politicien israélien d'extrême droite Itamar Ben-Gvir ait été nommé ministre de la Sécurité nationale dans le cadre d'un accord de coalition avec le parti Likoud du Premier ministre désigné Benjamin Netanyahu, qui devrait former le gouvernement le plus à droite de l'histoire du pays.

Compte tenu des opinions ultra-extrémistes de Ben-Gvir, il faut s'attendre à davantage de violence et d'instabilité dans les territoires palestiniens et à Jérusalem-Est.

Il a été condamné en 2007 pour incitation au racisme contre les Arabes et soutien à un groupe considéré par Israël et les États-Unis comme une organisation terroriste.

Ben-Gvir se verra attribuer un portefeuille de sécurité élargi qui comprendra notamment la police des frontières en Cisjordanie occupée.

Ibrahim Melhem, porte-parole du gouvernement palestinien, a déclaré à Arab News que les Israéliens « devraient s'inquiéter de la nomination de Ben-Gvir plus que les Palestiniens eux-mêmes », du fait de son idéologie extrémiste, raciste et colonialiste.

Melhem précise : « Contrairement à ce qu’il a promis, il ne parviendra à leur assurer ni la sécurité ni la stabilité, et ne vaincra pas non plus le peuple palestinien. Sa nomination signifie de plus grands sacrifices pour les Palestiniens et, en retour, moins de sécurité pour les Israéliens ».

Mustafa Barghouti, Secrétaire général de l'Initiative nationale palestinienne, explique à Arab News : « C'est une évolution dangereuse, et cela signifie que l'ensemble du nouveau gouvernement israélien s'oriente vers une politique fasciste, puisque Ben-Gvir sera responsable de la mosquée Al-Aqsa, de la police israélienne et des Palestiniens vivant en Israël ».

Il ajoute que le monde doit se rendre compte du « résultat de son silence face aux crimes successifs d'Israël au cours des dernières décennies. Il doit imposer des sanctions et un boycott au gouvernement israélien et considérer le parti de Ben-Gvir comme un parti terroriste ».

M. Ben-Gvir s’est toujours farouchement opposé au statut d'État palestinien. En effet, il a fait partie des colons en Cisjordanie, territoire qu'Israël a occupé lors de la guerre de 1967.

Il a été vu brandissant une arme à feu face à des manifestants palestiniens à Jérusalem-Est occupée pendant la campagne électorale.

Ben-Gvir soutient également la prière juive dans le complexe de la mosquée Al-Aqsa, un lieu sacré à la fois pour les musulmans et les juifs. Ce lieu a été le théâtre d'affrontements répétés entre des musulmans et des visiteurs juifs défiant les règles interdisant la prière aux non-musulmans.

Il a également promis de mettre en place des restrictions punitives sans précédent pour les prisonniers palestiniens.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a déclaré que l'accord impliquant Ben-Gvir aurait un « impact potentiellement catastrophique sur le conflit israélo-palestinien » et entraverait la relance des négociations entre les deux parties, au point mort depuis 2014.

Le ministère a une nouvelle fois demandé à la communauté internationale de réagir à l'évolution de la situation et de faire pression sur le nouveau gouvernement afin de garantir que les politiques racistes à l'encontre des Palestiniens ne soient pas mises en œuvre.

Basem Naim, chef du département politique du Hamas à Gaza, a déclaré à Arab News : « Nommer Ben-Gvir à ce poste, c'est comme nommer un criminel fugitif au poste de gouverneur de la police.

« De notre point de vue, en tant que Palestiniens, la question ne sera pas très différente, puisque l'essence même du travail des services de sécurité sionistes est raciste et repose sur l'oppression des Palestiniens et leur exploitation par tous les moyens ».

Le colonel à la retraite David Hacham, ancien conseiller pour les affaires arabes au ministère israélien de la Défense, a déclaré à Arab News que cette nomination était une mesure prévisible de la part de Netanyahu.

Il ajoute toutefois : « Nous devons nous attendre à des différences entre les positions et les déclarations antérieures de Ben-Gvir, et son comportement effectif suite à sa nomination ».

Son arrivée au gouvernement a incité le département d'État américain à déclarer qu'il attendait de tous les responsables de la nouvelle administration israélienne qu'ils partagent les valeurs d'une « société ouverte et démocratique, y compris la tolérance et le respect de tous dans la société civile ».

Dans le même temps, un récent sondage réalisé par l'Institut israélien pour la démocratie montre que 71 % des Israéliens soutiennent l'exécution des prisonniers palestiniens qui ont mené des opérations ayant fait des morts et des blessés, contre 63 % en 2018.

Quelque 55 % des Israéliens seraient favorables à l'exécution d'agents sur le terrain, contre 37 % lors de l'enquête précédente.

Les résultats révèlent également que 45,5 % des personnes interrogées sont favorables à des tirs nourris en direction de la population palestinienne en réponse à toute provocation, contre 27,5 % il y a quatre ans.

Le soutien à l'armée israélienne garantissant qu'elle ne viole pas les lois internationales de la guerre a diminué.

Qadri Abu Bakr, chef de la commission des affaires des prisonniers et anciens prisonniers, a déclaré à Arab News que les prisonniers palestiniens « sont prêts à faire face à de nouvelles mesures répressives, et si l'un de leurs droits est violé, ils riposteront certainement ».

Par ailleurs, le groupe extrémiste israélien « Price Tag » a brûlé quatre véhicules palestiniens vendredi à l'aube et a tagué des phrases racistes sur les murs des villes d'Abu Ghosh et Ein Naquba, à l'ouest de Jérusalem.


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.