Nouveau 49.3: la Nupes partagée sur la stratégie, LFI déposera seule sa motion

Les membres de la coalition de gauche NUPES donnent une standing ovation après le discours de la présidente du groupe parlementaire du parti de gauche LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, à l'Assemblée nationale française à Paris le 23 octobre 2022. (Photo, fp)
Les membres de la coalition de gauche NUPES donnent une standing ovation après le discours de la présidente du groupe parlementaire du parti de gauche LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, à l'Assemblée nationale française à Paris le 23 octobre 2022. (Photo, fp)
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Publié le Jeudi 27 octobre 2022

Nouveau 49.3: la Nupes partagée sur la stratégie, LFI déposera seule sa motion

Les membres de la coalition de gauche NUPES donnent une standing ovation après le discours de la présidente du groupe parlementaire du parti de gauche LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, à l'Assemblée nationale française à Paris le 23 octobre 2022. (Photo, fp)
  • Privé de majorité absolue, le gouvernement a actionné pour la troisième fois en une semaine l'arme constitutionnelle du 49.3, qui permet de faire passer sans vote un texte de loi, sauf adoption d'une motion de censure
  • «Nous continuons d’être ulcérés par la pratique du 49.3 et l'ensemble de l'œuvre budgétaire (de l'exécutif) méritera de nouvelles motions(...)», a déclaré le communiste Pierre Dharréville

PARIS: Au nouveau 49.3 dégainé par Élisabeth Borne sur le budget de la Sécu, seuls les députés LFI à gauche entendent cette fois répondre par le dépôt d'une motion de censure, la décision du RN étant de son côté toujours attendue. 

Les oppositions ont jusqu'à jeudi soir pour déposer des motions. "On va le faire, en tout cas du côté insoumis, parce qu'il ne faut pas banaliser le 49.3", a expliqué le président de la commission des Finances Eric Coquerel (LFI) jeudi matin sur France 2. 

Une position répétée ces derniers jours par la présidente du groupe à l'Assemblée Mathilde Panot: "je pense qu’il serait impensable que le gouvernement utilise le 49.3 sans qu'il n'y ait aucune réaction de l’Assemblée nationale". 

Privé de majorité absolue, le gouvernement a actionné pour la troisième fois en une semaine l'arme constitutionnelle du 49.3, qui permet de faire passer sans vote un texte de loi, sauf adoption d'une motion de censure. 

En réponse aux deux premiers, sur les recettes du budget de l'Etat et de celui de la Sécu, l'alliance Nupes avait déposé deux motions de censure. 

Mais même avant le vote, et avec un marathon budgétaire qui pourrait passer au total par une dizaine de 49.3 d'ici mi-décembre, leurs divergences de stratégies se faisaient entendre: LFI favorable à des dépôts systématiques, le reste de la Nupes beaucoup moins. 

C'est donc sans trop de surprise que LFI fera cavalier seul cette fois, au moins pour le dépôt de la motion. Les autres groupes de gauche (socialiste, communiste, écologiste) ont fait savoir qu'ils ne signeraient pas de motion. 

Le vote plus crucial que le dépôt  ? 

"Nous continuons d’être ulcérés par la pratique du 49.3 et l'ensemble de l'œuvre budgétaire (de l'exécutif) méritera de nouvelles motions. Pour autant, nous pensons que ce n’est pas le bon choix de banaliser les motions de censure", a déclaré le communiste Pierre Dharréville. 

Son groupe aurait "préféré aboutir à une stratégie partagée" à gauche, mais "respecte" la décision de LFI, et se dit "disposé à voter la motion". Les socialistes n'ont pas encore pris position. Les écologistes n'en ont pas encore parlé en réunion de groupe selon une source parlementaire. 

"Faut-il de nouveau redire que nous ne sommes pas d'accord, alors que le message est passé, c'est pas forcement une évidence", a déclaré sur RFI le député PS Arthur Delaporte à propos du dépôt d'une mention. 

"Il y a des divergences d'appréciation au sein de la Nupes mais pas de drame", insiste un des acteurs à gauche. 

Le ralliement surprise lundi des voix du RN à l'une des motions Nupes, "un coup de poing dans le ventre" pour le patron des députés PS Boris Vallaud, a provoqué un malaise dans les rangs et une avalanche d'attaques du camp présidentiel. 

