Le président américain Joe Biden s'est rendu en Égypte la semaine dernière pour assister à une conférence sur la protection de l'environnement. Pourtant, le message qu'il adresse aux pays producteurs de pétrole est que l'environnement dans leur pays importe peu.
Il est difficile de trouver une autre explication aux efforts malavisés de l'administration Biden lors de la conférence sur le changement climatique de Sharm El-Sheikh, connue sous le nom de COP27, et à ses déclarations dans son pays au sujet de l'arrêt de la production de pétrole sur nos côtes.
Depuis de nombreuses années, les pays en développement demandent aux pays industrialisés de les indemniser pour les pertes et les dommages causés par le changement climatique. Ces paiements sont désignés par l’appellation « pertes et dommages ». Jusqu'à ce mois-ci, les États-Unis et les pays de l'UE, à l'exception du Danemark, avaient rejeté ces demandes.
Si Biden lui-même n'a pas encore donné son accord pour le paiement des pertes et dommages, le tsar du climat de l'administration Biden, John Kerry, a accepté de discuter du concept.
Pendant que Kerry envisage de dépenser l’argent des contribuables américains – des fonds dont les États-Unis ont cruellement besoin – Biden continue de pousser l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d'autres producteurs de pétrole à augmenter leur production, afin que les électeurs américains ne lui reprochent pas les prix élevés de l'essence lorsqu'ils iront faire le plein de leur SUV.
Entre temps, Biden cherche à plaire à son parti démocrate, en interdisant la fracturation, en annulant des oléoducs et en faisant d’autres déclarations anti-pétrole chez lui, aux États-Unis, au détriment des emplois et de l'autosuffisance énergétique des Américains. Si à l'approche des élections de mi-mandat, la Maison Blanche avait affirmé qu'elle exhortait les compagnies pétrolières américaines à produire davantage de pétrole, il n’en demeure que ce message sonnait faux et semblait destiné à éviter que les électeurs ne blâment l’administration pour les prix ridiculement élevés à la pompe.
Rappelons que, presque aussitôt après avoir prêté serment, Biden a émis un décret suspendant la location de pétrole et de gaz sur les terres fédérales afin de tenir sa promesse de campagne de réduire la production pétrolière. Lorsque Biden était candidat, il avait déclaré qu'il n'y aurait « aucune possibilité pour l'industrie pétrolière de continuer à forer, point final ». La raison pour laquelle les démocrates sont si déterminés à nuire à l'économie américaine en supprimant des emplois n'a jamais été clairement établie.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour présenter deux acronymes américains aux lecteurs d'Arab News. Il s'agit de NIMBY et BANANA. NIMBY signifie « Not In My Backyard » (pas dans mon jardin) et BANANA « Build Absolutely Nothing Anywhere Near Anything » (ne rien construire près de quoi que ce soit). Ces expressions sont ressorties à chaque fois qu'un projet peu attrayant est proposé pour un endroit donné et que les personnes qui y vivent ou y travaillent ont le pouvoir de l'arrêter.
Le président veut que l'Amérique ait du pétrole bon marché, mais il veut que les pays du Golfe en subissent les conséquences environnementales.
Jason D. Greenblatt
La menace peut être la construction de logements sociaux dans un quartier riche, où les riches ne veulent pas avoir à côtoyer les pauvres. Il peut s'agir de transformer une zone boisée en centre commercial, cédant ainsi une partie attrayante de la région pour que quelques personnes puissent gagner de l'argent. Ou encore, il peut s'agir d’un projet ayant un impact négatif sur l'environnement, comme, par exemple, le forage pétrolier.
Le président veut que l'Amérique ait du pétrole bon marché, ou du moins, plus abordable, et en abondance. Mais il veut que les pays du Golfe, loin des côtes américaines, subissent les conséquences environnementales de l'extraction du pétrole du sol, de son raffinage et de son transport vers les États-Unis.
Biden veut permettre à ses donateurs d'avoir le beurre et l'argent du beurre : beaucoup de pétrole et du gaz bon marché, sans conséquences environnementales désastreuses. Laissons l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis payer ce prix, semble-t-il dire. On peut ainsi résumer sa position à ces deux acronymes : NIMBY et BANANA. Extraire du pétrole du sol ? Pas dans notre jardin. Augmenter la capacité des raffineries ? Ne construisez absolument rien à proximité de quoi que ce soit... aux États-Unis.
Le président doit supposer que ces pays sont si avides d'argent qu'ils permettront la concrétisation de sa vision d'une Amérique à la fois respectueuse de l'environnement et bénéficiant d'une essence à 3 dollars le bidon. Biden mise sur l'idée que les dirigeants arabes diront : « Bien sûr, nous ferons le sale boulot pour vous au prix très bas que vous exigez ! »
Tant que les libéraux en limousine de Biden sont heureux, il l’est aussi. Et les limousines ont besoin de beaucoup d'essence. Biden dit essentiellement aux pays de l'OPEP+ : « Sacrifiez votre environnement pour que les Occidentaux puissent prétendre qu’ils ne sont pas à l’origine de l'impact négatif du pétrole sur l'environnement. Vous faites le sale boulot et, en contrepartie, nous vous signons des chèques ». C'est là le NIMBY et le BANANA dans toute leur splendeur !
Les pays de l'OPEP+ vont-ils désormais faire la queue pour le paiement des pertes et des dommages ? Quel montant Kerry est-il prêt à faire signer par le Trésor américain à des pays comme l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, maintenant que ces pays et d'autres pays de l'OPEP+ font notre sale boulot ? Ce même sale boulot que Biden entend ne plus autoriser aux États-Unis. Ces sommes suffiront-elles à payer les dégâts environnementaux qui seront causés pendant que Biden réduit les prix du pétrole pour ses partisans tout en prétendant protéger l'environnement ? Tout ce qu'il fait en réalité, c'est balayer la pollution sous le tapis.
Le principal problème du mouvement écologiste est son hypocrisie pure et simple. Prenez le cas d’Al Gore, qui se rend en jet privé à des événements où il se plaint de la façon dont nous détruisons l'environnement... alors qu’il se déplace lui-même en jet privé. Il arguera sûrement qu'il achète des compensations de carbone en contrepartie. S'il vous plaît, Al, si vous voulez vraiment protéger l'environnement, restez chez vous. N'avez-vous pas entendu parler de Zoom ?
Les progressistes du camp de Biden ne veulent pas permettre aux Américains de faire des forages... sur le sol américain. Mais une fois que vous avez quitté le pays, tout est permis. Si tout se passe selon le plan de Kerry, ne soyez pas surpris si les contribuables américains devront bientôt subventionner la destruction de l'environnement des pays de l'OPEP+. NIMBY ? BANANA ? Que vous viviez aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite ou dans toute autre pays de l'OPEP+ où le pétrole coule à flot, vous feriez mieux d’y croire.
Jason D. Greenblatt a été émissaire de la Maison-Blanche pour le Moyen-Orient pendant près de trois ans.
Twitter: @GreenblattJD
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