Bruxelles va proposer un « programme de lutte antiterroriste » destiné à remédier à des « lacunes » dans la coopération policière et l'échange d'informations, a indiqué jeudi la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson à l'AFP.
Les attaques en France et en Autriche « auxquelles nous avons assisté sont dirigées contre les valeurs européennes, les citoyens européens, aucun Etat membre ne peut y répondre seul. Nous devons travailler ensemble, nous avons besoin d'un meilleur échange d'informations, d'une meilleure coopération, car il y a là des lacunes », a déclaré la commissaire qui présentera ce programme le 9 décembre.
« Nous avons besoin par exemple de changements dans le système actuel pour garantir que tous les combattants terroristes étrangers soient réellement enregistrés dans le Système d'information Schengen (fichier européen commun) pour qu'il y ait une alerte s'ils entrent dans l'UE », a-t-elle poursuivi.
Le président français Emmanuel Macron a prôné une refondation « en profondeur » des règles régissant l'espace Schengen de libre circulation, et doublé les forces aux frontières, une semaine après l'attentat à Nice, indiquant qu'il ferait de premières propositions au sommet européen de décembre.
La Commission prévoit d'organiser le 30 novembre un forum réunissant les pays membres de l'UE et de l'espace Schengen (qui regroupe 22 des 27 pays de l'UE, plus la Norvège, l'Islande, la Suisse et le Liechtenstein), afin de préparer une « stratégie » pour mai 2021. Il s'agit de discuter « des difficultés auxquelles nous faisons face et du genre de modernisation dont nous avons besoin », a expliqué Ylva Johansson.
« Il est important de protéger nos frontières extérieures mais il est aussi important de garder une libre circulation dans l'espace Schengen », a-t-elle insisté. « Schengen est l'une des grandes réussites de l'Union européenne, on a bien vu au printemps dernier quand de nombreux Etats membres ont fermé leurs frontières (à l'arrivée de la pandémie) qu'il y avait de la frustration chez les citoyens européens de ne pas pouvoir se déplacer librement ».
La commissaire suédoise proposera le mois prochain un renforcement du mandat d'Europol afin que cette agence européenne de coopération policière puisse avoir « plus d'échanges d'informations avec des entités privées comme les plateformes internet ».
Elle a souhaité une adoption « d'ici la fin de l'année » d'une législation proposée par la Commission en 2018 sur le retrait des contenus terroristes en ligne, toujours en discussion entre le Parlement européen et le Conseil (institution représentant les Etats membres).
La commissaire s'est montrée dubitative sur l'idée relancée par le président du Conseil Charles Michel d'un « Institut européen pour la formation des imams ». « Je pense que l'éducation des leaders religieux n'est pas vraiment une compétence du ressort de l'UE », a-t-elle commenté.