Emmanuel Macron a fustigé mercredi soir "le cynisme" et "le désordre" des oppositions, accusant la gauche de s'être mise "main dans la main avec le Rassemblement national. 

Une "insulte", et des propos "indignes" ont répondu les députés de gauche. 

"Une motion de censure, c'est pas une feuille de route pour gouverner, c'est un motif de censure", a également rétorqué le député RN Jean-Philippe Tanguy. 

"Si on a fait une motion c'est pour faire tomber le gouvernement, pour qu'elle passe il faut que le RN et les LR la votent", a jugé un député LFI. "Mais si on le fait à chaque fois et qu’on est les seuls (à gauche) à la voter c'est un problème. On ne veut pas nourrir un récit de la division". 

"Vous ne pouvez pas contrôler le vote du Rassemblement national (...) La prochaine fois, la leçon c'est qu'on fera une motion de censure qui sera invotable par le RN", a appelé jeudi l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot. 

"Il faut peut-être maintenant durcir les choses", avait déclaré mercredi Boris Vallaud. 

La motion LFI devrait être débattue lundi. Elle n'a cependant quasiment aucune chance de renverser le gouvernement. Le projet de budget 2023 de la Sécurité sociale serait alors considéré comme adopté en première lecture, et pourra être examiné au Sénat. 


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.

 


Accélérer "l'électrification" de la France: des acteurs de l'énergie mobilisent les parlementaires

Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
Le ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot (G), et le Premier ministre français, François Bayrou, quittent le Palais présidentiel de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 21 avril 2025. (AFP)
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  • Une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées
  • Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique

PARIS: A l'approche d'un débat au Parlement sur la souveraineté énergétique, une vingtaine de fédérations et organisations professionnelles de l'énergie appellent jeudi députés et sénateurs à engager une "véritable rupture dans l’électrification des usages" pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles importées et coûteuses.

"Chaque jour, ce sont 180 millions d’euros qui s’envolent pour couvrir notre consommation d'énergies fossiles – soit plus de 65 milliards d’euros par an versés à des puissances étrangères, parfois hostiles à nos intérêts", selon cette lettre ouverte aux députés et aux sénateurs.

Parmi les signataires figurent l'Union française de l'électricité, des acteurs des renouvelables (Enerplan, France Hydro Électricité, France Renouvelables, SER) et du nucléaire (Gifen, SFEN).

Ils soulignent "l'urgence" d'accélerer "les transferts d’usage vers l’électricité", dans les transports, l'industrie et les bâtiments encore très dépendants des énergies fossiles.

Sur proposition du Premier ministre François Bayrou, l'Assemblée nationale le 28 avril, puis le Sénat le 6 mai accueilleront un débat sur la souveraineté énergétique après 4 ans d'une large concertation pour bâtir la nouvelle feuille énergétique de la France pour la période 2025-2035.

Cette programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) doit mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050 en réduisant la part des énergies fossiles dans la consommation d'environ 60% en 2023 à 30% en 2035.

Ce projet a été approuvé le 27 mars dernier par le conseil de supérieur de l'énergie, et restait à publier le décret. Or l'adoption de cette PPE a été fortement critiquée par des partis allant du centre à l'extrême droite au Parlement, ainsi que par les défenseurs de l'énergie nucléaire, dénonçant un soutien trop important aux énergies renouvelables au détriment de l'atome selon eux.

De nombreux acteurs de l'énergie pressent pour que le décret soit publié au plus vite et appellent à cesser les tergiversations politiques, craignant l'absence de visibilité pour investir et recruter.

"La question n’est pas tant de savoir si l’électricité doit sortir d’un (réacteur) EPR, d’un SMR (mini réacteur), d’un barrage (...) d’une éolienne ou d’un panneau solaire, mais surtout de savoir comment cette électricité, produite intégralement en France et décarbonée, peut se substituer aux énergies fossiles importées", soulignent les signataires.

Le décret sera publié "d'ici à l'été", à l'issue du débat sans vote au Parlement, indiquait début avril le cabinet de la porte-parole du gouvernement Sophie Primas. Le décret pourra faire l'objet "d'éventuelles modifications en fonction des débats parlementaires qui auront lieu lors de la discussion" d'une proposition de loi du sénateur LR Daniel Gremillet. Celle-ci déjà adoptée en première lecture par le Sénat sera discutée à l'Assemblée nationale "la deuxième quinzaine de juin", selon Mme Primas.