NEW YORK: Le dollar poursuivait son déclin vendredi atteignant un plus bas depuis quatre mois face à l'euro, le reflux de l'inflation sur un an aux Etats-Unis et l'assouplissement de la politique chinoise anti-Covid sapant l'attrait de la valeur refuge.
Vers 19H40 GMT (20H40 à Paris), le billet vert chutait lourdement de 1,48% à 1,0360 dollar pour un euro, un niveau plus vu depuis début juillet.
Le dollar perdait également beaucoup de terrain face à la monnaie japonaise, à 138,52 yens (-1,78%), repassant sous le seuil de 140 yens pour la première fois depuis début septembre.
Le Dollar index, qui compare le billet vert à un panier d'autres grandes devises, avait déjà connu sa pire séance depuis sept ans la veille après l'annonce d'un ralentissement de l'inflation américaine.
"Il a perdu 5% en une semaine", notait Bred Bechtel de FX Jefferies qui voyait dans cette poursuite de la fonte du dollar "la continuation de la liquidation des positions sur le billet vert".
Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont augmenté de 7,7% en octobre par rapport à octobre 2021, selon l'indice CPI qui fait référence publié jeudi, une hausse moins forte que celle de 8,2% enregistrée en septembre et inférieure aux attentes des économistes.
Cela faisait espérer que l'inflation américaine ait atteint un pic et que, du coup, la hausse des taux de la Réserve fédérale (Fed) aussi.
"Un sommet plus tôt et moins élevé de l'inflation américaine réduit les risques d'un atterrissage douloureux de l'économie en 2023", commentait Kit Juckes, analyste chez Société Générale.
Brad Bechtel toutefois doutait que "la Fed ait déjà changé sa position". Les taux obligataires "ne bougent pas suffisamment pour justifier la poursuite de la chute du dollar", affirmait l'analyste. Les rendements sur les bons du Trésor à 10 ans s'établissaient à 3,81% contre 3,82% la veille, où ils avaient beaucoup baissé.
"Sur le marché des changes, on est loin des fondamentaux et je ne vois rien qui ait changé à ce point qui puisse justifier de tels mouvements sur le dollar", estimait encore M. Bechtel. "C'est juste une liquidation des positions longues".
Kit Juckes, de la Société Générale, voyait lui "l'appétit pour le risque revenir sur le marché" notamment à cause de "l'espoir d'un (très) graduel assouplissement des restrictions sanitaires en Chine et d'une crise de l'énergie en Europe qui s'éloigne", ainsi que la situation en Ukraine qui donne quelques signes d'amélioration.
Dans une note, le pouvoir chinois a notamment interdit strictement les confinements préventifs ou trop longs, les fermetures d'écoles non approuvées par les autorités.
La note appelle également à "accélérer" les vaccinations anti-Covid en Chine, notamment celles des personnes âgées, pour l'instant très réticentes, ainsi qu'à renforcer les stocks de traitements antiviraux contre le Covid.
La livre britannique prenait elle 1,14% face au billet vert à 1,1850 dollar mais cédait 0,32% face à l'euro à 87,42 pence.