Business France: «Nous ferons Moyen-Orient notre zone prioritaire de développement»

Pour Axel Baroux, le nouveau délégué français au commerce et à l'investissement aux EAU et directeur régional de Business France au Moyen-Orient, le moment est favorable pour renforcer la présence française. Capture d'écran.
Pour Axel Baroux, le nouveau délégué français au commerce et à l'investissement aux EAU et directeur régional de Business France au Moyen-Orient, le moment est favorable pour renforcer la présence française. Capture d'écran.
Short Url
Publié le Samedi 29 octobre 2022

Business France: «Nous ferons Moyen-Orient notre zone prioritaire de développement»

  • Pour Axel Baroux, le nouveau délégué français au commerce et à l'investissement aux EAU et directeur régional de Business France au Moyen-Orient, le moment est favorable pour renforcer la présence française
  • Pour aider à l'expansion des entreprises françaises dans la région, le nouveau délégué mettra en place un plan d’action avec comme point fort l’accompagnement individuel des entreprises dans la durée

PARIS : Dans un contexte de crise géopolitique et énergétique où les alliances sont remises en cause, la France et les pays du Golfe ont tissé des liens stables et créé une relation de confiance. 

Si Paris a su établir également une présence économique forte dans la majorité des pays du Proche et Moyen-Orient, consolidée par les dialogues stratégiques et les visites de haut niveau, il reste cependant de la marge pour progresser. Mais le contexte est très concurrentiel, car la région, stimulée par la hausse des prix du pétrole et les réformes économiques et sociétales, enregistre un des taux de croissance les plus importants au monde. Elle est donc courtisée par le monde entier. Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), l’économie des Émirats arabes unis (EAU) devrait croître de 5,1% cette année et de 4,2% en 2023. Elle sera suivie par Oman (4,1%), l’Arabie saoudite (3,7%), le Koweït (2,6%) et le Qatar (2,4%) l’année prochaine. 

Pour renforcer sa position à l’international, la France s’est dotée depuis 2017 d’un instrument de promotion économique, la «Team France», qui regroupe les chambres de commerce françaises, la banque d’investissement publique BPI France, les conseillers du commerce extérieur, les ambassades, et Business France (agence publique de promotion de l’économie française à l’international). Cette dernière a pour mission notamment d’accompagner les nouveaux acteurs sur le marché à l’étranger, de créer les opportunités de signature de contrats et de partenariats entre entreprises françaises et étrangères, ainsi que de promouvoir l'attractivité tricolore auprès des investisseurs étrangers. 

Pour Axel Baroux, le nouveau délégué français au commerce et à l'investissement aux EAU et directeur régional de Business France au Moyen-Orient, le moment est favorable pour renforcer la présence française. «La région est en plein boom économique avec des opportunités multiples et multisectorielles, et il en est de même sur le plan financier. Les relations bilatérales sont excellentes, donc on a, dans cette région du monde, et aux Émirats en particulier, toutes les possibilités de faire un travail de très grande qualité», déclare-t-il à Arab News en français. «Mon ambition est de faire de cette zone une zone prioritaire pour l’agence Business France, et de faire de cette région une success story gagnant-gagnant», ajoute-t-il.  

Avec le bureau régional établi à Dubaï, l’agence est présente dans sept pays: l’Arabie saoudite (avec des bureaux à Riyad et à Djeddah), le Koweït, le Qatar, la Turquie, Israël et les EAU. En tout, une soixantaine de personnes chargées de répondre aux demandes des entreprises françaises «très intéressées notamment par les Émirats et par les grands projets annoncés en Arabie saoudite».  

