Mondial 2022 - Portrait : Yassine Bounou, l’ange gardien de la sélection marocaine

Le gardien marocain #01 Yassine Bounou embrasse le ballon lors de la séance de tirs au but lors des huitièmes de finale de la Coupe du monde Qatar 2022 entre le Maroc et l'Espagne au stade Education City à Al-Rayyan, à l'ouest de Doha, le 6 décembre 2022. (Photo, AFP)
Le gardien marocain #01 Yassine Bounou embrasse le ballon lors de la séance de tirs au but lors des huitièmes de finale de la Coupe du monde Qatar 2022 entre le Maroc et l'Espagne au stade Education City à Al-Rayyan, à l'ouest de Doha, le 6 décembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 07 décembre 2022

Mondial 2022 - Portrait : Yassine Bounou, l’ange gardien de la sélection marocaine

  • Si le Maroc arrive à se qualifier pour les quarts 4de finale, ça sera sans nul doute, en grande partie grâce à Yassine Bounou
  • Qui est ce personnage considéré comme l’un des meilleurs gardiens de but au monde? D’où vient-il? Où a-t-il fait ses classes? Retour sur le parcours de Bounou

CASABLANCA: Il était annoncé comme l’une des stars de la sélection marocaine pour ce Mondial 2022 et dès son premier match, il n’a pas manqué de le prouver. Dès son premier match face aux Croates de Modric, Yassine Bounou le portier des Lions de l’Atlas s’est révélé être un mur infranchissable. On se rappelle notamment la magnifique parade du portier marocain qui s’est interposé de tout son corps devant Vlasic pour garder le Maroc en vie juste avant la mi-temps. Sa prestation lors de cette rencontre lui vaudra l'admiration de beaucoup de fans du football.

Qui est ce personnage considéré comme l’un des meilleurs gardiens de but au monde? D’où vient-il? Où a-t-il fait ses classes? Retour sur le parcours d’un portier qui marche sur les pas d’une ancienne légende de l’histoire du football marocain et africain, le Ballon d'or africain 1986, Badou Zaki.

De Montréal à Casablanca
C’est à Montréal, au Canada, le 5 avril 1991, que le petit Yassine respire sa première bouffée d'oxygène, faisant de lui un binational puisque ses parents sont marocains. À l'âge de deux ans, il déménage à Casablanca, au Maroc et plus précisément dans le quartier Mers Sultan. 
C’est dans les rues de ce quartier que le jeune Bounou touche ses premiers ballons et joue régulièrement au foot avec ses amis du quartier.

Dès l'âge de 8 ans, son père l’inscrit à l'académie de football du mythique Wydad de Casablanca. Il ne faudra pas plus de deux ans pour que Yassine Bounou participe à sa première compétition la Casa Cup. Se démarquant par sa grande taille pour son âge, et ses excellents réflexes, l’entraîneur lui attribue rapidement le poste de gardien de but. C’est ainsi que commence la carrière sportive de Bounou, qui passera plus d'une décennie dans la catégorie des jeunes du Wydad de Casablanca tout en suivant sa scolarité au Lycée Lyautey de Casablanca.
Débuts professionnels
Yassine Bounou aurait pu lancer sa carrière professionnelle en 2009 à l'OGC Nice, mais son club formateur, le Wydad n'était pas encore prêt à se séparer de sa pépite. En 2010, à l'âge de 19 ans, Bounou est enfin appelé en équipe première pour seconder une légende du Wydad, Nadir Lamyaghri.

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Les supporters du Wydad de Casablanca, club formateur de Yassine Bounou. (Photo, AFP)

Le jeune gardien est régulièrement sur le banc des remplaçants, mais une blessure de Nadir Lamyaghri permet à Bounou, le 12 novembre 2011, d'être titularisé pour son premier match avec l'équipe première du Wydad AC. C’est devant 80 000 supporters, pour la finale retour de la Ligue des champions au Stade olympique d'El Menzah contre l'Espérance de Tunis, que Bounou garde les buts du Wydad pour la première fois. Malgré une défaite de son équipe, le jeune portier fait belle impression.

