PARIS: Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a jugé vendredi que Marine Le Pen et Jordan Bardella étaient "complices" des propos considérés comme racistes de l'élu RN Grégoire de Fournas jeudi à l'Assemblée nationale, se disant favorable à sa démission.
"J'espère que le bureau de l'Assemblée nationale prendra la décision la plus forte pour sanctionner ce député. Je pense que la question de sa démission se pose pour lui", a estimé M. Darmanin sur BFMTV et RMC, ajoutant qu'il signerait une pétition du groupe Renaissance réclamant son départ.
Le ministre de l'Intérieur a en outre jugé que Marine Le Pen et Jordan Bardella, président par intérim du RN, étaient "complices de ce racisme ordinaire".
"Mme Le Pen soutient ce député, elle n'a pas fait un pas de côté. Je dirais même que les propos entendus depuis hier soir légitiment la parole de ce député", a estimé Gérald Darmanin.
"La polémique créée par nos adversaires politiques est grossière et ne trompera pas les Français", avait réagi jeudi la présidente du groupe RN sur Twitter.
Sur Europe 1, Le ministre des Relations avec le Parlement Franck Riester a demandé vendredi à Marine Le Pen de "prendre ses responsabilités" en excluant du groupe RN le député Grégoire de Fournas.
"Madame Le Pen ne peut pas simplement couvrir son député, elle doit prendre ses responsabilités. Est-ce que Madame Le Pen va accepter demain (...) qu'un député ayant eu de tels propos reste au sein du groupe RN, je ne peux le concevoir", a-t-il expliqué.
"Qu'il retourne en Afrique", a reconnu avoir lancé M. de Fournas jeudi lors d'une intervention de l'élu LFI Carlos Martens Bilongo, qui s'exprimait sur le "drame de l'immigration clandestine".
Le député de Gironde a ensuite catégoriquement nié tout caractère raciste, assurant parler du bateau et pas du député, et dénonçant une "manipulation de LFI" visant à lui prêter des "propos dégueulasses".
Cette interpellation a immédiatement suscité une bronca, conduisant après quelques minutes de confusion à un rarissime arrêt de la séance des questions au gouvernement. L'élu RN pourrait être sanctionné dès vendredi par le bureau de l'Assemblée nationale qui se réunit à 14h30.
Ces propos ont fait réagir au plus haut sommet de l'Etat. Emmanuel Macron s'est dit "heurté" par des "mots intolérables", selon son entourage.
Sur RMC, le député LFI Carlos Martens Bilongo a réclamé vendredi matin la "sanction la plus lourde" de la part du bureau de l'Assemblée, sans demander explicitement la démission du parlementaire RN.
"Nous sommes pour le Ric, pour la révocation des élus par les citoyens, et il a été élu par le peuple, malheureusement, on déplore aujourd'hui les conséquences", a-t-il répondu, en évoquant la pétition qui circule pour demander cette démission.
De source parlementaire, le député concerné est passible d'une "censure simple", soit la privation pendant un mois de la moitié de l’indemnité parlementaire. Ou d'une "censure avec exclusion temporaire", c'est-à-dire la privation pendant deux mois de la moitié de l'indemnité allouée au député avec interdiction de prendre part aux travaux de l’Assemblée et de reparaître au Palais Bourbon pendant quinze jours.