Otan: en Suède, l'inquiétude du premier sur la liste d'Erdogan

Bulent Kenes, un journaliste turc de 53 ans qui a fui son pays pour se réfugier en Suède en raison de ses critiques du président turc, pose pour une photo le 10 novembre 2022 près de Stockholm. (AFP).
Bulent Kenes, un journaliste turc de 53 ans qui a fui son pays pour se réfugier en Suède en raison de ses critiques du président turc, pose pour une photo le 10 novembre 2022 près de Stockholm. (AFP).
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Publié le Vendredi 11 novembre 2022

Otan: en Suède, l'inquiétude du premier sur la liste d'Erdogan

  • Les extraditions de militants kurdes ou de personnalités hostiles au régime turc réfugiées en Suède sont le point le plus délicat des exigences formulées par Ankara pour donner son feu vert aux candidatures suédoise et finlandaise pour rejoindre l'Otan
  • Le gouvernement suédois souligne que la justice du pays nordique est indépendante, a le dernier mot, et que les décisions déjà prises ne peuvent être remises en cause

STOCKHOLM : Seul à avoir vu son extradition réclamée nommément par le président turc Erdogan dans les négociations sur l'adhésion de la Suède à l'Otan, Bülent Kenes, un journaliste turc exilé à Stockholm, confie son inquiétude croissante de servir de monnaie d'échange.

L'ancien rédacteur en chef raconte qu'il était à table mardi soir avec sa femme et son fils quand son nom est sorti de la bouche du chef de l'Etat turc, questionné sur la liste de 73 "terroristes" qu'il réclame à Stockholm.

"Et il n'y a eu que mon nom. Pas une liste avec d'autres gens. Juste mon nom", explique l'ancien éditorialiste de 53 ans, honni d'Ankara pour ses sympathies envers le mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, ancien allié devenu bête noire de Recep Tayyip Erdogan.

"Ca été une surprise pour moi, mais un choc pour ma femme. Elle n'a rien pu dire pendant plusieurs minutes", confie-t-il à l'AFP.

Les extraditions de militants kurdes ou de personnalités hostiles au régime turc réfugiées en Suède sont le point le plus délicat des exigences formulées par Ankara pour donner son feu vert aux candidatures suédoise et finlandaise pour rejoindre l'Otan.

Le gouvernement suédois souligne que la justice du pays nordique est indépendante, a le dernier mot, et que les décisions déjà prises ne peuvent être remises en cause.

La Turquie a elle successivement évoqué les chiffres de 33, puis 45, puis 73 personnes qu'elle souhaite voir extrader, dans des listes officieuses souvent publiées par des médias proches du pouvoir.

Pour Bülent Kenes, Erdogan a pu le citer "car il me connaît depuis des décennies" de sa longue carrière de journaliste et c'est le seul nom qu'il avait en tête quand on l'a interrogé.

"L'autre explication, plus pessimiste et grave, est qu'il me déteste profondément. Qu'il me déteste et qu'il a eu l'occasion de l'exprimer une fois de plus."

Voilà plusieurs semaines qu'il attend la décision de la Cour suprême suédoise, compétente pour les dossiers d'extradition, dont il espère désormais obtenir un permis de résidence d'ici la fin de l'année.

Craint-il une décision défavorable? "Il y a six ou sept mois, je vous aurais dit que je n'avais aucune inquiétude. Mais l'adhésion à l'Otan est un tel changement de paradigme pour la Suède, que je ne suis plus sûr à 100%."

De pro à anti Erdogan

Il continue à "faire confiance à l'Etat de droit et aux autorités suédoises" et juge qu'une expulsion serait "un scandale énorme et illégal".

L'éditorialiste avait quitté précipitamment la Turquie en 2016 quelques jours après un putsch raté qu'Ankara attribue au mouvement guléniste.

"Je n'ai rien à voir avec le terrorisme, avec la violence, avec un coup d'Etat", affirme-t-il.

"Je fais du journalisme et c'est pour ça qu'Erdogan ou son régime m'ont fait suivre, m'ont inculpé et m'ont poursuivi", dénonce l'ancien rédacteur en chef du quotidien Today's Zaman.

Quant au mouvement de l'imam Gülen, "je respecte ce qu'il fait et je le considère comme un mouvement humanitaire (...) mais j'ai aussi adressé des critiques dans un texte de 90 pages", souligne Bülent Kenes.

Il confie avoir été bien disposé à l'égard du président turc et de son parti de l'AKP lors de ses deux premiers mandats dans les années 2000.

Mais à partir de 2011, "ils ont reculé de démocrates à antidémocrates, pour construire un despotisme, le pouvoir d'un seul, en Turquie mais aussi dans sa région". Il devient alors "très critique".

"Ils ont estimé que j'avais trahi leur cause", dit-il.

Ses écrits déplaisent et les plaintes et procédures contre lui s'accumulent, au point qu'il avait déjà dû renoncer à son poste de rédacteur en chef fin 2015.

En Suède, il contribue au Stockholm Center for Freedom, une association fondée par d'autres opposants turcs en exil dont les noms se retrouvent sur les listes publiés par des médias turcs, Abdullah Bozkurt et Levent Kenez.

Pour le journaliste, Stockholm et Helsinki ont eu tort d'entamer des discussions directes avec la Turquie et auraient mieux fait de laisser les grandes puissances de l'Otan, Etats-Unis en tête, en première ligne.

"C'était une grave erreur d'aller à la table des négociations avec un despote pour se protéger de l'agression d'un autre despote, en l’occurrence Vladimir Poutine", juge-t-il.


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.