Les enjeux du sommet d’Alger: «Non à l’inclination permanente au compromis»

Un panneau d'affichage annonce la 31e session ordinaire du sommet des chefs d'État de la Ligue arabe qui se tiendra en Algérie, dans la capitale Alger, le 30 octobre 2022. (AFP)
Un panneau d'affichage annonce la 31e session ordinaire du sommet des chefs d'État de la Ligue arabe qui se tiendra en Algérie, dans la capitale Alger, le 30 octobre 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 31 octobre 2022

Les enjeux du sommet d’Alger: «Non à l’inclination permanente au compromis»

  • La Palestine, mais aussi le conflit au Yémen, la guerre en Syrie, la situation politique en Libye comptent parmi les dossiers inscrits à l’ordre du jour du sommet
  • L’Algérie a toujours conseillé aux dirigeants palestiniens de s’inspirer de la révolution algérienne

ALGER: C’est dans un cadre serein que l’Algérie s'apprête à accueillir les pays arabes pour le 31e sommet de la Ligue arabe. Les populations de la région seront attentives à l’aboutissement des travaux de cet événement, notamment en ce qui concerne la cause palestinienne, dont le caractère central reste indiscutable.

La Palestine, mais aussi le conflit au Yémen, la guerre en Syrie, la situation politique en Libye comptent parmi les dossiers inscrits à l’ordre du jour du sommet. Selon les observateurs, toutes les conditions sont réunies pour son succès.

Soulignant «l’impératif de réussite de ce sommet», l’analyste et chercheur en histoire Rabah Lounici explique que «la stratégie sécuritaire de l’Algérie et son engagement au niveau régional et international sont étroitement liés à quatre dimensions essentielles: les pays du Maghreb, la sphère arabe, l’espace méditerranéen ainsi que l’Afrique subsaharienne et le Sahel».

«Toute ingérence ou instabilité dans l’une de ces zones affecte directement l’Algérie», ajoute-t-il. Il s’agit, selon lui, d’«espaces vitaux interconnectés». Cela impose au pays «de ne pas rester isolé sous prétexte qu’il s’occupe de sa politique interne».

Il ajoute que «l’Algérie doit jouer un rôle efficace et influent pour défendre ses intérêts ainsi que pour protéger sa sécurité». De ce point de vue, il est nécessaire, estime-t-il, de «prendre conscience de la nécessité pour notre pays de réactiver sa dynamique sur le plan régional et international, notamment lors du prochain sommet».

La défense des intérêts de l’Algérie exige une présence effective

L’universitaire insiste sur le fait qu’Alger doit «saisir la nécessité d’une présence effective au sein de toutes les enceintes internationales et régionales sans en négliger aucune».

Alors que certaines voix s’élèvent pour dénoncer certaines organisations internationales, les qualifiant d’«édifices politiques sans âme», inefficaces, inutiles et dont il faudrait absolument se retirer, M. Lounici juge «simplistes et trop hâtives» ces analyses et considère que leurs auteurs «manquent de discernement».

Le plus important d’après le Pr Lounici est «de réfléchir à des mécanismes et à des outils qui doivent permettre la réforme de la Ligue en tant que moyen politique des Arabes afin de faire prévaloir leurs droits et leurs intérêts géostratégiques» dans un monde où «les alliances et regroupements sont, de fait, des impératifs pour des actions communes».

Se rappeler les liens fondamentaux

Le choix de la date de la tenue du sommet n’est pas fortuit, «mais soigneusement étudié», insiste le Pr Lounici, pour qui «ce sommet aura lieu au moment où le peuple algérien célébrera le 68e anniversaire de sa glorieuse révolution».

L’Algérie rappellera aux peuples arabes ce qu’était la révolution avec laquelle ils ont interagi et qu’ils ont soutenue. «La révolution a aussi été une source de fierté et elle a redonné aux peuples de la région confiance en leur capacité à donner cette belle image de sacrifice et de rédemption.»

«Choisir l’anniversaire de notre révolution pour l’organisation du sommet est une réactivation de la puissance douce que cette révolution aura façonnée pendant des années» explique le Pr Lounici. Une révolution qui a été «un facteur déterminant» pour la puissance diplomatique de l’Algérie dans le rétablissement de son indépendance, avant que cette diplomatie ne soit relativement «crispée» au cours des années 1990 en raison des multiples subterfuges et des complots contre l’Algérie qui l’ont menée dans la spirale du terrorisme. «L’Algérie a vu son rôle marginalisé et  sa diplomatie s’éclipser.»

Mais, poursuit le chercheur, «nous avons réussi à changer l’image de l’Algérie dans le monde, de l’image du chaos. Aujourd’hui, à la restauration des exploits de l’Histoire. «Que les peuples arabes célèbrent cet anniversaire avec l’Algérie, c’est qu’ils rétablissent l’interaction qui prévalait: celle du soutien de la cause d’un peuple résistant.»

Un message clair au peuple palestinien

L’Algérie a toujours conseillé aux dirigeants palestiniens de s’inspirer de la révolution algérienne. La quête de l’autonomie passe impérativement par «la formation d’un front palestinien uni similaire au Front de libération nationale pour faire taire toutes les divergences».

Malheureusement, la désunion est la tare du peuple palestinien. Cette fragmentation entrave sa lutte et l’engage parfois dans des conflits violents. L’Algérie s’est donc efforcée de réunir les Palestiniens lors de ce sommet et cet exploit diplomatique a été réalisé avant la tenue du sommet par la déclaration d’Alger.

La région connaît également des frictions avec les pays voisins, comme l’Iran, et la tentative de certains pays arabes «d’en faire un ennemi plutôt que de désigner l’entité sioniste avec laquelle la normalisation a pris la forme d’une fuite en avant».

Cette précipitation pour la normalisation, selon les mots du président de la république algérienne, Abdelmadjid Tebboune, n’est autre qu’une participation passive et inconsciente à la fondation du «Nouveau Moyen-Orient», dont l’architecture politique est dessinée par les sionistes. Son processus a été déclenché dès la conférence qui s’est tenue au Maroc en 1994.

Ce sommet revêt donc des enjeux majeurs. Les dirigeants arabes feront à nouveau face à leur responsabilité politique et aux attentes des populations de la région.


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".