Au Kazakhstan, le président sortant Tokaïev donné largement gagnant

Un homme lit un document dans un bureau de vote lors des élections présidentielles du Kazakhstan à Astana le 20 novembre 2022 (Photo, AFP).
Un homme lit un document dans un bureau de vote lors des élections présidentielles du Kazakhstan à Astana le 20 novembre 2022 (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 21 novembre 2022

Au Kazakhstan, le président sortant Tokaïev donné largement gagnant

  • Selon trois sondages réalisés à la sortie des urnes, M. Tokaïev a obtenu entre 82,2% et 85,52% des voix
  • Une quinzaine de personnes ont manifesté à Almaty pour réclamer des élections libres et ont toutes été arrêtées

ALMATY, Kazakhstan: Le président sortant du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, a été largement réélu dimanche, selon des sondages, à la tête du plus grand pays d'Asie centrale, qui a vécu une année noire entre émeutes sanglantes et impitoyable lutte des clans.

Selon trois sondages réalisés à la sortie des urnes, M. Tokaïev a obtenu entre 82,2% et 85,52% des voix dans cette ex-république soviétique où 69,43% des 12 millions d'électeurs ont voté, d'après les premières estimations de la Commission électorale.

Le dauphin de M. Tokaïev est le vote "contre tous", crédité d'entre 3,40% et 5,2% des voix d'après ces sondages.

"Le peuple m'a clairement exprimé sa confiance et nous devons la justifier", s'est félicité M. Tokaïev.

Riche en ressources naturelles et situé au carrefour d'importantes routes commerciales, le Kazakhstan a plongé dans le chaos en janvier lorsque des manifestations contre la vie chère ont dégénéré en émeutes, avant d'être brutalement réprimées. Bilan: 238 morts.

Le pays reste traumatisé par cette crise et, signe que les tensions persistent, les autorités ont annoncé jeudi avoir arrêté sept partisans d'un opposant en exil, accusés de fomenter un "coup d'État".

Ce scrutin anticipé était pour M. Tokaïev, 69 ans, un moyen de consolider son pouvoir. Ce diplomate de formation s'est mué cette année en dirigeant implacable, faisant tirer sur les émeutiers en janvier, arrêtant des proches de son prédécesseur et mentor Noursoultan Nazarbaïev, puis tenant tête au président russe Vladimir Poutine.

«Pas de monopole»

Cette élection s'inscrit dans la longue tradition des scrutins joués d'avance au Kazakhstan, à l'image des précédentes présidentielles : 71% des voix pour M. Tokaïev en 2019 et 98% en 2015 pour M. Nazarbaïev.

Malgré ce score écrasant et l'absence de concurrence, M. Tokaïev a estimé que cette campagne avait été "équitable et ouverte".

A Astana et Almaty, les deux plus grandes villes du pays, l'AFP a vu plusieurs votants se prendre en photo devant les bureaux de vote, nombre d'électeurs invoquant l'"obligation" de montrer lundi la photo à leur employeur.

Une quinzaine de personnes ont manifesté à Almaty pour réclamer des élections libres et ont toutes été arrêtées par la police, a constaté l'AFP.

Malgré les affiches appelant les électeurs à "faire leur choix" pour les sept prochaines années, les cinq opposants de M. Tokaïev faisaient office de faire-valoir.

Arrivé au pouvoir en 2019 après la démission surprise de l'omnipotent Nazarbaïev, M. Tokaïev a officiellement entrepris de couper le cordon à la faveur de la crise de janvier, après avoir longtemps été considéré comme l'homme de main de son prédécesseur.

"Le principal est qu'il n'y ait pas de monopole au pouvoir", avait déclaré M. Tokaïev après avoir voté.

Mais M. Nazarbaïev, à la tête du Kazakhstan pendant trois décennies, a été le premier à le féliciter pour sa réélection, "preuve incontestable de la foi inébranlable du peuple dans (ses) réformes (...) et louant son attitude "lors des heures critiques" pour le pays, en référence à janvier.

Le président candidat avait fait campagne en portant son projet visant à créer un "Nouveau Kazakhstan", plus démocratique et moins inégalitaire. Mais les difficultés économiques persistent, tout comme les réflexes autoritaires.

Et selon le Fonds monétaire international, les tensions sociales, à l'origine des manifestations de janvier, pourraient réapparaître.

«Perte de temps»

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, M. Tokaïev s'efforce de resserrer les liens avec la Chine, mais aussi avec l'Europe, en contrepoids à l'influence russe.

Ces derniers mois, il a reçu la visite des chefs d'État russe, turc et chinois, ainsi que de hauts responsables européens, et même du pape François.

Et les promesses d'ouverture démocratique et de réformes économiques trouvent un écho dans l'électorat.

Comme Amina Aïtjanova, professeure de 46 ans, qui estime que le président Tokaïev a "extrêmement bien géré la situation" après les évènements de janvier.

Mais cette élection censée ouvrir l'ère du "Nouveau Kazakhstan" a donné un sentiment de déjà-vu, avec un paysage politique déserté, une opposition de façade et les pressions des autorités.

De quoi laisser nombre de Kazakhs désabusés, comme Alia Bokechova, étudiante de 19 ans à Astana. "C'est une perte de temps, on sait déjà qui va gagner", dit-elle à l'AFP.

Avant le scrutin, les observateurs électoraux internationaux de l'OSCE ont regretté que leurs recommandations "relatives aux libertés fondamentales et aux conditions d'éligibilité et d'inscription des candidats" soient "restées sans suite".


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Short Url
  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Short Url
  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Short Url
  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.