Deux interpellations après la dégradation d'une statue de Victor Hugo à Besançon

Le sculpteur sénégalais Ousmane Sow pose, le 17 octobre 2003 à Besançon, lors de l'inauguration d'un bronze géant de l'écrivain français Victor Hugo, à l'occasion de la journée du refus de la misère. (AFP).
Le sculpteur sénégalais Ousmane Sow pose, le 17 octobre 2003 à Besançon, lors de l'inauguration d'un bronze géant de l'écrivain français Victor Hugo, à l'occasion de la journée du refus de la misère. (AFP).
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Publié le Vendredi 25 novembre 2022

Deux interpellations après la dégradation d'une statue de Victor Hugo à Besançon

  • Les deux suspects, âgés de 20 et 22 ans, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête de flagrance, ouverte après la découverte, lundi, de dégradations sur la statue de Victor Hugo, dont l'actuelle rénovation a fait l'objet d'une polémique
  • La statue, inaugurée en 2003, était en cours de restauration samedi quand le quotidien local, l'Est Républicain, a évoqué le travail réalisé par la fonderie de la Fondation Coubertin

STRASBOURG : Deux hommes ont été interpellés jeudi, suspectés d'avoir commis des dégradations sur deux statues à Besançon, dont l'une à l'effigie de Victor Hugo, oeuvres de l'artiste sénégalais Ousmane Sow, a-t-on appris auprès de la police.

Les deux suspects, âgés de 20 et 22 ans, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête de flagrance, ouverte après la découverte, lundi, de dégradations sur la statue de Victor Hugo, dont l'actuelle rénovation a fait l'objet d'une polémique.

La statue, inaugurée en 2003, était en cours de restauration samedi quand le quotidien local, l'Est Républicain, a évoqué le travail réalisé par la fonderie de la Fondation Coubertin, insistant sur les couleurs de la statue, et notamment sur l'aspect foncé du visage, en bronze, écrivant "Victor Hugo a pris un sacré coup de soleil".

Le quotidien citait notamment Béatrice Soulé, l'ancienne compagne et agent artistique de l'artiste (décédé en 2016), jointe "au Sénégal", qui semblait désapprouver le travail de restauration réalisé. "On dirait un Victor Hugo noir, ce qui n'a jamais été l'intention d'Ousmane" avançait-elle, soulignant que "le visage original était de couleur chair".

De nombreuses critiques et articles de presse sur la rénovation de la statue ont alors fleuri, en prenant notamment pour cible la maire de Besançon, l'écologiste Anne Vignot. Dans une tribune publiée par Le Figaro Vox, l'universitaire Xavier-Laurent Salvador taclait ainsi "le révisionnisme opportuniste de la mairie de Besançon".

Lundi, la statue a été retrouvée dégradée, une couche de peinture blanche recouvrant le visage et les mains de l'écrivain.

La mairie a alors annoncé déposer plainte, précisant que la rénovation, tant critiquée, n'était pas terminée.

Mercredi, "L'homme et l'enfant", une autre statue d'Ousmane Sow érigée à Besançon, a également été recouverte de peinture blanche sur les mains et le visage.

"Les blanchissements de ses œuvres sont des actes graves et alarmants qui relèvent d'un racisme profond et décomplexé que certains responsables politiques encouragent et alimentent", a réagi la mairie, appelant "à la cohésion" face à ce vandalisme raciste.

Sollicitée par l'AFP, Béatrice Soulé a regretté "un faux débat autour de la négritude supposée de cette nouvelle représentation" après "un malheureux article sur l'œuvre en cours, bien loin du résultat final", tout en apportant son soutien au patineur chargé de la restauration.

Ses remarques initiales portaient sur "une étape de travail", avant une concertation avec les professionnels de la restauration sur "la reprise à faire", a-t-elle expliqué. Elle a également exprimé son souhait d'adresser un droit de réponse au Figaro.

"Il est superbe ce Victor Hugo, une fois terminé", a-t-elle déclaré. "Il n'était pas terminé lorsqu'ils se sont tous enflammés."

Jeudi sur Twitter, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, s'est dite "scandalisée de voir des sculptures d'Ousmane Sow vandalisées".

"Mains et visages de la statue +L'homme et l'enfant+ blanchies : signature d'un acte explicitement raciste", a déploré la ministre, regrettant une attaque "nauséabonde contre l'œuvre d'un immense artiste sénégalais qui aimait tant la France".

Le procureur de Besançon, Etienne Manteaux, tiendra une conférence de presse sur cette affaire vendredi après-midi.


Bayrou s'exprimera la semaine prochaine sur le débat «être Français»

Fin février, François Bayrou avait annoncé dans un entretien au Figaro qu'il allait lancer des "conventions citoyennes décentralisées" au premier semestre pour débattre de ce sujet qui, une nouvelle fois, divise la classe politique autour de l'immigration.  Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggèrait pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social". (AFP)
Fin février, François Bayrou avait annoncé dans un entretien au Figaro qu'il allait lancer des "conventions citoyennes décentralisées" au premier semestre pour débattre de ce sujet qui, une nouvelle fois, divise la classe politique autour de l'immigration. Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggèrait pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social". (AFP)
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  • Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggèrait pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social"
  • Concernant sa prise de parole, le Premier ministre "choisira bien l'endroit où est faite cette déclaration", a précisé la porte-parole

PARIS: Le Premier ministre s'exprimera "tout début avril" sur le débat "qu'est-ce qu'être Français?", annoncé il y a près de deux mois, a déclaré mercredi la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.