 En juin 2012, son contrat au Wydad AC prend fin pour le Casablancais qui n’aura pas l’occasion de montrer l'étendue de son talent, restant dans l’ombre de Nadir Lamyaghri. Cela ne lui empêche pas de susciter l'intérêt de plusieurs écuries européennes.

L’aventure espagnole

Le 15 juin 2012, Yassine Bounou signe un contrat d'un an avec l'Atlético de Madrid en tant que troisième gardien derrière Thibaut Courtois et Daniel Aranzubía. Il dispute la plupart de ses matchs en équipe réserve évoluant en D3 espagnole. Après le départ en 2014 de Thibaut Courtois, actuel meilleur gardien du monde, et Daniel Aranzubía (gardien numéro deux de l'Atlético), Yassine Bounou est promu en équipe première en tant que deuxième gardien après Jan Oblak, sans pour autant obtenir des minutes de jeu. Une déception pour le Marocain qui réclame son départ rapide pour un club où il trouvera sa place en tant que titulaire.

Le 1er septembre 2014, Yassine Bounou est prêté pour une saison au Real Saragosse en D2 espagnole. Yassine Bounou dispute au total 19 matchs de championnat et termine à la 6e place du classement de la D2 espagnol. Il rempile pour une seconde année avec le Real Saragosse. Il termine la saison 2015-16 à la 8e place du championnat d'Espagne de D2.

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Le gardien de but marocain Yassine Bounou fait des gestes d'encouragement lors du match de football du groupe F de la Coupe du monde 2022 du Qatar entre le Maroc et la Croatie au stade Al-Bayt à Al Khor, au nord de Doha, le 23 novembre 2022. (Photo, AFP)

Le 12 juillet 2016, Bounou est transféré et signe un contrat de trois ans au Girona FC. Il joue son premier match de la saison 2016-17 le 21 août 2016 face au Sevilla Atlético en Segunda División (match nul, 3-3). Pour la première fois de son histoire, Girona FC accède pour la première fois à la Liga après un nul face à Saragosse (0-0) en barrages qui valide la montée du club. L’empreinte de Bounou est bien visible, il est considéré comme l’un des artisans de cette montée en Liga, il dispute 21 rencontres en tant que titulaire.

Suite à une belle saison du Girona en Liga, Bounou réussit à se révéler en championnat espagnol, il remporte la première distinction personnelle de sa carrière en club et honore le prix du meilleur joueur africain d'Espagne attribué par France Football. Il figure également en tant que membre de l'équipe-type 2018 du Maghreb, attribuée également par France Football.
Le 14 janvier 2019, Yassine Bounou prolonge son contrat au Girona FC jusqu'en mi-2021. Il joue en total 32 matchs de championnat et termine la saison à la 18e place du championnat et voit le club être relégué en D2 espagnole. Cependant, Yassine Bounou hérite de l'intérêt de plusieurs clubs européens dont le PSV Eindhoven et le Séville FC, et ne veut pas rejouer en D2.

De gardien numéro 3 au Trophée Zamora

Comme à ses débuts avec l'Atlético Madrid, Bounou doit se résoudre à cirer le banc des remplaçants lorsqu’il rejoint le FC Séville. Mais un concours de circonstances, notamment lorsque son concurrent se blesse au milieu de la saison 2019-20, Yassine Bounou enfile les gants pour disputer une grande partie des matchs de la deuxième partie de la saison. 

Le 12 juillet 2020, il délivre même une passe décisive à Youssef En-Nesyri contre le RCD Majorque. Le 21 août 2020, il remporte la Ligue Europa face à l'Inter de Milan après s'être illustré avec ses arrêts décisifs en demi-finale face à Manchester United. 

