CALLAC, France: Plus d'un millier de personnes ont manifesté samedi à Callac (Côtes d'Armor) dans une ambiance tendue, les uns pour dénoncer et les autres pour soutenir un projet controversé d'accueil de réfugiés dans cette commune rurale, selon une journaliste de l'AFP sur place.
En milieu d'après-midi, quelques tirs de projectiles et de grenades lacrymogènes ont eu lieu lors d'un face-à-face entre les forces de l'ordre et une partie du cortège des défenseurs du projet qui tentaient de rejoindre le rassemblement des opposants, soutenus notamment par plusieurs membres de Reconquête, le parti d'Eric Zemmour.
"Ce n'est que de la récupération politique de bas étage", a déclaré à l'AFP Laure-Line Inderbitzin, adjointe au maire de Callac, commune qu'elle décrit comme une "terre d'accueil".
Distants de quelques centaines de mètres, les deux rassemblements ont eu lieu en même temps, encadrés par près de 200 gendarmes déployés pour éviter tout affrontement.
Le premier s'est tenu devant la mairie, où plusieurs opposants dont l'eurodéputé Gilbert Collard (Reconquête) ont pris la parole pour dénoncer ce projet et demander un référendum alors que des "on est chez nous" fusaient dans l'assistance.
"Il y véritablement un problème d'insécurité qui est dû à une immigration qui est beaucoup trop importante", témoigne pour l'AFP Auric Zagli, retraité âgé de 68 ans et opposant au projet Horizon.
"Le général De Gaulle disait : la mixité oui, à partir du moment où elle est contrôlée, elle est contrôlée et elle est gérée. Ce n'est plus le cas. On est submergé maintenant, effectivement", estime-t-il.
L'autre manifestation s'est tenue en périphérie du bourg où les défenseurs du projet se sont réunis lors d'un pique-nique festif. "BZH (abréviation de Bretagne en breton ndlr) ouverte et solidaire", proclamait une large banderole.
"Aujourd'hui, vous avez la fachosphère qui se rassemble à Callac, des Gilbert Collard", a déploré l'adjointe au maire. "Callac, c'est une petite ville de 2.200 habitants qui accueille déjà une cinquantaine de réfugiés. Et un chiffre à vous donner: aujourd'hui, il y a 0% d'incivilités liées aux réfugiés."
Au total, environ 1.200 personnes, 600 dans chaque camp, ont participé à cette double manifestation, la deuxième depuis septembre, selon un bilan de la préfecture. Elle s'est achevée dans le calme en fin d'après-midi sans faire de blessés et sans donner lieu à des interpellations, a expliqué un porte-parole joint par l'AFP.
La commune de Callac a été choisie par le Fonds de dotation privé Merci pour un projet d'accueil de réfugiés politiques.
Baptisé "Horizon" et "basé autour de la réinsertion professionnelle" de réfugiés bénéficiant d'une autorisation de séjour de dix ans, ce projet vise à redynamiser ce bourg rural de centre-Bretagne qui a perdu plus de 1.000 habitants depuis les années 60.
Le projet a reçu l'aval du conseil municipal de Callac, mais rencontre l'opposition notamment d'une association, "Les Amis de Callac et des environs."
Dirigée par une ex-conseillère régionale du Rassemblement National devenue membre de Reconquête, Catherine Blein, celle-ci demande l'organisation d'un référendum sur le sujet dans la commune.
L'organisation d'un tel référendum serait "illégale", a rappelé le préfet des Côtes d'Armor Stéphane Rouvé vendredi, puisque "l’accueil des réfugiés est de la responsabilité de l’État".