"Aujourd'hui, le Premier ministre est en train de travailler sur les modalités" de ce débat, dont l'idée avait été lancée début février au lendemain de l'adoption par les députés d'une proposition de loi portée par la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, a précisé Mme Primas, qui s'exprimait sur Public Sénat.

Fin février, François Bayrou avait annoncé dans un entretien au Figaro qu'il allait lancer des "conventions citoyennes décentralisées" au premier semestre pour débattre de ce sujet qui, une nouvelle fois, divise la classe politique autour de l'immigration.

Aux "trois vertus républicaines, liberté, égalité, fraternité" qui fondent la "nation", le chef du gouvernement suggèrait pour ce débat d'"ajouter la laïcité et le contrat social".

Concernant sa prise de parole, le Premier ministre "choisira bien l'endroit où est faite cette déclaration", a précisé la porte-parole.

Par ailleurs, sur d'autres sujets, François Bayrou annoncera "dans les jours qui viennent" de "nouvelles mesures" pour lutter contre les déserts médicaux, et "à la fin de la semaine", "des mesures très structurantes" pour redorer l'attractivité du métier d'enseignant, a annoncé Sophie Primas.

Certes, ce ne sont pas thématiques "nouvelles", a-t-elle reconnu, mais "ce n'est pas de l'immobilisme de faire bouger des thématiques qui sont profondes et importantes", a-t-elle insisté face aux accusations d'immobilisme lancées par les oppositions, mais aussi par des responsables de formations participant au gouvernement, comme Edouard Philippe ou Laurent Wauquiez.


L’inquiétude des Français face à l’imminente publication d’un manuel de survie

Des visiteurs prennent des photos de l'horizon de la ville et de la Tour Eiffel depuis le belvédère de la Tour Montparnasse à Paris, le 15 septembre 2024. (AFP)
Des visiteurs prennent des photos de l'horizon de la ville et de la Tour Eiffel depuis le belvédère de la Tour Montparnasse à Paris, le 15 septembre 2024. (AFP)
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  • Cette initiative gouvernementale semble cristalliser l’anxiété collective
  • Le manuel de survie est-il un simple outil de prévention ou le préambule d’un basculement dans une ère de menaces accrues?

PARIS : Alors que la tension internationale ne cesse de croître, au sujet de la guerre en Ukraine, le gouvernement français s’apprête à distribuer, dans les prochaines semaines, un manuel de survie à tous les foyers français.

Loin de rassurer, cette initiative suscite une vague d’inquiétude et d’interrogations, totalement justifiée.

Le président russe Vladimir Poutine a brandi à nouveau la menace nucléaire, à l’adresse des pays européens alliés de l’Ukraine.

De son côté, le président français Emmanuel Macron a considéré dans son allocution télévisée du 5 mars, que la Russie est une menace, tout en appelant à un «débat stratégique» sur la protection des alliés européens.

Ces déclarations plutôt alarmantes interviennent alors que l’Europe, et la France en tête, sont sommées de se réarmer et de consolider leurs moyens de défense, à la suite du désengagement franc, exprimé par le président américain Donald Trump.

Il n’en faut pas plus pour qu’un climat anxiogène submerge les Français et ébranle la certitude jusque-là ancrée dans leur esprit, selon laquelle leur pays et leur continent, sont un espace de paix, garanti et protégé par la solidité historique des relations transatlantiques.

Or depuis le changement d’alliance brutal, opéré par le président américain, à la faveur de la Russie, cette garantie devient caduque et doit être compensée par les Européens eux-mêmes, alors que la recherche des moyens pour financer cet effort vire au casse-tête.

C’est dans ce contexte particulièrement délicat que le gouvernement français a dévoilé son intention de distribuer un manuel de survie aux crises, information accueillie avec circonspection par les Français.

S’agit-il d’une simple mesure préventive ou d’un signe avant-coureur d’un danger imminent?

Cette annonce ne fait qu’amplifier les craintes de la population française, confirmée par les sondages successifs.

Ils sont 76 pour cent à se dire inquiets par les évolutions de la guerre russe en Ukraine, et craignent une extension du conflit, selon un sondage de l’institut CSA pour la chaîne d’information CNEWS.

Dans un sondage de l’institut IFOP pour le journal 20 minutes, ce pourcentage de Français inquiets grimpe à 92 pour cent, même si le gouvernement a fait savoir que la publication du manuel était à l’étude dès le lendemain de la pandémie de Covid-19 et qu’il n’a rien à voir avec la situation de guerre en Ukraine.

