Israël: tractations et craintes après la victoire de Netanyahu

Un partisan du parti Likud se protège de la pluie avec une bannière électorale représentant son chef, l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, avant un rassemblement électoral dans la ville de Migdal HaEmek, dans le nord d'Israël, le 23 octobre 2022, avant les élections de novembre. (Photo par Menahem KAHANA / AFP)
Un partisan du parti Likud se protège de la pluie avec une bannière électorale représentant son chef, l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, avant un rassemblement électoral dans la ville de Migdal HaEmek, dans le nord d'Israël, le 23 octobre 2022, avant les élections de novembre. (Photo par Menahem KAHANA / AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 04 novembre 2022

Israël: tractations et craintes après la victoire de Netanyahu

  • Avec 64 sièges, le bloc de droite mené par M. Netanyahu, déchu du pouvoir en juin 2021 après 12 ans de règne continu, est arrivé en tête des législatives de mardi
  • L'annonce, jeudi soir, des résultats des législatives, les 5e en trois ans et demi, est survenue dans un contexte de regain de violences israélo-palestiniennes

JERUSALEM: Vainqueur des législatives, Benjamin Netanyahu a lancé les tractations avec ses alliés ultra-orthodoxes et d'extrême droite en vue de former un gouvernement qui pourrait être le plus à droite de l'histoire d'Israël, suscitant des inquiétudes internationales et locales.

"Où vont-ils?" titre vendredi le Yediot Aharonot, journal le plus vendu en Israël, avec les portraits de Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, et de la star montante de l'extrême droite, Itamar Ben Gvir.

Avec 64 sièges, le bloc de droite mené par M. Netanyahu, déchu du pouvoir en juin 2021 après 12 ans de règne continu, est arrivé en tête des législatives de mardi.

Son parti, le Likoud, a obtenu 32 sièges, ses alliés ultra-orthodoxes 18 et l'alliance "Sionisme religieux" 14, un record pour l'extrême droite.

"Cela va être un gouvernement sans précédent", prédit dans le Yediot Aharonot la chroniqueuse politique Sima Kadmon. "La plupart des portefeuilles importants seront entre les mains de fanatiques (...) Tout le monde sait que si seulement une fraction de ce qui a été promis est mise en oeuvre, cela va être un pays différent."

En face, le camp "anti-Netanyahu" mené par le Premier ministre sortant Yaïr Lapid (centriste) a obtenu 51 sièges.

En Israël, la montée de l'extrême droite suscite la «peur» de la minorité arabe

Star des dernières élections législatives, l'extrême droite s'apprête à faire une entrée sans précédent dans les arcanes du pouvoir en Israël avec pour but affiché de "renforcer l'identité juive" du pays au grand dam de la minorité arabe dans son viseur.

Il y a deux ans, le parti trublion de l'extrême droite Itamar Ben Gvir n'obtient que 0,42% des voix aux élections. Un an plus tard, le Premier ministre d'alors Benjamin Netanyahu pèse de son influence pour réunir M. Ben Gvir avec un autre ténor de l'extrême droite, Bezalel Smotrich, sous l'étiquette "Sionisme religieux", leur permettant de moissonner 5% des voix.

Aujourd'hui, cette liste s'est imposée comme la troisième force politique d'Israël avec près de 11% des voix, soit un demi-million de votes, un bond lié à la fois à une "droitisation" de la société et des tactiques récentes, estiment des analystes.

"Netanyahu a légitimé l'extrême droite car il avait besoin d'elle pour sa coalition, alors beaucoup d'Israéliens l'ont vue simplement comme une version plus dure de son parti le Likoud", explique à l'AFP Yossi Klein Halevi, chercheur à l'institut Shalom Hartman de Jérusalem.

"Ben Gvir a emprunté le manuel de l'extrême droite européenne, et en particulier celui de Marine Le Pen, afin de changer son image et apparaître comme une figure politique respectable et il a réussi à convaincre de nombreux électeurs qu'il était modéré", souligne M. Klein Halevi.

