ROME : Au moins cinq migrants ont péri mercredi dans le naufrage de leur embarcation en Méditerranée malgré l'intervention du navire humanitaire Open Arms qui a secouru une centaine de rescapés, a-t-on appris auprès de l'ONG du même nom.
Les secouristes ont dû se jeter à l'eau pour récupérer hommes, femmes et enfants tombés à la mer lorsque leur bateau pneumatique surchargé s'est disloqué au large de la ville libyenne de Sabratha, non loin de l'île italienne de Lampedusa.
« Les opérations de secours sont terminées, tout le monde est à bord mais il y a cinq morts et nous aurons probablement besoin de plusieurs évacuations médicales », a précisé à l'AFP Veronica Alfonsi, porte-parole d'Open Arms Italie.
Les corps des cinq migrants noyés ont été remontés à bord. Sur son compte Twitter, l'ONG a publié une photo de secouristes portant un corps dans un linceul blanc.
« Parmi les survivants nous avons deux bébés et cinq enfants, ainsi que deux femmes enceintes. Leurs conditions ne sont pas bonnes, nous les aidons mais nous aurons besoin d'une évacuation médicale », a-t-elle ajouté.
L'ONG espagnole avait tiré la sonnette d'alarme un peu plus tôt dans la journée: « Nos secouristes sont dans l'eau cherchant à sauver environ 100 personnes ».
« L'embarcation s'est brisée, voici ce qui se produit quand on abandonne des personnes en mer pendant des jours », a ajouté Open Arms sur Twitter.
200 migrants à bord
L'Open Arms, qui mardi avait déjà secouru 88 personnes et compte donc désormais près de 200 migrants à son bord, devrait tenter d'accoster à Lampedusa pour évacuer les personnes les plus fragiles ou nécessitant des soins après avoir été sauvées de la noyade.
C'est le seul navire humanitaire en opération actuellement en Méditerranée, ceux des autres ONG étant retenus pour diverses raisons dans les ports italiens.
« Les conditions maritimes sont bonnes maintenant et c'est la raison pour laquelle il y a autant d'embarcations en mer », a précisé Mme Alfonsi.
Selon un porte-parole de la plateforme d'assistance téléphonique aux migrants Alarm Phone, entre quatre et cinq embarcations, dont deux se trouvent dans les eaux maltaises, nécessitent une intervention rapide.
L'année 2020 est marquée par une recrudescence d'embarcations en Méditerranée centrale, route migratoire la plus meurtrière du monde pour les candidats à l'exil vers l'Europe, venus pour l'essentiel de Libye et de la Tunisie voisine.
Plus de 20.000 migrants ont péri en sept ans, depuis le 3 octobre 2013, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
L'opération de mercredi démontre « la nécessité urgente de décréter des corridors humanitaires » entre le continent africain et l'Europe, a indiqué dans une vidéo postée sur Twitter le responsable d'Open Arms Italie, Riccardo Gatti.
La Commission européenne a présenté en septembre un « Pacte européen sur la migration et l'asile » qui prévoit notamment qu'un mécanisme de solidarité soit déclenché en cas de sauvetage en mer, c'est-à-dire qu'elle réclame que des pays se portent volontaires pour soulager l'Italie et Malte.
Dans ce vaste catalogue de mesures qui doit encore être soumis au vote des 27 Etats membres de l'UE, Bruxelles recommande aussi que les ONG qui viennent au secours des migrants en détresse soient mises à l'abri des poursuites.
La semaine dernière, un juge sicilien a prononcé un non-lieu au profit d'Anabel Montes et Marc Reig, respectivement cheffe de mission et commandant de l'Open Arms lors d'opérations de sauvetage menées en 2018, qui étaient poursuivis pour aide à l'immigration clandestine.