Le 4 septembre 2020, Séville FC lève l'option d'achat de Bounou, désormais lié au club jusqu'en 2024, récompensant les bonnes performances de l'international marocain.
En février 2021, Bounou entre dans l'histoire du club après n'avoir encaissé aucun but pendant 528 minutes en Liga; dépassant le record de Beto, de 516 minutes, obtenu en 2015. Le mois suivant, fait rare pour un portier, Bounou marque le premier but de sa carrière professionnelle contre le Real Valladolid: mené 1-0 dans le temps additionnel de la seconde période, Séville bénéficie d'un corner où le ballon finit dans les pieds du Marocain qui effectue une frappe du gauche à l'entrée de la ligne des six mètres et permet aux siens d'arracher un nul inespéré.

La consécration pour Bounou interviendra en avril 2022, lorsqu’il remportera le Trophée Zamora devant son concurrent de championnat Thibaut Courtois. Le Trophée Zamora consacre le meilleur gardien du championnat espagnol sur une saison.

Le 17 octobre 2022, à l'occasion de la remise du Ballon d'or distribué au Théâtre du Châtelet à Paris, Thibaut Courtois remporte le Trophée Yachine, au détriment de Yassine Bounou, arrivé à la 8e position.

Les griffes du lion

C’est à partir de 2019 que Yassine devient un élément indispensable avec les Lions de l’Atlas. Après une Coupe africaine des Nations (CAN) ratée, Bounou est assuré de garder les cages des Lions pour la Coupe du monde. Il s’agit d’ailleurs de l’une des pièces maîtresses du nouveau sélectionneur, Walid Regragui. Le 10 novembre 2022, il figure officiellement dans la liste des 26 joueurs sélectionnés par Walid Regragui pour prendre part à la Coupe du monde 2022 au Qatar.

Pour son entrée en lice, la sélection marocaine n’aurait pas pu arracher le match nul sans l'héroïsme caractéristique de son gardien. Son assurance dans les cages rassure les défenseurs, et son charisme aide à mobiliser les troupes. Si le Maroc arrive à se qualifier pour les quarts de finale, ça sera sans nul doute, en grande partie grâce à Yassine Bounou.
 

 


Le Parlement libanais approuve un projet de loi sur le secret bancaire

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
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  • La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise
  • Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière

BEYROUTH: Le Parlement libanais a approuvé jeudi un projet de loi sur la levée du secret bancaire, une réforme clé réclamée par le Fonds monétaire international (FMI), au moment où des responsables libanais rencontrent à Washington des représentants des institutions financières mondiales.

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise imputée à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a désormais besoin de fonds pour la reconstruction.

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière.

Ces organismes pourront avoir accès à des informations telles que les noms des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

Le Liban applique depuis longtemps des règles strictes en matière de confidentialité des comptes bancaires, ce qui, selon les critiques, rend le pays vulnérable au blanchiment d'argent.

En adoptant ce texte, le gouvernement avait précisé qu'il s'appliquerait de manière rétroactive pendant 10 ans. Il couvrira donc le début de la crise économique, lorsque les banquiers ont été accusés d'aider certaines personnalités à transférer d'importantes sommes à l'étranger.

Le feu vert du Parlement coïncide avec une visite à Washington des ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l'Economie, Amer Bisat, ainsi que du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid, pour des réunions avec la Banque mondiale et le FMI.

M. Jaber a estimé cette semaine que l'adoption des amendements donnerait un "coup de pouce" à la délégation libanaise.

En avril 2022, le Liban et le FMI ont conclu un accord sous conditions pour un programme de prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord avec Beyrouth après des discussions avec M. Jaber. Le nouveau gouvernement libanais s'est engagé à mettre en oeuvre d'autres réformes et a également approuvé le 12 avril un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
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  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.


1983 – L'attaque contre les Marines américains à Beyrouth

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  • Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines
  • Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang

BEYROUTH: Le 23 octobre 1983, aux alentours de 6h25, une violente déflagration secoue Beyrouth et sa banlieue, jusque dans les hauteurs montagneuses. Le souffle, sourd et diffus, fait d’abord penser à un tremblement de terre.

