PARIS: "J'ai commencé quand les salles de sport étaient fermées et je sais que je n'arrêterai pas": comme Marie-Noëlle, de nombreux Français ont profité de la pandémie pour avoir recours à un coach sportif à domicile, faisant décoller le marché.
Cette mère de deux enfants, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, voulait "retrouver (son) corps d'avant" et s'est inscrite dans une salle de sport de la petite couronne parisienne fin 2019.
Mais après sa fermeture provisoire lors des confinements, elle a trouvé via Facebook un prof de sport. Une solution plus onéreuse mais "beaucoup plus adaptée à (ses) attentes", selon elle.
"Les cours en ligne et à domicile sont montés en flèche" durant le Covid-19, déclare à l'AFP Frank Saffon, représentant des coachs sportifs au sein de la fédération regroupant les entreprises des activités physiques de loisirs (Active-FNEAPL) et cofondateur de "Domicil'Gym".
En parallèle, un "grand nombre de coachs" sont entrés sur le marché dans la même période mais la dynamique reste toujours favorable après la pandémie, note M. Saffon. "C'est un marché qui se porte très bien".
Les demandes de cours émanant de clients fluctuent mais connaissent trois temps forts dans l'année: en janvier avec les "bonnes résolutions", à l'arrivée des beaux jours ou encore en septembre, détaille Camille Lemardeley, directeur général de la plateforme Superprof. Sur ce site, les élèves paient pour être mis en relation avec les coachs, ce qui permet de sélectionner des "profils extrêmement motivés", relève-t-il.
Boom des demandes
Et entre le 1er novembre 2021 et le 31 octobre 2022, la plateforme a recensé une hausse de 25% des inscriptions des coachs sportifs par rapport aux années précédentes, et 15 000 demandes de cours par des futurs élèves de ces coachs, contre 5.000 en 2020 et 1.500 avant le Covid-19, précise M. Lemardeley.
Pour Pierre Daube, chargé de relations publiques chez Ownsport, une agence de mise en relation de coachs et de clients fondée en 2006, "le marché a toujours été dynamique" mais a connu un vrai boom pendant les confinement et avant l'été 2021.
A domicile, les clients peuvent profiter du "confort" d'être chez eux, loin du regard des autres avec des coachs qui peuvent concocter un programme sur-mesure, relève-t-il.
La clientèle du coaching à domicile "a des attentes beaucoup plus exigeantes" en termes de prestations de services qu'en salle de sport, note quant à lui Frank Saffon.
Selon les professionnels du secteur, ce sont des Français de 40 à 65 ans qui ont choisi de délaisser la salle ou des novices n'ayant pas beaucoup de temps pour pratiquer une activité physique, ou encore des personnes atteintes de pathologies et nécessitant un encadrement plus fort et pluri-disciplinaire, avec l'intervention d'un micro-nutritionniste par exemple.
Démocratiser la pratique
Toutefois, pour l'heure, une grande majorité des personnes ayant recours au coaching sportif appartiennent aux catégories socio-professionnelles les plus favorisées (CSP+).
Le tarif des séances varie d'un enseignant à l'autre, dans une fourchette comprise entre 30 et 100 euros de l'heure.
Le coaching à domicile fait toutefois partie des activités inclues dans les "services à la personne", ouvrant droit à un crédit d'impôt de 50% du prix de la prestation. Et depuis peu, certaines plateformes de mise en relation proposent, en partenariat avec l'Urssaf, l'avance immédiate du crédit d'impôt, permettant donc aux particuliers y ayant recours de ne payer que 50% du tarif total de la prestation, sans en avancer l'autre moitié.
Ainsi, elles espèrent démocratiser la pratique en la rendant accessible aux personnes ayant des revenus plus modérés.
Outre le frein financier qui peut empêcher certaines personnes d'avoir recours au coaching sportif, la tendance à la hausse du nombre de coachs pose aussi la question de leur formation, relève Frank Saffon.
Selon lui, les formations permettant de devenir coach sportif sont les mêmes pour tous -entraîneur en salle et à domicile- mais ne sont pas suffisamment orientées vers le coaching à la maison. Or, "le relationnel est différent" pour un suivi individuel, d'autant plus à domicile, "dans l'intimité des gens".