Route du Rhum: jour de départ pour les 138 marins de la Reine des transats

Les monocoques de la classe Imoca quittent l'écluse de Naye à Saint-Malo, dans l'ouest de la France, au point de départ de la course en solitaire de la Route du Rhum, le 8 novembre 2022. (Photo de Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)
Les monocoques de la classe Imoca quittent l'écluse de Naye à Saint-Malo, dans l'ouest de la France, au point de départ de la course en solitaire de la Route du Rhum, le 8 novembre 2022. (Photo de Sebastien SALOM-GOMIS / AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 09 novembre 2022

Route du Rhum: jour de départ pour les 138 marins de la Reine des transats

  • Grande première dans l'histoire de la célèbre course, le départ, prévu initialement dimanche, a été reporté à cause des conditions météorologiques désastreuses en début de semaine
  • Pas découragés, les skippers s'attendent toutefois à ce que les fans soient moins nombreux que d'habitude, sur les pontons de Saint-Malo et sur le long des côtes bretonnes, à venir assister au spectacle des bateaux mettant le cap vers les Caraïbes

SAINT-MALO: Contre vents et marées, 138 marins s'élancent mercredi de Saint-Malo en direction de la Guadeloupe pour la 12e édition de la Route du Rhum, course en solitaire qui devrait voir les voiliers les plus rapides traverser l'Atlantique en six jours seulement.

Le coup de canon doit retentir à 14H15 pour les navigateurs, 131 hommes et sept femmes, répartis sur une seule ligne de départ de plusieurs kilomètres au large de la cité corsaire.

Grande première dans l'histoire de la célèbre course, le départ, prévu initialement dimanche, a été reporté à cause des conditions météorologiques désastreuses en début de semaine.

"C'était une bonne décision, sage et courageuse, de la part des organisateurs, a estimé François Gabart (SVR Lazartigue), mercredi matin à l'antenne de Radio Classique. Nous allons partir dans des conditions beaucoup plus raisonnables que si nous étions partis dimanche. Il y aura de la casse forcément, mais je suis sûr qu'on a évité ainsi une grosse catastrophe."

Pas découragés, les skippers s'attendent toutefois à ce que les fans soient moins nombreux que d'habitude, sur les pontons de Saint-Malo et sur le long des côtes bretonnes, à venir assister au spectacle des bateaux mettant le cap vers les Caraïbes.

"Dans la vie d'un marin, ce sont des moments exceptionnels, uniques. Il y a tous les ingrédients pour faire une super course, pour que ce soit difficile et que l'on vive un grand moment de sport", s'enthousiasme tout de même Gabart.

«Pas tranquille»
Et si la météo s'annonce plus clémente, "il ne faut pas croire que ça va être tranquille", estime la navigatrice britannique Samantha Davies (Initiatives-Cœur). "Il y aura toujours 138 bateaux à tirer des bords et à se croiser le long des côtes, avec aussi des pêcheurs, des casiers... Il faudra faire bien attention", prévient-elle.

D'autant plus que, sur l'eau, tous les voiliers ne partent pas égaux. La flotte, mélange de professionnels et d'amateurs, est composée de six catégories de bateaux: des petits monocoques ayant participé à la première édition, aux multicoques volant de dernière génération.

Ce sont ces derniers, les Ultim, des trimarans géants atteignant plus de 90 km/h sur l'eau, qui s'échapperont les premiers vers le large. Barrés par les meilleurs skippers de la planète, ces géants des mers peuvent espérer effectuer la traversée en six jours, quand les voiliers les plus lents mettront près d'un mois pour arriver à Pointe-à-Pitre.

Parmi les favoris, François Gabart, 39 ans, revient à la course en solitaire à bord d'un Ultim controversé mis à l'eau l'année dernière, qu'il a conçu entièrement.

"J'ai envie de gagner, je me sens capable de gagner (...). Mais naviguer à bord de ce bateau n'est pas une pression supplémentaire, c'est une source de motivation. J'en suis un peu amoureux de mon bateau et j'ai très envie qu'il vive une belle Route du Rhum" explique le skipper, deuxième de la dernière édition pour sept petites minutes derrière Francis Joyon.

