PEKIN: Le Fonds monétaire international (FMI) a revu nettement à la baisse vendredi ses prévisions de croissance en Asie-Pacifique, en raison d'un ralentissement économique en Chine "brutal et inhabituel" au moment où l'économie mondiale est déjà sous pression.
La croissance mondiale est mise à mal par la guerre en Ukraine et l'inflation. Dans ce contexte, le FMI avait mis en garde au début du mois contre un risque de récession dans plusieurs pays développés l'an prochain.
Si l'Asie-Pacifique demeure un "point relativement lumineux" par rapport à d'autres parties du monde, les chocs à répétition sur l'économie mondiale ont terni la reprise post pandémie, souligne vendredi le FMI dans ses Perspectives économiques régionales.
Et ce, au moment où la région est confrontée au "ralentissement brutal et inhabituel de la Chine" qui jusque-là avait servi de locomotive, relève l'institution de Washington.
Le FMI s'attend ainsi à une croissance de 4% cette année en Asie-Pacifique, en baisse de 0,9 point par rapport aux précédentes prévisions de juillet.
La prévision pour 2023 est également nettement revue à la baisse à 4,3%, contre 5,1% en juillet.
"Le fort rebond économique de l'Asie en début d'année est en train de perdre son élan", estime Krishna Srinivasan, responsable Asie-Pacifique au FMI.
Effet boule de neige
La faute en partie à la Chine.
Le géant asiatique continue à suivre une politique anti-Covid inflexible, près de trois ans après l'apparition des premiers cas à Wuhan (centre).
Ces mesures, qui entraînent la fermeture inopinée d'entreprises et d'usines, pénalisent activité et déplacements, et pèsent sur la consommation des ménages.
Au deuxième trimestre, le PIB de la Chine a ainsi connu un coup d'arrêt, ne progressant que de 0,4% sur un an, sa pire performance depuis 2020.
Il a toutefois rebondi au troisième trimestre (3,9%), selon des chiffres officiels publiés lundi.
Malgré ses conséquences sur l'activité, le président Xi Jinping a réaffirmé le bien-fondé du "zéro Covid", douchant tout espoir de retour à la normale.
Cette politique est à rebours de nombre de pays, qui optent pour une cohabitation avec le virus et ont levé les restrictions.
Parallèlement, la Chine traverse une crise sans précédent dans l'immobilier, historiquement un moteur de la croissance.
Ce secteur, qui représente avec la construction plus du quart du PIB du pays, est en souffrance depuis des mesures adoptées par Pékin en 2020 pour réduire l'endettement.
Les ventes immobilières s'affichent désormais en repli dans de nombreuses villes, après des années de hausses vertigineuses.
Nombre de promoteurs luttent pour leur survie, alors que certains propriétaires refusent de payer leurs mensualités pour des logements inachevés.
"Le ralentissement aura d'importantes répercussions ailleurs en Asie, en raison des liens commerciaux et financiers" du continent avec le géant asiatique, avertit le FMI.
Le Fonds table sur 3,2% de croissance en Chine cette année, après 8,1% en 2021.
Il s'agirait de sa croissance la plus molle depuis quatre décennies, hors période de Covid.