Baptisé «France Résilience» ou «Tous résilients», ce manuel élaboré par le ministère de la Défense est en attente de validation par le Premier ministre François Bayrou.

Il s’inspire des manuels en vigueur dans les pays nordiques tels que la Suède ou la Finlande et il est conçu pour être pratique et accessible, et comprend trois axes.

Premier axe, les gestes de survie, ou comment se protéger, évacuer ou s’abriter selon la nature de la crise.

Deuxième axe, l’identification des signaux d’alerte, comme reconnaître les sirènes et se tenir informé à travers les médias et suivre les consignes officielles.

Troisième axe, l’engagement civil dans les différents dispositifs de volontariat tel que la Croix-Rouge, la sécurité civile ou autres.

Cependant, ce qui frappe surtout les esprits dans le manuel, c’est la constitution d’un kit de survie permettant à chaque individu de tenir en autonomie pendant trois jours.

Le manuel dresse une liste des principaux produits à stocker, dont l’eau en bouteille, les conserves et autres denrées alimentaires de base, les médicaments requis pour chacun ainsi que des médicaments de base, en plus des torches électriques et des piles.

«Est-on face à une mesure de prévention ou un signal d’alerte?», s’interrogent les Français sur les réseaux sociaux.

La publication de ce manuel ne fait pas l’unanimité, certains y trouvent une bonne décision permettant à chacun de mieux se préparer à d’éventuelles crises, mais d’autres ont à l’esprit le «timing» de sa publication.

Les plus suspicieux voient dans le manuel un aveu d’impuissance de l’État face aux risques, mieux encore pour d’autres, ce n’est qu’une manière de préparer les Français à une augmentation de leurs impôts, pour financer l’effort de réarmement.

Alors que la Russie intensifie sa guerre en Ukraine et que la France réaffirme son rôle de puissance nucléaire en Europe, cette initiative gouvernementale semble cristalliser l’anxiété collective.

Le manuel de survie est-il un simple outil de prévention ou le préambule d’un basculement dans une ère de menaces accrues?


Rabbin agressé: Retailleau pointe l'antisémitisme de «l'islamisme» et de «l'extrême gauche»

Cette photographie prise le 23 mars 2025 à Orléans, dans le centre de la France, montre le lieu de l'agression du rabbin d'Orléans la veille, pour laquelle un mineur a été arrêté. (AFP)
Cette photographie prise le 23 mars 2025 à Orléans, dans le centre de la France, montre le lieu de l'agression du rabbin d'Orléans la veille, pour laquelle un mineur a été arrêté. (AFP)
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  • "Les juifs représentent moins de 1% de la population nationale. Et pour autant, ils sont victimes de près de 60%" des agressions religieuses, a souligné le ministre de l'Intérieur
  • Le rabbin d'Orléans Arié Engelberg rentrait chez lui accompagné de son fils de neuf ans quand il a été agressé samedi

BELFORT: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a pointé lundi au cours d'un déplacement à Belfort le "double visage" de l'antisémitisme, celui "de l'islamisme" et celui de "l'extrême gauche", après l'agression samedi d'un rabbin à Orléans.

"Il y a un énorme problème aujourd'hui", a déclaré à la presse Bruno Retailleau en référence à un "retour de l'antisémitisme", qu'il faut "combattre pied à pied". Il a évoqué une multiplication par "plus que trois" des actes antisémites depuis l'attaque du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas en Israël.

"Les juifs représentent moins de 1% de la population nationale. Et pour autant, ils sont victimes de près de 60%" des agressions religieuses, a souligné le ministre de l'Intérieur.

"Mais cet antisémitisme, il a muté. Autrefois, il était d'abord le fait de l'extrême droite. Aujourd'hui, c'est résiduel", a-t-il assuré. "Il a désormais un double visage. Le visage de l'islamisme, qui est finalement un peu ce qu'était le fascisme d'hier, un catalyseur de la haine antisémite. Et un autre visage, celui de l'extrême gauche qui, sous couvert de l'antisionisme, attise les braises de l'antisémitisme".

Le ministre a pointé "l'énorme responsabilité" des "Insoumis", brocardant notamment la député européenne LFI Rima Hassan. "Quand Madame Rima Hassan déclare sur une radio nationale qu'elle trouve que le Hamas, qui est un mouvement terroriste, est légitime, quand on sait ce qu'ils ont fait, on tombe des nues", a-t-il déclaré.

Le rabbin d'Orléans Arié Engelberg rentrait chez lui accompagné de son fils de neuf ans quand il a été agressé samedi.

Une enquête a été ouverte pour "violences volontaires commises en raison de l'appartenance réelle ou supposée de la victime à une religion".

Un adolescent, soupçonné d’être l'auteur de l'agression, a été interpellé samedi soir et placé en garde à vue.

Une marche silencieuse "en soutien au rabbin" et "contre l'antisémitisme" est prévue mardi à 18H00 à Orléans.

Dimanche, le président de la République Emmanuel Macron a dénoncé le "poison" de l'antisémitisme, en promettant de ne céder "ni au silence ni à l'inaction" face à cela.