Mais sept minutes plus tard, une seconde explosion, bien plus puissante, déchire la ville et ses environs, dissipant toute confusion: Beyrouth venait de vivre l’un des attentats les plus meurtriers de son histoire.

Je travaillais alors pour le journal libanais As-Safir en tant que correspondant de guerre. Beyrouth était assiégée, dans sa banlieue sud, dans les montagnes et dans la région du Kharoub, par des affrontements entre le Parti socialiste progressiste et ses alliés d'une part, et les Forces libanaises d'autre part, dans ce que l'on appelait la «guerre des montagnes».

Le sud du pays a également été le théâtre de la résistance armée des combattants libanais contre l'occupation israélienne. Ces combattants étaient liés à des partis de gauche et, auparavant, à des factions palestiniennes.

Des forces multinationales, notamment américaines, françaises et italiennes, avaient été stationnées à Beyrouth après le retrait des dirigeants et des forces de l'Organisation de libération de la Palestine, à la suite de l'agression israélienne contre le Liban et de l'occupation de Beyrouth en 1982.

Quelques minutes après les explosions, la réalité s’impose avec brutalité: le quartier général des Marines américains, situé sur la route de l’aéroport de Beyrouth, ainsi que la base du contingent français dans le quartier de Jnah, ont été ciblés par deux attaques-suicides coordonnées.

Les assaillants, non identifiés, ont lancé des camions piégés – chargés de plusieurs tonnes d’explosifs – contre les deux sites pourtant fortement sécurisés, provoquant un carnage sans précédent.

Comment nous l'avons écrit

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Au lendemain des attentats, Arab News faisait état de 120 morts parmi les Marines et de 20 morts parmi les Français, un chiffre nettement inférieur au décompte final.

L'attaque de la base américaine a tué 241 militaires américains – 220 Marines, 18 marins et trois soldats – et en a blessé des dizaines. Le bombardement du site militaire français a tué 58 parachutistes français et plus de 25 Libanais.

Ces attentats étaient les deuxièmes du genre à Beyrouth; un kamikaze avait pris pour cible l'ambassade des États-Unis à Aïn el-Mreisseh six mois plus tôt, le 18 avril, tuant 63 personnes, dont 17 Américains et 35 Libanais.

Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines. Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang, des morceaux de corps et de la confusion. Voici ce que nous, journalistes, avons pu voir au milieu du chaos qui régnait immédiatement après la catastrophe, et ce qui reste gravé dans ma mémoire plus de 40 ans plus tard.

La nuit précédente, un samedi, les Marines avaient fait la fête, divertis par un groupe de musique qui avait fait le voyage depuis les États-Unis pour se produire devant eux. La plupart dormaient encore lorsque la bombe a explosé.

Aucun groupe n'a revendiqué les attentats ce jour-là, mais quelques jours plus tard, As-Safir a publié une déclaration qu'il avait reçue et dans laquelle le «Mouvement de la révolution islamique» déclare en être responsable.

Environ 48 heures après l’attentat, les autorités américaines pointent du doigt le mouvement Amal, ainsi qu’une faction dissidente dirigée par Hussein al-Moussawi, connue sous le nom d’Amal islamique, comme étant à l’origine de l’attaque.

Selon la presse locale de l’époque, la planification de l’attentat aurait eu lieu à Baalbeck, dans la région de la Békaa, tandis que le camion utilisé aurait été aperçu garé devant l’un des bureaux du mouvement Amal.

Le vice-président américain, George H.W. Bush, s'est rendu au Liban le lendemain de l'attentat et a déclaré: «Nous ne permettrons pas au terrorisme de dicter ou de modifier notre politique étrangère.»

La Syrie, l'Iran et le mouvement Amal ont nié toute implication dans les deux attentats.

En riposte à l’attaque visant leurs soldats, les autorités françaises ont lancé une opération militaire d’envergure: huit avions de chasse ont bombardé la caserne Cheikh Abdallah à Baalbeck, que Paris considérait comme un bastion de présences iraniennes.