"Il n'y a pas de doute qu'il est un politicien talentueux (...) mais le fait d'avoir été placé dans un plus grand parti et d'avoir été endossé par Netanyahu a tout changé", renchérit Shlomo Fischer, spécialiste de la droite israélienne.

"Il y a (aussi) assurément un phénomène à long terme qui tient à ce que la société israélienne devient de plus en plus à droite et à certains égards, plus traditionnelle et plus nationaliste d'un point de vue ethnique et religieux", explique-t-il.

Ce nationalisme croît davantage en "périphérie" des grands centres, dans les "classes populaires", et se nourrit aussi du contexte sécuritaire lié au conflit israélo-palestinien, pense-t-il.

Ces élections ont en effet eu lieu sur fond d'un regain de violences et ont été les premières depuis l'embrasement généralisé dans les villes mixtes arabo-juives, à Jérusalem et en Cisjordanie occupée, sur fond de guerre à Gaza, en mai 2021.

«Entrepreneurs du dégoût»

Ce courant d'extrême droite remonte en Israël au rabbin extrémiste Meir Kahane, dont le mouvement Kach a été banni après l'assassinat en 1994 de 29 Palestiniens en train de prier à Hébron, en Cisjordanie occupée, par un de ses sympathisants, Baruch Goldstein.

Itamar Ben Gvir, qui a milité dans Kach, a longtemps eu un portrait de Goldstein dans son salon mais dit avoir pris quelques distances depuis.

Dans son ouvrage "Les émotions contre la démocratie", publié mi-octobre, la sociologue franco-israélienne Eva Illouz estime que le mouvement Kach avait cherché à recentrer le conflit entre Israéliens et Arabes "non plus sur la terre, mais sur les personnes".

"La question des compromis territoriaux a cessé d'être la question essentielle; ce qui importait désormais plus que tout c'était d'instaurer des lois empêchant dans les faits les Arabes d'intégrer la société israélienne et, a fortiori, de s'assimiler à elle", écrit-elle.

Or ce mouvement continue de vivre via des "entrepreneurs du dégoût" pour qui "la présence de non-Juifs dans le corps politique juif compromet la pureté du peuple juif dans son ensemble".

M. Ben Gvir a d'ailleurs fait campagne en taclant la présence d'un parti arabe dans la coalition sortante du centriste Yaïr Lapid.

«Peur»

La perspective de voir l'extrême droite au pouvoir inquiète des Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948 et qui représentent aujourd'hui près de 20% de la population.

"Il y a énormément de frustration à voir Netanyahu former un gouvernement avec Ben Gvir. Les gens ont peur des mesures qu'ils vont mettre en oeuvre (...) et de voir les tensions s'accentuer dans les villes mixtes", explique à l'AFP Jaafar Farah, directeur de Moussawa, une ONG de défense des droits des Arabes israéliens.

"La population se demande comment la réconciliation (entre Juifs et Arabes) sera possible. Il n'y a pas vraiment d'espoir", souligne-t-il.

En Israël, la minorité arabe compte sur des partis à la Knesset, le Parlement. Ces formations ont obtenu mardi au total environ le même nombre de voix que l'extrême droite, un demi-million, mais fait élire moins de députés en raison de divisions internes.

Pour Feda Tabouni, partisane de la formation arabe Hadash/Taal, un constat s'impose après ces élections: "Israël devient de plus en plus raciste, fasciste (...) et cela mènera à plus de violence et d'humiliation".

Compliqués

L'annonce, jeudi soir, des résultats des législatives, les 5e en trois ans et demi, est survenue dans un contexte de regain de violences israélo-palestiniennes.

L'armée israélienne a frappé dans la nuit "des sites militaires" dans la bande de Gaza après des roquettes tirées de cette enclave palestinienne vers Israël. Et jeudi quatre Palestiniens, dont un assaillant, un combattant et un adolescent, ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.

L'enclave de Gaza est sous blocus israélien depuis plus de 15 ans et la Cisjordanie et Jérusalem-Est sont occupés par Israël depuis 1967.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a exprimé jeudi sa "profonde inquiétude" face à ces violences et appelé à une désescalade.