Deux autres bateaux de dernière génération, conçus pour décoller au-dessus de l'eau grâce à des foils, semblent à même de rivaliser: le Maxi Edmond de Rothschild, barré par Charles Caudrelier, et le Maxi Banque Populaire XI d'Armel Le Cléac'h.

«Sprint sur l'Atlantique»

En 2018, baptême du feu de ces voiliers volants, la classe avait connu beaucoup de casse. Mais depuis, "on a beaucoup travaillé sur la sécurité, la fiabilité (...) on a tous progressé et on va plus vite", promet Le Cléac'h, qui avait chaviré après deux jours de course en 2018 et été secouru par un bateau de pêche.

Après quatre ans de développement, ces F1 des mers peuvent prétendre à établir un nouveau record de traversée, détenu depuis 2018 par le vétéran Francis Joyon (7 jours 14 heures 21 minutes), également au départ cette année avec son trimaran Idec Sport.

"Cela va être rapide pour aller jusqu'en Guadeloupe, le sprint sur l'Atlantique annoncé devrait être au rendez-vous", prédit Le Cléac'h. Et derrière les Ultim, 38 voiliers de la flotte d'Imoca, les monocoques (18 m) du Vendée Globe, le célèbre tour du monde en solitaire, affichent de belles ambitions.

Charlie Dalin (Apivia) et Thomas Ruyant (LinkedOut), à bord des bateaux les plus éprouvés, peuvent espérer traverser l'Atlantique en 10 ou 11 jours, un temps record.

Mais dans cette classe relevée, plusieurs voiliers mis à l'eau récemment comme celui de Jérémie Beyou (Charal) ou de Yannick Bestaven (Maître CoQ) espèrent surtout se tester face aux tempêtes automnales avant le prochain "Everest des Mers", en novembre 2024.


Des luttes à l'innovation : Comment le calligraphe saoudien Abdulaziz Al-Rashedi a révolutionné l'écriture arabe

3punt 5. (Fourni)
3punt 5. (Fourni)
Short Url
  • « Je ressens une lumière sacrée dans les lettres », déclare Abdulaziz Al-Rashedi

DUBAÏ : La première passion du calligraphe saoudien et professeur d'arts Abdulaziz Al-Rashedi a toujours été le stylo. Son intérêt pour l'écriture a commencé à l'école primaire dans les années 1980, dans sa ville natale de Médine.

Al-Rashedi parle de tenir un stylo comme un musicien pourrait parler de son instrument. Aux yeux du calligraphe, l'écriture est un acte artistique, comme une danse, qui possède sa propre magie.

« Ce que j'aimais dans le stylo, c'était la façon dont l'encre en coulait », confie-t-il à Arab News. « Le stylo m'a conduit à mon amour pour la calligraphie arabe. »

--
Al-Rashedi parle de la tenue d'un stylo comme un musicien parlerait de la tenue de son instrument. (Fourni)

Cependant, il a dû faire face aux défis posés par l'environnement social conservateur du Royaume dans les années 1980 et 1990.

« Les gens ne considéraient pas l'art comme quelque chose d'important. À cette époque, ils pensaient que l'art ne rapportait pas d'argent. Pour eux, c'était une perte de temps », explique-t-il. « Dans un tel environnement déprimant, je souffrais du manque d'intérêt des gens. Ils disaient que l'écriture me distrairait de mes études. Mais en réalité, cela m'encourageait à étudier. »

Son intérêt pour la calligraphie n'a pas échappé à tout le monde. Le père d'Al-Rashedi, aujourd'hui décédé, l'a toujours soutenu.  

--
3punt 2. (Fourni)

« Il croyait en l'écriture et en sa préservation », déclare Al-Rashedi. « Il pensait que je faisais quelque chose d'important de ma vie, même si d'autres pensaient le contraire. Ils comparaient cela à des gribouillages. En réalité, je faisais de l'art tout seul. Aucun de mes amis ne partageait cet intérêt avec moi et il n'y avait aucun institut de calligraphie pour encourager ce talent. La situation était très difficile. »

Mais en 1993, Al-Rashedi a appris qu’il existait en effet un maître calligraphe saoudien vivant à Médine : Ahmad Dia. Ce dernier a gentiment accepté de lui enseigner les bases de la calligraphie arabe. Et, peut-être tout aussi important, il l’a fait dans sa maison, qu'Al-Rashedi compare à une école, un musée et un lieu de rencontre pour calligraphes.

