NEW YORK: Le groupe américain de médias Paramount Global a définitivement renoncé à vendre sa maison d'édition Simon & Schuster à sa rivale Penguin Random House, quelques semaines après une décision de justice bloquant la fusion entre ces deux géants du secteur au nom des lois sur la concurrence.
L'opération, portant sur un montant de 2,18 milliards de dollars, avait été annoncée en novembre 2020 et aurait réuni deux des cinq plus importants éditeurs américains.
Mais le ministère américain de la Justice, qui depuis l'arrivée au pouvoir de Joe Biden a durci la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, s'est opposé à cette fusion et a porté plainte un an plus tard.
Combinées, les deux entreprises pourraient baisser le nombre de livres édités et diminuer les avances versées aux auteurs, faisaient valoir les autorités.
Une juge leur a donné raison fin octobre, estimant que le gouvernement avait apporté la preuve que l'acquisition proposée "pourrait avoir pour effet d'affaiblir le jeu de la concurrence de manière significative" sur le marché des droits des livres à succès.
"Suite à cette décision (...), Paramount a résilié le contrat d'achat conformément aux termes en vigueur", a indiqué le groupe dans un document remis lundi à l'autorité américaine des marchés financiers (la SEC).
Penguin doit désormais lui payer une indemnité de rupture de 200 millions de dollars.
Lagardère intéressé
Sa maison mère, la société allemande Bertelsmann, a indiqué lundi que contrairement à ce qu'elle avait initialement annoncé, elle ne ferait pas appel de la décision de justice.
Avec 10 000 salariés dans le monde et près de 15 000 livres publiés par an, Penguin domine le marché de l'édition aux Etats-Unis.
Même sans la fusion avec Simon & Schuster, Penguin "continuera de croître significativement dans les années à venir, par ses opérations et par des acquisitions", a assuré Bertelsmann dans un communiqué.
"Le commerce du livre fait partie de l'identité de Bertelsmann depuis 187 ans, et cela ne changera pas", a affirmé son PDG, Thomas Rabe, en précisant viser une croissance de 5% à 10% par an pour la maison d'édition.
Le groupe a notamment publié en 2020 le premier tome des mémoires de l'ancien président des Etats-Unis Barack Obama, intitulé "Une Terre Promise", et celles de sa femme, Michelle Obama, en 2018, qui se sont écoulées à des dizaines de millions d'exemplaires.
Il s'apprête également à sortir les mémoires du prince britannique Harry, début 2023.
Paramount semble pour sa part toujours prêt à vendre Simon & Schuster, l'entreprise américaine soulignant dans son message à la SEC que la maison d'édition ne représente pas pour elle un actif stratégique et ne rentre pas dans sa stratégie globale.
Elle publie environ 2 000 livres par an, compte à son catalogue des auteurs de best-sellers internationaux comme le romancier Stephen King ou le journaliste Bob Woodward.
Le groupe français Lagardère, propriétaire d'Hachette Livre, avait indiqué fin octobre qu'il se porterait candidat à l'acquisition de Simon & Schuster si la vente de ce dernier au géant allemand Bertelsmann venait à échouer.
"Si Simon & Schuster était remis en vente par Paramount, nous serions bien sûr intéressés", avait déclaré Arnaud Lagardère, PDG du groupe qui porte son nom, lors d'une conférence téléphonique.
Lors de la mise en vente de cette maison en 2020, son entreprise était fortement affaiblie par la crise de la Covid-19.
Désormais, "nous sommes prêts à concourir (...) Et nous savons que Vivendi est avec nous quoi qu'il arrive", avait assuré Arnaud Lagardère.
Lagardère, dont le rapprochement avec le géant français des médias Vivendi est étudié jusqu'au 30 novembre par les autorités européennes de la concurrence, pourrait même s'y risquer avant d'obtenir le feu vert de Bruxelles, avait indiqué le dirigeant.