Conformément à la loi électorale israélienne, les résultats définitifs des législatives seront transmis le 9 novembre au président Isaac Herzog, qui devra ensuite mandater officiellement le candidat ayant reçu le plus de recommandations de la part des partis pour former un gouvernement, vraisemblablement M. Netanyahu.

Ce dernier aura alors 42 jours pour former son équipe.

Selon les médias locaux, il a d'ores et déjà mandaté Yariv Levin, un de ses proches, pour entamer des pourparlers qui pourraient s'annoncer compliqués, avec la formation "Sionisme religieux" notamment.

Le chef de ce parti, Bezalel Smotrich, a indiqué vouloir le ministère de la Défense, et son n.2 Itamar Ben Gvir, celui de la Sécurité publique, deux postes clés à l'avant-scène du conflit israélo-palestinien.

Chez les ultra-orthodoxes, le chef du parti séfarade Shass, Arieh Dery, revigoré par ses onze sièges, lorgne sur les Finances ou l'Intérieur. M. Dery a été reconnu coupable de fraude fiscale en 2021 et avait auparavant été emprisonné pour corruption.

Israël: quatre ans de crise politique

Les principales étapes de la crise politique en Israël, de son début en 2018 aux élections législatives du 1er novembre, cinquième scrutin en moins de quatre ans.

Parlement sans majorité 

Après la démission en novembre 2018 du ministre de la Défense de l'époque, Avigdor Lieberman, chef du parti nationaliste Israël Beitenou (5 députés) opposé à une trêve entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, le gouvernement Netanyahu ne dispose plus que d'une seule voix de majorité au Parlement. Un mois plus tard, celui-ci est dissous et des élections convoquées.

Aux législatives anticipées du 9 avril 2019, le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 2009, et Kahol-Lavan (Bleu-Blanc), alliance centriste menée par l'ancien chef d'état-major de l'armée Benny Gantz, remportent le même nombre de sièges.

Fin mai, devant l'incapacité à former une coalition, le Parlement vote encore sa propre dissolution.

Netanyahu inculpé 

Le 17 septembre, le Likoud et Bleu-Blanc sont de nouveau au coude à coude à l'issue des législatives.

Le 21 novembre, M. Netanyahu est inculpé de corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes.

Le 11 décembre, après les échecs de MM. Gantz et Netanyahu à former un gouvernement, les députés votent une nouvelle fois la dissolution du Parlement.

Nouvel échec 

Le 2 mars 2020, le Likoud obtient 36 sièges et Bleu-Blanc 33 aux élections.

Le 16, le président Reuven Rivlin charge toutefois M. Gantz de former un gouvernement car il avait rallié davantage d'appuis des autres partis.

N'ayant pas réussi seul, M. Gantz forme à la surprise générale un "gouvernement d'union et d'urgence" avec Benjamin Netanyahu pour faire face à la pandémie de coronavirus.

Le 7 mai, le président charge Benjamin Netanyahu de former le gouvernement d'union, auquel le Parlement accorde sa confiance le 17 mai.

Le 23 décembre, après l'échec de ce gouvernement d'union Netanyahu/Gantz à adopter un budget d'Etat, le Parlement est à nouveau dissous.

Et de 4!

Le 23 mars 2021, le Likoud arrive en tête des nouvelles élections, suivi cette fois par la formation Yesh Atid ("Il y a un futur" en français) de son rival, le centriste Yaïr Lapid.

A la date-butoir du 5 mai, Benjamin Netanyahu échoue à former un gouvernement. Le président charge Yaïr Lapid d'essayer à son tour.

Bennett Premier ministre 

Le 30 mai, le chef de la formation de droite radicale israélienne Yamina, Naftali Bennett, annonce son intention de rejoindre le camp de Yaïr Lapid, qui parvient à réunir une coalition hétéroclite, allant de la droite à la gauche, en comprenant - fait unique - une formation arabe.

Le 13 juin, Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis 15 ans, dont 12 sans discontinuer, est écarté après un vote de confiance du Parlement à cette coalition inédite.

Dans un accord de rotation à la tête du gouvernement, Naftali Bennett devient Premier ministre, tandis que Yaïr Lapid prend la tête de la diplomatie.

