PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a appelé dimanche à "collectivement (s') élever contre cette dérive du débat", après des insultes de l'animateur Cyril Hanouna au député LFI Louis Boyard sur la chaîne C8.
Lors d'une séquence consacrée au bateau de migrants Ocean Viking dans l'émission "Touche pas à mon poste" jeudi soir, l'invité M. Boyard, député depuis juin et ancien chroniqueur de l'émission, a accusé les "cinq personnes les plus riches" de France d'"appauvrir l'Afrique". Il a cité le milliardaire Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+, auquel appartient C8.
Le ton est vite monté avec M. Hanouna. L'animateur a traité le député d'"abruti", de "bouffon" et de "tocard". M. Boyard est parti sous les huées du public.
Selon la présidente de l'Assemblée, la séquence est "dégradante pour le débat public et les personnes sur le plateau". "Nous devons collectivement nous élever contre cette dérive du débat public et du débat dans les médias", a-t-elle plaidé sur Radio J.
Le groupe LFI a saisi l'Arcom, et Mme Braun-Pivet a indiqué s'être entretenue avec le président de ce gendarme de l'audiovisuel.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a pris la défense du député dimanche: "qu'on aime ou non Louis Boyard, qu'on partage ou non ses idées, il reste un élu. Il a le droit de s'exprimer comme il l'entend et on n'a certainement pas à l'injurier ou l'insulter", a-t-il lancé à BFMTV.
"Je déplore cette spirale du buzz permanent", a aussi déclaré M. Véran, en notant ensuite que "Louis Boyard est un député provocateur".
Les deux responsables de la majorité présidentielle s'accordent à dire que "les politiques doivent parler aux Français" et qu'il est difficile de boycotter telle ou telle émission.
TPMP est un succès d'audience, avec 1,8 million de téléspectateurs en moyenne et des pics à plus de 2 millions.
M. Boyard a réclamé vendredi une commission d'enquête parlementaire sur "les ingérences de Vincent Bolloré" dans les médias dont il est propriétaire.
D'après la présidente de l'Assemblée, la question de la concentration des médias est "une question fondamentale dans une démocratie" et "il est important qu'on traite ce sujet".
Elle a souligné que le Sénat avait déjà conduit une telle commission d'enquête, qui avait débouché en mars dernier sur 32 recommandations. Libre au groupe LFI à l'Assemblée d'user de son "droit de tirage" pour lancer à son tour une commission.