MONTPELLIER: Le réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche, perdu de vue depuis trois ans, a expliqué qu'il travaillait activement à la sortie des deux derniers volets de sa trilogie "Mektoub My Love", vendredi à Montpellier, dans le sud de la France, où sa présence a suscité la colère de manifestants féministes.
En 2019, son film "Mektoub My Love : Intermezzo" avait suscité la polémique au festival de Cannes. Ophélie Bau, nommée aux César pour sa prestation dans le premier volet de "Mektoub My Love - Canto Uno" (2016), avait monté les marches mais s'était éclipsée avant la projection du film.
Le réalisateur, Palme d'Or en 2013 pour "La vie d'Adèle", ne s'était plus montré en public depuis cet épisode et on ignorait tout de l'état d'avancement de ce film, bien qu'il ait promis d'en modifier le montage pour écarter les plans qui gêneraient son actrice.
"Ils sont filmés, ils sont au montage, au remontage. J'y passe mon temps, depuis toutes ces années. Je n'ai fait pratiquement que ça : monter, remonter, essayer... J'espère bientôt la fin de Mektoub", a dit le cinéaste de 61 ans à l'ocacsion d'une "master-class" devant plusieurs centaines de spectateurs, au festival du cinéma méditerranéen (Cinémed) de Montpellier, dont il est l'un des invités d'honneur.
"J'écris aussi des scénarios, mais je ne suis pas encore sûr de celui que je vais bientôt aborder en préparation, casting, etc.", a-t-il ajouté, suggérant qu'il tournerait probablement à nouveau dans cette région, l'Occitanie, où il "se sent bien".
Avant et après cette master-class, une vingtaine de personnes ont manifesté devant le palais des congrès pour dénoncer la présence du réalisateur, l'accusant de "sexisme" dans sa manière de filmer les femmes et dénonçant ses méthodes de travail qui s'apparenteraient à du harcèlement.
"Le travail avec les acteurs et les actrices, ça se passe parfois merveilleusement bien, et puis parfois, ça peut aussi se passer très mal", a reconnu le réalisateur, déclarant toutefois préférer que le "linge salle se lave en famille".
Revenant ainsi sur le déroulement de la projection de "Mektoub My Love : Intermezzo" à Cannes en 2019, il a affirmé qu'il n'avait pas été "conscient sur le moment de ce qui s'est passé" ce soir-là : "Je ne savais pas que les deux acteurs les plus concernés par le film étaient partis. Autrement, la projection n'aurait pas eu lieu", a-t-il assuré.
Quelques militantes féministes l'ont alors interrompu des rangs du public, scandant "Ici aussi, on se lève et on se casse !", une allusion au départ fracassant d'Adèle Haenel lors des César 2020 après un prix remis à Roman Polanski.
Invitée à s'exprimer au micro, l'une d'entre elles a dénoncé sa venue, soulignant notamment qu'il avait fait l'objet d'une plainte pour agression sexuelle (classée sans suite en 2020, ndlr).
"Je pense que vous desservez la cause que vous êtes censée défendre", a répondu calmement le cinéaste. "On milite comme on veut", a répliqué la jeune femme.
"Je crois que les films que je fais ont parlé et que je n'ai pas besoin de faire de discours sur ces films pour (que l'on comprenne) que tout ce dont je suis accusé est proprement stupide", a ensuite soupiré le réalisateur.