Principal centre économique et financier de la péninsule Arabique depuis une quinzaine d’années, les Émirats sont le premier client de la France parmi les pays du Proche et Moyen-Orient (35% des exportations françaises vers la région en 2021) et son deuxième fournisseur (17% des importations françaises), derrière l’Arabie saoudite. Le commerce bilatéral (exportations et importations) s'élevait à 5,6 milliards d'euros, après 4,8 milliards d'euros en 2019 (+ 8% ) et 3,9 milliards d'euros en 2020. Les exportations françaises sont tirées notamment par l’aéronautique (25% avec près d’un milliard d’euros de commandes) et les produits de luxe, parfums et cosmétiques, en passant par les équipements de communication et les produits pharmaceutiques (la France est le cinquième fournisseur de produits pharmaceutiques aux Émirats). Quant aux importations françaises, elles se concentrent sur les produits pétroliers. 

La France a la cote dans la région: elle a signé l’an dernier de gros contrats stratégiques avec les EAU dans le secteur de la défense pour un montant de 19 milliards de dollars (1 dollar = 0,99 euro). Au Qatar, TotalEnergies a été récemment sélectionné pour s'associer à QatarEnergy sur le champ gazier Giant North Field East. 

Bilan et nouveau plan d'action  

Malgré tout, Paris se place seulement troisième parmi les partenaires européens, en parts de marché, dépassé par Berlin et Londres. «Il y a encore de la place pour de l’amélioration. il s’agit simplement d’être meilleur que les autres», lance Axel Baroux. «La France est perçue comme un pays d’ingénieurs. Je souhaite que l’on soit perçu aussi comme une nation de commerçants dorénavant.» 

Pour aider à l'expansion des entreprises françaises dans la région, le nouveau délégué mettra en place un plan d’action avec comme point fort l’accompagnement individuel des entreprises dans la durée. «Nous allons continuer notre travail sur les plus grands salons à Dubaï, mais il ne s’agit pas uniquement d’assurer la présence de l’entreprise à un ou plusieurs salons. Il faut suivre son évolution sur la durée et sur l’ensemble des marchés de la région», explique-t-il. «L’Expo 2020 a été cruciale pour façonner une nouvelle dynamique. Nous avons soutenu plus de 400 entreprises françaises à travers différents événements sur le pavillon France et avons connecté plus de 1600 acteurs économiques lors de nos sessions de networking», ajoute M. Baroux. 

Dans l’élan, «nous allons organiser également un forum régional d’affaires afin de développer de nouveaux business entre acteurs régionaux et entreprises françaises». Le forum se tiendra l’année prochaine à Paris, sous le haut patronage du président de la République, et aura lieu au ministère de l’Économie et des Finances, avec le soutien du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. 

Enfin, Business France souhaite développer ses plateformes d’e-commerce: des vitrines dans les domaines de la cosmétique ou de l’agroalimentaire pour mieux connecter les acheteurs de la région avec les acteurs français. 

La présence française double en dix ans 

Historiquement très liée à la région, la France est un important investisseur: le stock d'investissements directs étrangers (IDE) français aux EAU s’établissait à 2,5 milliards d’euros en 2020. Selon les dernières données locales, Paris était le 3e investisseur étranger dans l’émirat d’Abu Dhabi en 2016, avec 7,7% du stock d’IDE, tandis qu’à Dubaï, il se plaçait au 5e rang en 2018 (chiffres gouvernement français). En Arabie saoudite, le stock d’investissements directs français est estimé à quelques 3 milliards de dollars. Cela représente 25% des IDE français au Moyen-Orient (Qatar: 1%, EAU: 21%) 

