PARIS : Le président français Emmanuel Macron s'est déclaré lundi "favorable" à "une réaction diplomatique forte" face à l'Iran, qu'il a accusé de mener une "répression inédite" depuis le début de "la révolution" enclenchée il y a deux mois.
"Je suis favorable à ce que nous ayons une réaction diplomatique forte et des sanctions sur les personnalités du régime qui ont une responsabilité dans la répression de cette révolution", a déclaré le président dans un entretien réalisé vendredi à l'Elysée après sa rencontre avec quatre militantes iraniennes et diffusé sur la radio publique France Inter.
"Nous n'écartons aucune option", a-t-il ajouté, en rappelant que le régime iranien était déjà soumis à de nombreuses sanctions.
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE devaient discuter lundi à Bruxelles de nouvelles sanctions, avec l'ajout probable d'une trentaine de noms aux personnes ou entités déjà ciblées par l'UE.
L'UE va approuver de nouvelles sanctions contre l'Iran
L'Union européenne va approuver lundi de nouvelles sanctions visant une trentaine de responsables iraniens, en réponse à la répression des manifestations engendrées par la mort de Mahsa Amini.
"Aujourd'hui, nous allons approuver un nouveau train de sanctions à l'encontre des personnes responsables de la répression des manifestants" en Iran, a annoncé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, après s'être entretenu la veille avec le ministre iranien des Affaires étrangères.
"Nous allons approuver les sanctions préparées par nos services. Elles visent une trentaine de personnes", a confirmé le ministre luxembourgeois Jean Asselborn.
Téhéran a annoncé une réponse "proportionnée et ferme". "Nous sommes prêts à cette éventualité, mais ce sera une erreur", a averti Josep Borrell.
L'UE a gelé le mois dernier les avoirs et interdit de visas les responsables de la police de la "moralité", des gardiens de la révolution et le ministre iranien des Technologies de l'information.
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Bruxelles vont également discuter de l'implication de l'Iran dans le conflit en Ukraine, avec la livraison à la Russie de drones kamikazes utilisés pour frapper des infrastructures énergétiques civiles en Ukraine.
Le mois dernier, l'Union européenne a également imposé un gel des avoirs et une interdiction de visa au fabricant iranien de drones et à trois hauts responsables militaires pour ces livraisons.
Certains États membres font pression pour que l'UE élargisse les mesures punitives concernant les livraisons d'armes à la Russie.
Un haut responsable de l'UE a déclaré que l'Union examinait les informations faisant état d'une éventuelle livraison de missiles balistiques par l'Iran à la Russie et qu'elle sanctionnerait davantage Téhéran en cas d'envoi d'armes.
M. Borrell a déclaré ne disposer à ce jour d'"aucune preuve" concernant la livraison de missiles balistiques.
L'UE se livre à un exercice délicat avec Téhéran, car Josep Borrell joue un rôle de médiateur pour relancer l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.
Les efforts pour ramener l'Iran et les États-Unis à bord de l'accord sont largement au point mort. "L'accord n'est pas en bonne voie, vous savez, il est dans l'impasse, mais le travail se poursuit", a déclaré M. Borrell.
Bruxelles a imposé des sanctions mi-octobre contre la "police des moeurs" iranienne et 11 hauts fonctionnaires.
Emmanuel Macron entend parler "dans les semaines à venir" avec le président Ebrahim Raïssi, après une première rencontre fin septembre en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.
"La diplomatie, c'est de parler avec des gens avec lesquels on n'est pas d'accord et d'essayer de faire oeuvre utile", a plaidé le président français, qui avait été critiqué par des opposants iraniens pour avoir rencontré Ebrahim Raïssi à New York.
Il a en outre jugé que la perspective de relancer l'accord sur le nucléaire iranien était "très fragilisée par la situation intérieure en Iran". Faute de "nouvelles progressions" attendues, "il nous faut construire un nouveau cadre", selon lui.
Pour discuter des enjeux régionaux, Emmanuel Macron a dit espérer "réussir à tenir, en fin d'année, une conférence de Bagdad avec tous les pays voisins et une représentation de l'Iran", après la première rencontre qui s'était tenue en Irak en août 2021.
Face aux quatre militantes iraniennes reçues vendredi à l'Elysée, le président leur a dit "notre admiration, notre respect et notre soutien, car leur combat est celui d’un universalisme de liberté auquel nous croyons".
L'Iran a fustigé dimanche cette rencontre et dénoncé "une violation flagrante des responsabilités internationales de la France".
Une militante présente à l'Elysée, Roya Piraei, dont la mère a été tuée lors des manifestations, a dit son souhait de se rendre au Royaume-Uni, où vit sa soeur, même si Emmanuel Macron a indiqué que la France était prête à l'accueillir.