« J'étais jeune, mais il me traitait comme un homme », se souvient l'artiste. « Pour nous, les calligraphes, il était comme un père spirituel, qui a planté en nous une graine de détermination. Il nous a toujours encouragés et ne nous a jamais réprimandés si notre écriture n'était pas parfaite. »

--
3punt 4. (Fourni)

Al-Rashedi est resté en contact avec son mentor jusqu'à la mort de Dia en 2022, lors de la pandémie de COVID. « Lorsqu'il est mort, c'est comme si la lumière s'était éteinte », confie-t-il.

Al-Rashedi s'est également formé en recopiant les œuvres d'une autre figure importante : Hashem Al-Baghdadi, le calligraphe et éducateur irakien influent, qui a publié des ouvrages sur les règles de la calligraphie arabe. Al-Rashedi décrit l'époque avant les réseaux sociaux comme une « période véritablement sombre », où il n'y avait aucune opportunité d'organiser des expositions ou de partager son travail avec les autres.

« Les gens ne communiquaient pas entre eux. C’était une période qui manquait (d’opportunités) et même de bons matériaux, comme des stylos et du papier », se souvient-il.

Mais avec l’avènement des réseaux sociaux, notamment Facebook, et l’ouverture de quelques galeries d’art, dont Athr Gallery à Djeddah en 2009, les choses ont considérablement changé. Aujourd’hui, Al-Rashedi peut partager ses œuvres sur Instagram et d’autres plateformes, montrant les compétences qu’il a perfectionnées au cours de trois décennies de pratique.

--
Sa fascination pour l'écriture a commencé à l'école primaire, dans les années 80, dans sa ville natale de Madinah. (Fourni)

La calligraphie arabe est une forme d’art respectée à l’échelle internationale, existant depuis des milliers d’années, utilisée dans les textes islamiques et présente sur des monuments à travers le monde. Quel est donc son secret de longévité ?

« Je me demande souvent pourquoi les courbes de la calligraphie arabe fascinent les gens depuis si longtemps, et je pense que cela a inévitablement un lien avec sa sainteté », explique-t-il. « Allah a été une source d’inspiration pour les calligraphes et leur innovation dans l’écriture. Je ressens une lumière sacrée dans les lettres de la calligraphie arabe. »

Mais Al-Rashedi pense également que, pendant de nombreuses années, la calligraphie est restée figée dans une ornière, sans être touchée par l’innovation ou la créativité modernes.

--
3punt 6. (Fourni)

« Beaucoup de calligraphes ont littéralement affirmé que la calligraphie arabe avait atteint sa limite et que personne ne pouvait y ajouter quoi que ce soit de nouveau », dit-il. « Une telle idée est incorrecte. »

En effet, Al-Rashedi a inventé sa propre forme de calligraphie arabe, qu’il appelle « 3punt ». (Il explique que le nom fait référence à la taille des lettres, qui sont écrites à l’aide de trois stylos différents.)

« Cela repose sur l’idée de réduire l’épaisseur des lettres. Habituellement, un seul stylo est utilisé en calligraphie arabe. Mais j’ai découvert que l’épaisseur traditionnelle de l’écriture arabe et l’utilisation d’un seul stylo empêchent l’ajout de nouvelles formes d’écriture au système. »

Basée sur un ensemble de règles strictes, la calligraphie 3punt d’Al-Rashedi contient 55 « sous-types d’écriture », explique-t-il. Elle possède une légèreté et une élégance propres, avec des lignes fluides et soigneusement chorégraphiées en écriture arabe fine.

En fin de compte, Al-Rashedi estime que la calligraphie arabe est une question de liens.  

« Si nous regardons l’écriture latine ou chinoise, sur des lettres comme ‘n’, ‘e’ ou ‘r’, elles se composent de parties distinctes. Mais avec la calligraphie arabe, vous pouvez connecter six ou sept lettres d’un seul trait », dit-il. « Sans aucun doute, l’écriture arabe — en tant que forme d’art — est supérieure à d’autres types d’écriture. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Inauguration d'une exposition Christian Dior à Riyad

Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du couturier Christian Dior est désormais ouverte au  Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année. (Photo fournie)
Short Url
  • «Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite
  • L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit

RIYAD: Une exposition célébrant la vie et l'œuvre du créateur de mode Christian Dior est désormais ouverte au Musée national d'Arabie saoudite dans le cadre du festival Riyadh Season de cette année.