À l’époque, les autorités françaises ont affirmé que les frappes avaient fait environ 200 morts.

Un responsable de l'Amal islamique a nié que l'Iran disposait d'un complexe dans la région de Baalbeck. Toutefois, il a reconnu le lien idéologique fort unissant son groupe à Téhéran, déclarant: «L’association de notre mouvement avec la révolution islamique en Iran est celle d’un peuple avec son guide. Et nous nous défendons.»

Le 23 novembre, le cabinet libanais a décidé de rompre les relations avec l'Iran et la Libye. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Elie Salem, a déclaré que la décision «a été prise après que l'Iran et la Libye ont admis qu'ils avaient des forces dans la Békaa».

Un rapport d'As-Safir cite une source diplomatique: «Les relations avec l'Iran se sont détériorées en raison des interventions, pratiques et activités illégales qu'il a menées sur la scène libanaise, malgré de nombreux avertissements.»

Les attentats du 23 octobre étaient jusqu'alors le signe le plus évident de l'évolution de l'équilibre des forces régionales et internationales au Liban et de l'émergence d'un rôle iranien de plus en plus important dans la guerre civile.

Le chercheur Walid Noueihed m'a expliqué qu'avant 1982, Beyrouth avait accueilli toutes les formes d'opposition, y compris l'élite éduquée, appelée «opposition de velours», et l'opposition armée, dont les membres étaient formés dans des camps ou des centres d'entraînement palestiniens dans la vallée de la Békaa et au Liban-Sud.

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Vue aérienne de l'ambassade américaine à Beyrouth après l'explosion qui a fait 63 morts, dont 46 Libanais et 17 Américains. (AFP)

Il a indiqué que l'opposition iranienne au chah était présente parmi ces groupes et a décrit Beyrouth comme une oasis pour les mouvements d'opposition jusqu'en 1982. Toutefois, cette dynamique a changé lorsqu'Israël a envahi le Liban et assiégé Beyrouth, ce qui a entraîné le départ de l'OLP en vertu d'un accord international qui exigeait en échange qu'Israël s'abstienne de pénétrer dans Beyrouth.

Si les factions palestiniennes ont quitté le Liban, ce n'est pas le cas des combattants libanais associés à l'OLP, pour la plupart des chiites qui constituaient la base des partis de gauche libanais.

Les attaques contre les bases militaires américaines et françaises ont entraîné le retrait des forces internationales du Liban, explique M. Noueihed, laissant une fois de plus Beyrouth sans protection. Les opérations de résistance se sont multipliées, influencées par des idéologies distinctes de celles de la gauche traditionnelle, des groupes comme l'Amal islamique affichant ouvertement des slogans prônant la confrontation avec Israël.

En 1985, le Hezbollah est officiellement créé en tant qu'«organisation djihadiste menant une révolution pour une république islamique». Il s'est attiré le soutien des partis de gauche libanais et palestiniens, en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique.

Selon M. Noueihed, l'émergence du Hezbollah a coïncidé avec le déclin des symboles existants de la résistance nationale, ce qui semble indiquer une intention d'exclure toutes les autres forces du pays du mouvement de résistance, laissant le Hezbollah comme parti dominant.

L'influence iranienne au Liban est devenue évidente lors des violents affrontements entre le Hezbollah et Amal, qui ont fait des dizaines de victimes et se sont terminés par la consolidation du contrôle du Hezbollah au milieu de la présence des forces militaires syriennes.

Beyrouth se vide peu à peu de son élite intellectuelle, a souligné M. Noueihed. Des centaines d’écrivains, d’intellectuels, de chercheurs et de professionnels des médias ont fui vers l’Europe, redoutant pour leur sécurité, laissant derrière eux une ville désertée par ceux qui faisaient autrefois vibrer sa vie culturelle et académique.

Najia Houssari est rédactrice pour Arab News, basée à Beyrouth. Elle était correspondante de guerre pour le journal libanais As-Safir au moment du bombardement de la caserne des Marines américains.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com