NEW YORK: Donald Trump, tout près d'annoncer sa candidature à la présidentielle de 2024, a été omniprésent sur la campagne des élections de mi-mandat, réclamant une "vague géante" de fidèles républicains au Congrès, condition de son retour éventuel à la Maison Blanche.
A 76 ans, l'ancien président (2017-2021) veut sa revanche après sa défaite nette, qu'il continue de contester, face au démocrate Joe Biden en novembre 2020.
Même si son nom ne figure sur aucun bulletin de vote des élections législatives et locales de mardi aux Etats-Unis, le sort des candidats républicains qu'il a adoubés permettra de mesurer sa popularité et ses chances de retrouver le Bureau ovale le 20 janvier 2025.
Lundi soir, le milliardaire, qui a bouleversé le système politique américain en remportant la primaire républicaine et la présidence en 2016 pour un mandat à nul autre pareil, a promis "une très grande annonce mardi 15 novembre à Mar-a-Lago", sa résidence en Floride.
En votant mardi à Palm Beach, Donald Trump a martelé: "Je pense que nous allons passer une grande soirée, que cela sera très bien pour le pays (...) et que mardi (prochain) sera une journée vraiment passionnante pour beaucoup de gens, j'ai hâte de vous voir à Mar-a-Lago".
Tableau sombre de l'Amérique
Enchaînant les réunions de fin de campagne, l'homme d'affaires, tribun aux accents populistes, a dressé un tableau terriblement sombre de l'Amérique dirigée par son adversaire Joe Biden.
Devant un océan de casquettes rouges frappées de son slogan "Make America Great Again" (Maga), M. Trump a évoqué une première puissance mondiale où la hausse des prix "étrangle les ménages", où la "criminalité violente est hors de contrôle" et où l'extrême gauche "endoctrine nos enfants". Inflation, insécurité, école : les thèmes de campagne des républicains.
Prônant une "solution pour mettre fin à cette folie (...), à la destruction de notre pays et sauver le rêve américain", il a demandé de "voter républicain" pour faire déferler sur le Congrès de Washington une "vague géante" rouge, couleur du parti conservateur.
À dessein toutefois, l'ex-président prend soin d'attendre les résultats de mardi pour lancer sa candidature, afin de ne pas "perturber" le renouvellement de la Chambre des représentants, du tiers du Sénat, des gouverneurs des États et de milliers d'élus locaux.
Ils sont 200 républicains à avoir reçu l'onction de l'homme d'affaires.
"Il est important que certains des candidats qu'il a soutenus gagnent et l'emportent largement", souligne Robert Shapiro, politologue de l'université Columbia à New York.
Domination de Trump
Si les "trumpistes" triomphent, la domination de Trump sur le parti républicain sera sans partage.
Au contraire, en cas de défaite, l'ancien président sera concurrencé par d'autres caciques républicains, à l'instar du gouverneur de Floride Ron DeSantis et de l'ancien vice-président Mike Pence, analyse M. Shapiro auprès de l'AFP.
Les Américains votent, mais attendront peut-être des jours avant des résultats complets
Les résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis pourraient mettre des jours à être connus dans leur globalité, en raison d'un système ultra-décentralisé, du poids du vote par correspondance et de courses très serrées dans certains États clés.
Dans un climat politique électrique aux États-Unis, certains craignent que ce délai n'alimente la désinformation et les théories du complot sur l'intégrité du vote, et plus largement les tensions, voire des éruptions de violence.
Le contrôle du Sénat, qui pourrait basculer du côté républicain, est notamment très incertain. Il pourrait se jouer à un siège près, et dépendra de la couleur du sénateur élu dans des États très disputés comme la Pennsylvanie, la Géorgie, l'Ohio, le Nevada, l'Arizona ou encore le Wisconsin.
Pour cet expert, "les républicains veulent n'importe quel président républicain, Trump" ou un autre, et un "gouvernement républicain qui conduise des politiques conservatrices et nomme des fonctionnaires et juges conservateurs".
Lors de derniers meetings de campagne en Pennsylvanie et dans l'Ohio, les partisans de Trump lui ont réclamé "quatre ans de plus" en espérant, comme Dixy Chappell, employée de crèche en Virginie, que ces élections soient un "tremplin" pour 2024.
Climat délétère
Dans un pays ultrapolarisé, au climat politique délétère de contestation de la victoire M. Biden, il y a deux ans, les scrutins mardi vont aussi désigner 27 "secrétaires d'État" chargés dans chaque État de valider les élections des années à venir.
Ces élus seront cruciaux pour la présidentielle de 2024.
En Géorgie, en 2020, le secrétaire d'État républicain Brad Raffensperger avait résisté à la pression de Donald Trump, qui l'avait sommé de retourner en sa faveur la victoire sur le fil de Joe Biden dans cet Etat du sud.
En Arizona, la trumpiste Kari Lake, qui veut être gouverneure, ne reconnaît pas le résultat de la présidentielle de 2020 et n'a pas dit si elle se plierait à une éventuelle défaite mardi. La "secrétaire d'Etat" locale Katie Hobbs, qui l'affronte, s'attend à des recomptages et des recours juridiques qui retarderaient les résultats.
Dans ce contexte de soupçons infondés de fraudes, la professeure de sciences politiques Susan Stokes redoute, dans un commentaire de son université de Chicago, qu'en cas de raz-de-marée républicain aux Etats-Unis mardi, il soit "difficile d'éviter un scénario qui verrait Donald Trump +gagner+ la présidence, quel que soit le résultat de l'élection" le 5 novembre 2024.