Le 4 novembre, le Parlement adopte le budget 2021, le premier voté en trois ans. Le lendemain, le budget 2022 est adopté, une victoire-clé pour la coalition.

La coalition s'écroule 

Le 6 avril 2022, la coalition, tiraillée par des tensions internes, perd sa majorité avec le départ d'une députée du parti de M. Bennett.

Le 20 juin, MM. Bennett et Lapid annoncent la dissolution du Parlement.

Yaïr Lapid assure l'intérim du poste de Premier ministre jusqu'au scrutin fixé au 1er novembre. Naftali Bennett annonce qu'il ne se représentera pas.

Une majorité pour Netanyahu 

Benjamin Netanyahu et ses alliés de droite remportent la majorité des sièges au Parlement à l'issue des législatives du 1er novembre.

Avec 32 sièges pour le Likoud, 18 pour les partis ultra-orthodoxes et 14 pour une alliance d'extrême droite, le bloc de droite a remporté 64 sièges, sur les 120 du Parlement. En face, le bloc de Yaïr Lapid remporte 51 sièges.

"Qui est le maître!" 

Mais M. Netanyahu est conscient que propulser ces personnalités à des postes clés pourrait "endommager" ses relations à l'étranger, estime Shlomo Fischer, du Jewish People Policy Institute à Jérusalem.

"Il ne veut pas que MM. Ben Gvir et Dery mènent la danse", dit l'analyste à l'AFP. "Il est très prudent, il ne veut pas perdre sa légitimité internationale (...) Il pourrait essayer d'élargir sa coalition pour minimiser leur influence".

Alors que M. Ben Gvir multiplie les appels à faire usage de la force contre les Palestiniens et à "montrer qui est le maître" en Israël, les Etats-Unis ont dit, avant l'annonce de la victoire de M. Netanyahu, espérer que "tous les responsables israéliens continueront de partager les valeurs d'une société démocratique et porteuse de tolérance pour toute la société civile, en particulier les groupes minoritaires".

Du temps où il était Premier ministre avant 2021, M. Netanyahu s'était aliéné les alliés historiques d'Israël au sein du parti démocrate du président américain Joe Biden et avait travaillé en étroite collaboration avec l'ex-président républicain Donald Trump.

Le Royaume-Uni a lui aussi invité jeudi, avant l'annonce des résultats définitifs, "tous les partis israéliens à s'abstenir de tout langage incendiaire et à faire preuve de tolérance et de respect envers les groupes minoritaires".


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Short Url
  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.


L'UE appelle les 27 à scruter les investissements des entreprises à l'étranger pour endiguer les fuites de technologies

Short Url
  • La Commission européenne a recommandé aux États membres de l'UEd'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies
  • Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers »

BRUXELLES : La Commission européenne a recommandé mercredi aux États membres de l'UE d'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies dans trois secteurs clés : les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle et le quantique.

Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers » dans ces trois domaines.

La Commission ne mentionne pas l'invasion russe en Ukraine, la concurrence de la Chine ou l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, mais le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, évoque le contexte « géopolitique » et les « risques potentiels » qu'il peut entraîner.

« L'objectif est d'empêcher les investissements sortants de l'UE d'avoir une incidence négative sur la sécurité économique de l'Union en veillant à ce que des technologies et un savoir-faire essentiels ne tombent pas entre de mauvaises mains », a expliqué la Commission.

Le réexamen demandé par Bruxelles « doit durer 15 mois et couvrir les transactions en cours et passées, en remontant jusqu'au 1^(er) janvier 2021 ».

Les États membres sont invités à fournir un premier rapport d'avancement pour le 15 juillet, puis un rapport complet sur les risques identifiés pour le 31 mars 2026.

La souveraineté industrielle est au cœur du nouveau mandat de l'exécutif européen, dans le sillage du rapport de Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien Premier ministre italien, qui doit être publié en 2024.

L'Europe accuse un retard économique par rapport aux États-Unis et accroît sa dépendance envers la Chine, a-t-il mis en garde.