LONDRES: Selon une enquête de la BBC, de plus en plus d’éléments montrent que les services de secours français ont fait preuve de négligence en répondant à l’appel d’un bateau de migrants qui a coulé dans la Manche en novembre dernier, entraînant la mort de trente et un passagers.
C’est le 24 novembre dernier que les gardes-côtes français du cap Gris-Nez ont reçu le premier appel du bateau de migrants, selon des documents consultés par la BBC.
Les passagers ont été invités à partager leur emplacement à partir de leurs téléphones portables. Quinze minutes plus tard, le bateau en détresse a été localisé à plus de 800 mètres à l’intérieur des eaux françaises, rapporte la BBC.
Les opérateurs français ont envoyé les renseignements aux gardes-côtes britanniques de Douvres vingt minutes plus tard et ils ont indiqué que le navire se trouvait désormais dans leurs eaux.
Douvres a répondu peu de temps après, déclarant que les signaux téléphoniques sur le bateau semblaient le positionner dans les eaux françaises.
La BBC déclare que les transcriptions des appels d’urgence passés aux gardes-côtes français suggèrent que les opérateurs ont insisté pour que les passagers appellent le Royaume-Uni pour obtenir de l’aide pendant plus de deux heures, même après qu’une patrouille française a signalé que le navire se trouvait toujours dans les eaux françaises.
Un rapport d’enquête de la police française, envoyé au journal Le Monde, signale que les autorités britanniques ont dépêché un navire de sauvetage sur les lieux. Elles ont également demandé à la France d’envoyer son patrouilleur, le Flamant, puisqu’il était plus proche.
Le Flamant n’a jamais été envoyé, soutient le rapport de police.
Cependant, les transcriptions des appels révèlent que les opérateurs français ont continué d’informer les passagers accrochés au bateau en détresse que l’aide était en route, alors que des cris étaient perceptibles en arrière-plan, rapporte la BBC.
Dans une conversation enregistrée la nuit, on entend une opératrice ridiculiser la personne qui l’a appelée après l’interruption de la conversation. «Tu n’entends pas, tu ne seras pas sauvé», ou encore «J’ai les pieds dans l’eau… Bah, je ne t’ai pas demandé de partir», déclare l’opératrice.
Les documents consultés par la BBC laissent entendre par ailleurs que les opérateurs ont repoussé, après avoir proposé leur aide, un autre bateau qui a failli chavirer cette nuit-là.
Seuls deux passagers ont survécu à l’accident et ont finalement été secourus par un bateau de pêche le lendemain, affirme la BBC.
«Si ces personnes se trouvaient dans les eaux françaises et s’il y a eu négligence ou erreur à un moment donné, il y aura des sanctions», a déclaré au Parlement le secrétaire d’État français chargé de la mer, Hervé Berville.
Ce dernier a refusé la demande d’entretien de la BBC.
La branche britannique d’examen des accidents maritimes dirige actuellement l’enquête sur la tragédie.
Entre-temps, des sources au sein de la justice française ont informé la BBC qu’elles envisageaient de lancer une enquête sur le rôle des services de secours français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com