MITROVICA, Kosovo: Le calme régnait mardi parmi la minorité serbe du Nord du Kosovo au lendemain de l'échec à Bruxelles des négociations entre Pristina et Belgrade sur la querelle des plaques minéralogiques, selon une journaliste de l'AFP.
Soumis à d'intenses pressions internationales et accusé par l'Union européenne d'être responsable du blocage, le Premier ministre kosovar Albin Kurti a annoncé dans la nuit avoir reporté de 48 heures à la demande de Washington une décision controversée sur le sujet.
Dans le Nord du territoire, où vivent environ 50.000 membres de la minorité serbe, les troupes de la Kfor, la force internationale emmenée par l'Otan ainsi que celles de l'Eulex, la mission de l'UE, étaient visibles, mais pas plus que les jours précédents, rapporte une journaliste de l'AFP.
Le dernier différend en date porte sur les quelque 10.000 membres de la minorité serbe du Kosovo dont les véhicules sont munis de plaques émises par la Serbie. Albin Kurti a décrété qu'elles devaient être remplacées par phases d'ici avril par des plaques de la République du Kosovo.
Des amendes de 150 euros devaient entrer en vigueur mardi pour les contrevenants. Mais le Premier ministre kosovar a annoncé dans un tweet avoir accepté une demande de report de 48 heures de la part de Jeffrey Hovenier, l'ambassadeur des États-Unis au Kosovo, qui s'était dit "préoccupé" et demandait un délai "pour permettre à l'UE et aux États-Unis d'encourager davantage les parties à trouver une solution".
Au cœur du problème, le refus de Belgrade de reconnaître l'indépendance proclamée en 2008 par le Kosovo, une décennie après une guerre meurtrière entre forces serbes et rebelles albanais. La minorité serbe du Kosovo, qui compte au total environ 120.000 membres, refuse sa loyauté à Pristina avec les encouragements de Belgrade.
La veille, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell n'avait pas réussi à arracher un accord à Bruxelles en accueillant Albin Kurti et le président serbe Aleksandar Vucic.
Il avait annoncé que si la partie serbe avait accepté un compromis pour éviter une "situation risquée", la partie kosovare l'avait rejeté.
Faute d'accord, Josep Borrell avait appelé "solennellement" les deux parties à la désescalade. "J'attends désormais du Kosovo qu'il suspende immédiatement les procédures liées aux plaques d'immatriculation dans le nord (du territoire), et j'appelle la Serbie à arrêter de délivrer des plaques à dénomination de villes situées au Kosovo", avait-il dit.
Le différend sur les plaques a provoqué l'ire des Serbes du Kosovo qui ont démissionné en masse des institutions kosovares. Des centaines de policiers, juges, procureurs et autres fonctionnaires ont quitté leurs postes, provoquant un effondrement de l'État de droit qui fait redouter un redoublement des tensions.