«Christian Dior: couturier du rêve», une exposition couvrant plus de 75 ans de créativité et de design, ainsi que les œuvres qu'il a inspirées, est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite.

--
«Christian Dior: couturier du rêve» est une collaboration entre la maison de couture française et l'Autorité générale pour le divertissement d'Arabie saoudite. (Photo fournie)

L'événement, qui se tient jusqu'au 2 avril, explore l'héritage de Dior et de ses successeurs à travers un récit inédit spécialement conçu pour l'exposition par l'historienne de l'art Florence Muller et la scénographe Nathalie Crinière.

--
L'exposition couvre plus de 75 ans de créativité et de design et le travail que Dior a inspiré. (Photo fournie)

Parmi les points forts de l'exposition figurent des hommages à certains des grands classiques de Dior, tels que Miss Dior et J'adore, ainsi qu'un hommage au sac Lady Dior, sous la forme du projet Dior Lady Art.

Faisal Bafarat, directeur général de l'Autorité générale pour le divertissement, a officiellement inauguré l'exposition mercredi. Les billets sont disponibles sur la plateforme WeBook.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diva libanaise Fairouz souffle ses 90 bougies

La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
La diva libanaise Fairuz se produit lors d'un rare concert à Beyrouth le 7 octobre 2010. (AFP)
Short Url
  • Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël
  • Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage

BEYROUTH: Dernière légende vivante de la chanson arabe, Fairouz a soufflé jeudi ses 90 bougies alors que son pays, le Liban qu'elle a tant célébré, est plongé dans une guerre meurtrière entre le Hezbollah et Israël.

Les internautes ont enflammé la Toile en diffusant les chansons de la diva, rare symbole d'unité nationale dans le pays divisé, alors que les médias de tous bords lui rendaient hommage.

En 2020, le président français Emmanuel Macron, en visite à Beyrouth, s'était rendu au domicile de Fairouz et l'avait décorée de la Légion d'honneur.

"A celle qui incarne l'âme de cette région avec dignité, un bel anniversaire", a-t-il écrit jeudi sur son compte Instagram.

"La voix de Fairouz est mon pays", a pour sa part écrit sur Facebook le célèbre compositeur libanais Marcel Khalifé.

Après s'être produite pendant plus d'un demi-siècle de Beyrouth à Las Vegas, en passant par Paris et Londres, la star n'apparait plus en public depuis plus d'une décennie.

"Quand vous regardez le Liban aujourd'hui, vous voyez qu'il ne ressemble aucunement au Liban que je chante", regrettait la diva dans une interview au New York Times en 1999, en allusion aux décennies de guerres et de destructions.

Au plus fort de la guerre civile, elle avait chanté "Je t'aime, Ö Liban, mon pays" ("Bhebbak ya Lebnane"), une chanson devenue iconique.

Fairouz a exalté son Liban natal mais également l'amour, la liberté et la Palestine.

Elle a donné vie aux paroles de grands poètes arabes --les Libanais Gibrane Khalil Gibrane, Saïd Akl ou l'Egyptien Ahmed Chawki--, tandis que ses chants patriotiques se sont incrustés dans la mémoire des Libanais et du reste du monde arabe.

Nouhad Haddad de son vrai nom, elle est née en 1934 dans une modeste famille chrétienne qui habitait le quartier de Zokak el-Blatt, visé lundi par une frappe israélienne.

Engagée à la radio, le compositeur Halim al-Roumi, impressionné, lui donne son surnom.

Dans les années 1950, elle épouse le compositeur Assi Rahbani qui, avec son frère Mansour, révolutionne la chanson et la musique arabe traditionnelles en mêlant morceaux classiques occidentaux, russes et latino-américains à des rythmes orientaux, sur une orchestration moderne.

C'est après ses premiers concerts au Festival international de Baalbeck, au milieu des ruines de ce site libanais antique près duquel s'abattent actuellement les bombes israéliennes, que la carrière de Fairouz s'envole.

Adulée par les aînés, elle devient l'icône des jeunes lorsque son fils Ziad, enfant terrible de la musique libanaise, lui composera des chansons influencées par des rythmes de jazz.