PARIS: Une vingtaine de militants écologistes, soutenus par des députés EELV et LFI, ont bloqué la circulation quelques heures mercredi devant l'Assemblée nationale pour demander de conserver dans le budget 12 milliards d'euros supplémentaires pour la rénovation thermique des logements, votés lundi contre l'avis du gouvernement.
Mais Elisabeth Borne a mis fin à leurs espoirs en engageant en fin de journée le 49.3 pour faire adopter sans vote l'ensemble du projet de budget 2023 de l'Etat en première lecture. Elle a expliqué qu'elle ne reprendrait pas les amendements EELV et PS sur le sujet: "On ne peut pas multiplier par sept du jour au lendemain les travaux de rénovation thermique", a-t-elle déclaré.
Vêtus de gilets orange et entourés d'un important dispositif policier, les militants du collectif "Dernière rénovation" s'étaient assis boulevard Saint-Germain devant le Palais Bourbon à la mi-journée en réclamant le maintien de ces amendements.
Certains se sont même collé les mains sur le bitume avec de la glu sur le quai de la Seine, a constaté un journaliste de l'AFP.
Neuf personnes, selon la préfecture, ont été interpellées vers 15h00 après plus de deux heures et demie de blocage.
Elles ont été placées en garde à vue pour "entrave à la circulation ou organisation d'une manifestation non déclarée", a indiqué le parquet de Paris.
"Dans les médias, vous avez entendu parler +d'écoterrorisme+ (mais) les jeunes sont anxieux, en colère pour les générations à venir. Nous avons le pouvoir de changer les choses", a exhorté l'un des orateurs.
Plusieurs députés se sont joints au cortège, notamment les EELV Sandrine Rousseau, Julien Bayou et la présidente du groupe écolo à l'Assemblée Cyrielle Chatelain, ainsi que des LFI comme Alma Dufour, Charlotte Leduc et Maxime Laisney.
Ancien N.1 d'EELV, Julien Bayou se "réjouit quand il y a comme ça un continuum entre la mobilisation sur le terrain, la désobéissance civile non-violente et l'action dans les institutions. C'est ça l'écologie".
Sa collègue Eva Sas, à l'origine de l'un des amendements, estime que ces crédits représentent "un besoin de tous les Français pour être accompagnés pour des rénovations globales de leurs logements avec un reste à charge zéro".
"Aller en garde à vue ou risquer un procès, pour moi, ce n'est rien par rapport à ce qui nous attend" à cause du réchauffement climatique, a souligné auprès de l'AFP Rachel, militante de 20 ans déjà interpellée lors d'une précédente action.
Le collectif "Dernière rénovation", qui s'est illustré cet été en interrompant des étapes du Tour de France et un match à Roland Garros, a multiplié les actions "coup de poing" ces derniers jours: blocage de l'autoroute A6a et perturbation d'une représentation à l'Opéra de Paris vendredi, mise en berne du drapeau français au Panthéon lundi, tentative échouée mardi de s'accrocher devant Matignon...