Macron dénonce la "violation" des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie

Emmanuel Macron s’entretenant avec son homologue chypriote à l’issue de leur réunion. (Photo Ludovic MARIN/AFP).
Emmanuel Macron s’entretenant avec son homologue chypriote à l’issue de leur réunion. (Photo Ludovic MARIN/AFP).
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Publié le Jeudi 23 juillet 2020

Macron dénonce la "violation" des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie

  • "Je veux une nouvelle fois redire la pleine solidarité de la France avec Chypre mais également avec la Grèce face aux violations de leur souveraineté par la Turquie
  • La marine grecque a été mise en état d'alerte mercredi après que la Turquie a dépêché des navires militaires à proximité de la plus orientale des îles grecques, Kastellorizo, pour accompagner un navire d'exploration gazière sous-marine

PARIS : Emmanuel Macron a dénoncé jeudi la "violation" des souverainetés grecque et chypriote par la Turquie en Méditerranée orientale, sur fond de regain de tensions entre Athènes et Ankara, en recevant à Paris son homologue chypriote Nicos Anastasiades.

"Je veux une nouvelle fois redire la pleine solidarité de la France avec Chypre mais également avec la Grèce face aux violations de leur souveraineté par la Turquie. Il n'est pas acceptable que l'espace maritime d'un État membre de notre union soit violé ou menacé. Ceux qui y contribuent doivent être sanctionnés", a souligné le président français.

La marine grecque a été mise en état d'alerte mercredi après que la Turquie a dépêché des navires militaires à proximité de la plus orientale des îles grecques, Kastellorizo, pour accompagner un navire d'exploration gazière sous-marine. 

Athènes a appelé Ankara à "cesser immédiatement ses actions illégales" qui "violent sa souveraineté et menacent la paix et la sécurité de la région".

En Méditerranée orientale, les questions énergétiques et de sécurité "sont l'enjeu de luttes de puissance, en particulier de la Turquie et de la Russie, qui s'affirment de plus en plus et face auxquelles l'Union européenne pèse encore trop peu", a ajouté Emmanuel Macron.

"Il y a un vide de la part de l'Europe" en Méditerranée orientale, a estimé de son côté Nicos Anastasiades. Mais "les initiatives" du président Macron "sont une lueur d'espoir" qui "peuvent permettre que la Méditerranée ne soit pas sous le contrôle de la Turquie ou d'un autre pays".

Les facteurs de tensions se multiplient ces dernières années sur cette mer où plusieurs puissances comme la Turquie, Israël, l'Egypte ou la Grèce sont en concurrence pour des ressources énergétiques. 

La dégradation de la crise libyenne, où Turquie et Russie sont en position de force, est un autre facteur de tension.  

Concernant la Libye, "nous ne pouvons pas laisser là aussi les puissances étrangères, quelles qu'elles soient, violer l'embargo sur les armes", a ajouté M. Macron, rappelant la mise en oeuvre nécessaire de sanctions "pour obtenir un cessez-le-feu et enclencher une dynamique réelle vers une résolution politique du conflit libyen".

La France a dénoncé à plusieurs reprises des ingérences turques dans la crise libyenne, et les tensions entre les deux pays sont montées d'un cran, particulièrement après un incident maritime entre deux bâtiments de guerre.

"Plus largement, l'Europe doit entreprendre une réflexion approfondie sur les sujets de sécurité en Méditerranée", a insisté Emmanuel Macron qui accueillera, pour évoquer ces questions, un sommet des pays du sud de l'Union européenne, appelé Med 7 (France, Espagne, Portugal, Italie, Grèce, Malte et Chypre), "à la fin du mois d'août ou au début du mois de septembre."


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.