Italie: procès Meloni contre Saviano, crainte pour la liberté de la presse

L'Italie occupe la 58e place dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières en 2022, soit le niveau le plus bas en Europe occidentale. (AFP)
L'Italie occupe la 58e place dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières en 2022, soit le niveau le plus bas en Europe occidentale. (AFP)
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Publié le Dimanche 13 novembre 2022

Italie: procès Meloni contre Saviano, crainte pour la liberté de la presse

  • M. Saviano, 43 ans, est surtout connu pour «Gomorra», son best-seller international sur la mafia. Il risque jusqu'à trois ans de prison s'il est reconnu coupable lors du procès
  • Le gouvernement de Giorgia Meloni a montré sa dureté avec les migrants, bloquant l'accès de ses ports aux navires de secours le week-end dernier, et déclenchant ainsi un conflit diplomatique avec la France, qui a accueilli l'un des navires

ROME: Le journaliste italien Roberto Saviano, connu pour sa lutte contre la mafia, affronte mardi un procès en diffamation intenté par Giorgia Meloni, aujourd'hui Première ministre italienne, à la suite d'une déclaration en 2020 critiquant sa position sur les migrants.

Le parti d'extrême droite Fratelli d'Italia de Giorgia Meloni n'était à l'époque qu'un petit parti d'opposition, mais il a pris le pouvoir le mois dernier après une large victoire électorale motivée en partie par sa promesse d'arrêter le flux de migrants à travers la Méditerranée.

M. Saviano, 43 ans, est surtout connu pour "Gomorra", son best-seller international sur la mafia. Il risque jusqu'à trois ans de prison s'il est reconnu coupable lors du procès.

Il s'agit d'une "confrontation inégale, résolument grotesque", a-t-il dit à l'AFP. Les groupes de défense de la liberté de la presse ont averti que ce procès envoyait un "message effrayant" aux journalistes.

Ces derniers affirment que ces procès sont le symbole d'une culture en Italie dans laquelle des personnalités publiques - souvent des responsables politiques - intimident les journalistes avec des procès à répétition.

L'Italie occupe la 58e place dans le classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières en 2022, soit le niveau le plus bas en Europe occidentale.

Intimidation 

L'affaire remonte à décembre 2020, lorsque M. Saviano a été invité à commenter la mort dans un naufrage d'un bébé de six mois originaire de Guinée lors de l'émission de télévision "Piazzapulita".

Il avait alors pointé du doigt Mme Meloni et Matteo Salvini, le chef de la Ligue anti-immigration, désormais membre de son gouvernement de coalition.

"Je veux juste dire à Meloni, et à Salvini, vous êtes des salauds (bastardi)! Comment avez-vous pu?", a lancé M. Saviano dans l'émission.

Mme Meloni avait déclaré en 2019 que les navires d'ONG humanitaires qui secourent les migrants "devraient être coulés", tandis que M. Salvini, en tant que ministre de l'Intérieur la même année, avait bloqué l'arrivée de ces navires en Italie.

L'association d'écrivains PEN International qui défend la liberté d'expression a envoyé une lettre ouverte à Mme Meloni cette semaine, l'exhortant à abandonner sa plainte.

"La poursuite de l'action engagée contre lui enverrait un message effrayant à tous les journalistes et écrivains du pays, qui n'oseraient peut-être plus s'exprimer par crainte de représailles", a estimé PEN.

Par ailleurs, Mme Meloni sera représentée par l'avocat Andrea Delmastro, qu'elle a récemment nommé vice-ministre de la Justice.

M. Saviano a précisé avoir fait l'objet de plaintes pour diffamation "des dizaines de fois", mais que seule celle de Mme Meloni est arrivée jusqu'à présent à l'ouverture d'un procès.

L'auteur, sous protection policière depuis la publication de "Gomorra" en raison de menaces de la mafia, a déclaré que la tactique consistait à en "intimider un pour en intimider cent".

«Passivité et inaction»

Quelques semaines après son arrivée au pouvoir, le gouvernement de Giorgia Meloni a montré sa dureté avec les migrants, bloquant l'accès de ses ports aux navires de secours le week-end dernier, et déclenchant ainsi un conflit diplomatique avec la France, qui a accueilli l'un des navires.

"Ce gouvernement d'extrême droite a besoin d'ennemis qui répondent à l'un de ces deux critères: ne pas avoir de voix (comme les migrants), ou être très connu pour que la sanction puisse paraître exemplaire", estime M. Saviano. "Il sera encore plus difficile de rendre compte de ce qui se passe et d'exprimer une opinion si la perspective est de devoir défendre sa liberté d'expression devant les tribunaux et de voir ses propos jugés lorsqu'ils critiquent le pouvoir et ses politiques inhumaines."

La diffamation par le biais des médias peut être sanctionnée en Italie par des peines de prison allant de six mois à trois ans.

Mais la Cour constitutionnelle italienne a exhorté les législateurs en 2020 et 2021 à réécrire la loi, affirmant que les peines d'emprisonnement pour de tels cas étaient inconstitutionnelles et ne devaient être utilisées que dans des cas de "gravité exceptionnelle".

La "passivité et l'inaction du gouvernement et du parlement" italiens ne peuvent être interprétées que "comme une complicité avec les ennemis de la liberté de la presse", a déclaré à l'AFP Ricardo Gutierrez, secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ).


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.