Le nombre d’entreprises françaises a plus que doublé en dix ans aux EAU, passant de 250 en 2009 à près de 600 aujourd’hui, représentant plus de 30 000 emplois directs. Elles sont près de 150 en Arabie saoudite et plus de 200 au Qatar. Plusieurs grands groupes (Total, EDF, Thales, Safran, Alstom, Airbus, Engie, mais aussi Sanofi, Ipsen, Servier, Air Liquide et Hygienair…), entreprises de taille intermédiaire (ETI), et petites et moyennes entreprises (PME) ont établi leurs quartiers régionaux à Dubaï, notamment dans les zones franches, profitant du positionnement central du pays pour atteindre aussi les marchés africains ou asiatiques. Les Français sont présents dans tous les principaux secteurs de l’économie régionale: aéronautique et espace civil et militaire, produits de luxe, énergie, développement durable, transport urbain, banque et assurance, hôtels, commerce de détail et industrie, etc. «Avec quelques success stories, comme celle de l’agence créative Studio BK – qui fait partie de BK international Group –, en charge du marketing pour de grandes entreprises comme Emaar ou Dubai Holding et productrice du contenu du dôme Al Wasl à l’Expo 2020 de Dubaï par exemple, ou encore celle de la société de technologie quantique Pasqal qui s’est associée à Saudi Aramco pour développer des applications d'informatique quantique pour le secteur de l'énergie», ajoute Axel Baroux. D'autres événements de jumelage d'entreprises sont également en train de voir le jour dans le secteur de la construction, de l'industrie et de la mobilité. 

Les entreprises françaises innovantes sont aussi reconnues dans le monde entier pour leur expertise dans CyberSec, FinTech, IA. 

«Les startups françaises sont en plein essor. L'année dernière, elles ont levé globalement 11,7 milliards d'euros (+ 115% par rapport à l'année précédente). Dans les six premiers mois du 2022, elles ont levé 8,4 milliards d’euros dans le monde. En plus des fonds souverains, on constate aussi un intérêt croissant de la part des capitaux privés de la région dans nos start-up. Nous travaillons sur certains projets avec des entreprises privées, par exemple dans le secteur de recherche et développement (R&D)», déclare Raffaella Silvetti, directrice du département Invest in France chez Business France. 

Car au-delà de l’accompagnent des entreprises à l’international, la mission de Business France consiste aussi à attirer les investisseurs vers l’hexagone. «Pour la troisième année consécutive, la France est devenue le pays le plus attractif au niveau européen pour les investisseurs étrangers, devant le Royaume-Uni et l'Allemagne, selon l'étude d'attractivité européenne du cabinet de conseil indépendant Ernst & Young (EY)», ajoute Raffaella Silvetti. La France redevient également le leader européen pour les projets industriels ainsi que pour les décisions d'investissement en R&D, toujours selon la même étude. 

Les EAU sont déjà l'un des plus grands investisseurs étrangers du Moyen-Orient en France à travers notamment des fonds souverains. Ces investissements devraient croître à la suite de la signature de partenariats d'investissement avec Mubadala et avec l'ADQ à l'occasion de la visite du président Macron aux EAU en décembre 2021. 

L’agenda à venir 

Après avoir réuni une soixantaine d’entreprises au salon tech Gitex de Dubaï en octobre, Business France participera au rendez-vous annuel mondial des professionnels de l’énergie ADIPEC a Abu Dhabi, avec une délégation de 37 entreprises françaises spécialisées dans les technologies du pétrole, du nucléaire, ou encore des énergies renouvelables.

Les 22 et 23 novembre, dans le cadre du dialogue stratégique avec les EAU, Business France, CCI France-UAE, Borouge et Adnoc organiseront la 6e édition des «jours d’énergie» à Abu Dhabi et Al-Ruwais.

Le secteur français de la construction sera présent, lui aussi, en décembre prochain au Big 5 Show de Dubaï. Plus d’une centaine d’entreprises françaises se rendront au Beauty World Middle East (31 octobre-2 novembre 2022).

La France est le premier partenaire commercial des EAU pour les produits cosmétiques, avec une part de marché estimée à 20% en 2021. Elle est le leader de la parfumerie avec 36% de part de marché.

À travers le label français de la santé, Business France souhaite réunir plus de 80 PME françaises à Arab Health.

Dans le domaine agro-alimentaire, plus de 50 fabricants d'équipements et d'ingrédients seront présents à Gulfood Manufacturing en novembre prochain. 


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
Short Url
  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
Short Url
  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Short Url
  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.